Extrémité de la table, près de la table des professeurs

20 minutes de retard, ce n'était pourtant pas si terrible quand on connaissait Julien et son étrange disposition à mettre les profs en rogne ._. . Et malheureusement pour lui, les hormones de femme enceinte d'Azur-Morgan devait la travailler car elle l'avait retenu presque une demi-heure pour une minuscule et inintéressante histoire de plante très légèrement brûlée ._. .

Enfin échappé des serres, le jeune homme avait couru vers la grande salle tandis qu'un seul mot résonnait dans son petit cerveau de crevette, le goûteeeeer ><. Il n'avait apparement ni l'air traumatisé par son enguelade, ni celui d'en avoir vraiment retenu grand chose ...

C'est donc une dizaine de minutes seulement après que Sam se soit fait la réflexion qu'il était en retard que Julien poussa la porte, se dirigeant ensuite du plus long pas qu'il pouvait vers la table des vert et argent.

"Saaaaaaaaaaam ! Goûteeeeeer !"

Après un chaste baiser sur les lèvres de son amoureux, le petit serp s'assit à côté de lui et se servir un croissant qu'il dévora à belles dents.

L'inquiétude avait commencé de se faire une place importante dans l'esprit de Sam qui pensait à sécher l'étude pour chercher Julien. C'est que le petit rose était capable de se mettre dans les ennuis sans les voir venir, et un Julien qui est en retard au goûter, c'est un signe que quelque chose de grave s'est passé. Loupper un cours, une reunion, un entrainement, passe encore mais loupper un goûter, non ! C'est donc alors qu'il se levait que Sam vit enfin entrer son petit ami qui fonça droit sur lui puis sur le croissant qui restait dans un panier. Le couetté reprit place sur son banc et soupira.

"Le jour où tu croquera ton croissant avant mon bisou sera le jour où rien n'ira plus... Tu etais où? J me suis inquiété..."

Serrant son goûter des deux mains, Julien le devorait. Anticipant les problèmes, le 6eme année lui servit un grand verre de jus d'orange et le poussa devant lui.

"Elb est revenue." dit il sans émotions, d'un ton monocorde.

Adressant un grand sourire coquin à son amoureux, le petit serp répliqua :

"Mais ça arrivera jamais ça :d ! Par contre, je pourrais me tromper en embrassant le croissant et en te croquant toi ..."

Avant de répondre à toute question, et puisqu'il avait paré au plus urgent, c'est à dire rassurer son Sam en arrivant, Julien acheva son goûter. En quelques secondes, il ne restait plus rien de son croissant, et le verre de jus de fruit servi par son 6ème année qui fut d'ailleurs récompensé d'un bisou pris rapidement le même chemin.

Enfin rassasié, le serpentard s'assit plus confortablement et histoire de bien finir le tout, se coupa un petit bout de chocolat tandis qu'il répondait à la question de son namoureux :

"Ben j'étais encore en bota, la prof a passé une demi-heure a m'engueulé, juste parce que j'ai voulu vérifier d'une plante si elle était bien ignifuge ... Sauf que c'était pas ça qu'elle avait dit mais vermifuge ... Donc ma vérification a heu ... marché ou pas marché, ça dépent dans quel sens on le prend ._. . Enfin de toute façon elle exagère, y a que ce plant là qui a brûlé, je connaissais le sort pour lancer de l'eau >< !"

Le ton de son petit ami lui fit relever le nez. Oh oh ...

"Elb O_O ? Mais ... Tu le sais depuis quand ? Elle t'a dit pourquoi elle était partie ?"

"Ca me dirait bien pourtant ... t'es dur avec la pauvre prof Arzur-Morgan qui est enceinte jusqu'aux yeux. Tu vas lui faire pondre un prématuré."

Le mug de Sam s'était à nouveau rempli de café et le serpentard le reprit entre ses mains, plutot pour les rechauffer qu'avec un réel désir de le boire. Il avait baissé ses yeux verts sur la surface ondulante du liquide fumant et secoua la tete, faisant glisser les meches qui etaient coincées derriere ses oreilles.

"Non aucune idée... Je ne sais pas pourquoi elle est partie. Je ne sais pas pourquoi elle est revenue. Je ne sais pas pourquoi Mel est revenue en meme temps. Je ne sais pas pourquoi ca me met tellement en colere. Je ne sais pas pourquoi je vais mal comme ça. Je ne sais plus où j'en suis Julien..."

La tasse reposée sur la table ne tremblait plus. Sam se prit le visage dans les mains, comme on respire dans un sac en papier pour se calmer.

"Je crois que tu as raison et que j'ai besoin d'aide... "

Ce faisant, il se leva et glissa sa main dans la poche arriere de son pantalon. Comme iln'y trouvait pas ce qu'il cherchait, ses sourcils se froncerent puis ses levres palirent en meme temps que ses joues.

"j'l'ai perdue.. Putain j l'ai perdue..."

Le carré de chocolat achevait de fondre dans sa bouche et le petit serp se disait que finalement, ce ne serait pas une tranquille fin de journée comme il l'espérait, avec un Saminou dans une de ses bonnes périodes. Il n'était pas complètement stupide non plus, il avait bien noté les phases du 6ème année : un coup sur les nerfs, celui d'après tout à fait fidèle à lui-même, gentil et drôle. Il se doutait bien que le jeune homme n'avait pas suivi son conseil d'aller voir l'infirmier, si pervers paraissait-il, pour essayer de trouver une solution.

"Moi je sais pourquoi rien ne va. Et je crois que tu le sais aussi. Ok, peut-être qu'avant, tu avais des crises de colère de temps en temps. Mais maintenant Sam, tu changes d'humeur comme de chemise, et tes crises elles sont encore plus violentes ! Quand t'es comme ça, c'est pire qu'avant. Même moi ou Lynn on ne sert à rien.

Enroulant ses bras autour de la taille du jeune homme, il posa la tête contre son épaule, continuant à le regarder. Un sourire éclaira son visage restait trop longtemps sérieux pour l'excité de service qu'il était :

"Bien sûr, j'ai toujours raison ..."

Ses bras glissèrent lorsque le 6ème année se leva et il commençait à le rejoindre quand son mouvement s'arrêta en plein milieu, le laissant à genou sur le banc :

"Perdu ? T'es sûr ?? Elle était pleine ?? Tu t'en es servi où la dernière fois ?"

Les mots qu'avaient prononcés Julien avait touché quelque chose dans le coeur de Sam. Il avait senti la lassitude, le decouragement, le sentiment d'inutilité que ses sautes d'humeur avaient fait naître en son serp. Lui qui avait voulu lui cacher les choses pour ne pas le décevoir et le perdre, était en train de s'éloigner de lui, de le perdre malgré lui. Il fallait que ça cesse et c'est pour cela qu'il avait décidé de sortir sa fiole : pour ne plus mentir, ne plus tricher, ne plus faire semblant.

Mais la fiole n'était plus là. Dans sa panique, il se repassait le fil de la journée dans la tete pour essayer de se rappeler quand il l'avait sortie, mais impossible. Tout se melait : la journée et celle de la veille, les jours précédents...

"Je ne sais plus.. non elle est a moitié.. je crois.. mais elle n'est pas vide ça c'est sûr.."

Debout dans l'allée, le couetté regardait nerveusement partout pour trouver l'objet.

"J'en ai pris ce matin.. pis à midi je crois. Non pas à midi, j'ai pas pu... a moins que... rhaaa je sais pluuus! Putain si quelqu'un la trouve et la porte à un prof je suis foutu. Faut que je la trouve. Elle est peut etre restée a serp... "

Sans demander à son serp de venir avec lui, tellement il etait evident que Julien allait le suivre et l'aider, Samuel quitta la grande salle pour gagner les cachots au plus vite.

[salle commune de serpentard]