Extrémité de la table près de la porte

Sterenn ne broncha pas quand Fayt s'installa en face d'elle. Il avait les cheveux bleus et les yeux rouges, certes, mais la jeune fille fréquentait Poudlard depuis trois ans et en avait vu d'autres. Aussi, au lieu de lui adresser un regard stupéfait ou un haussement de sourcil interrogateur, elle lui offrit un charmant sourire, avant de jeter un oeil vers l'entrée, de peur de rater l'arrivée de ses amies et des petits nouveaux. Elle ne lui demanda pas son nom, absorbée comme elle l'était par le ballet des élèves qui rejoignaient les tables attribuées à leur maison. Si Fayt voulait engager la conversation, elle enchaînerait volontiers. Mais s'il préférait garder le silence, ce n'était pas elle qui le forcerait à décliner son identité.

Elle ne connaissait pas le jeune garçon qui s'assit à côté d'elle un bref instant plus tard. Le son de sa voix l'empêcha de rêvasser plus longtemps.

"Hmm...?" marmonna-t-elle, le temps de rassembler ses idées.

Une seconde plus tard, elle souriait.

"Je m'appelle Sterenn"

Mais avant qu'elle n'ait pu ajouter quoi que ce soit, le regard du dénommé Edan tomba sur Fayt... et cette fois-ci, Sterenn fut surprise. Une couleur de cheveux saugrenue pouvait s'expliquer de mille et une façons (un sortilège malheureux, une potion mal réalisée, un caprice de gosse aux conséquences inattendues ou même une teinture moldue) ; la solution du Métamorphage ne lui était pas venue une seule seconde à l'esprit. Peut-être parce qu'elle était peu plausible... mais pas impossible...

Le regard de la jeune fille passa de Fayt à Edan, puis fit le chemin inverse. La réaction du garçon assis à côté d'elle l'avait surprise, et elle était à présent curieuse de connaître la vérité sur l'adolescent qui lui faisait face. Elle les observait donc tous deux avec beaucoup d'intérêt.

Au moment ou Fayt se décidait à parler à la jeune fille en face de lui, un autre garçon s'assis à côté d'elle.Il n'eu pas à attendre longtemps pour apprendre son prénom. Fayt suiva leur début de discussion d'un oeil. Il appris du coup le prénom de la jeune fille qui s'était aussi présentée. Mais Lorsque Edan posa son regard sur le sien, son attitude changea brusquement .
Il se pencha vers Fayt , le regardant avec des yeux vif et excités, délaissant Sterenn comme si il avait trouvé quelque chose de plus attractif.

La question d'Edan le surpris un peu même si il n'en montra rien. La plupart des gens était soit étonné (surtout les moldus) soit indifférent à sa couleur de cheveux et de ses yeux; Edan lui était tout simplement excité et curieux. Il vit que la question avait également éveillé l'intérêt de Sterenn.

*Autant ne pas les décevoir! * pensa intérieurement Fayt

Il regarda Edan et Sterenn.

"Et bien en faite c'est seulement un don partiel. Je l'ai depuis ma naissance. Moi c'est Fayt Asura, je suis en 5e année mais je suis seulement arrivé l'an dernier dans cette école. Et vous deux?"

Etre le point de convergence de tous les regards était loin d'être désagréable. Même si tous se résumaient à deux, c'était plutôt flatteur et Sterenn offrit aux garçons qui l'entouraient un sourire plein de fossettes. Les iris rouges de Fayt ne la perturbaient pas du tout et les questions d'Edan l'amusaient énormément ; il était clair qu'elle n'était pas la seule, à cette table, à compter la curiosité parmi ses défauts.

"Je m'appelle Sterenn Wilson, j'entre en 4ème année. Je suis à Poudlard depuis le début de ma scolarité, je suis donc ici comme chez moi, ou presque" plaisanta la jeune fille.

Ses yeux verts pétillaient de malice.

"Je suis la plus jeune d'entre vous, mais je suis celle qui en sait le plus sur cet endroit !" remarqua-t-elle

Elle enroula l'une de ses interminables mèches blondes autour de son index et ajouta :

"J'appartiens à l'équipe de Quidditch, je suis la gardienne depuis un an. Et vous, vous jouez au Quidditch ? De quelles écoles venez-vous ? C'est drôle que vous ne soyez pas venus à Poudlard tout de suite !"

Après tout, Poudlard était la meilleure école de l'hémisphère Nord, tout le monde savait ça. Peut-être qu'ils venaient de l'étranger ? Sterenn avait entendu parler de Beauxbâtons, en France, mais elle ne connaissait cette école que de nom. Elle ne savait pas du tout si l'établissement fonctionnait comme Poudlard. Et les autres écoles de sorcellerie ? Comment étaient-elles ? Moins bien que Poudlard, forcément, mais encore...?

S'ils n'avaient pas remarqué sa présence, le fantôme, lui, les observait depuis un bout de temps déjà. Il s'était assis en tailleur dans un coin de la Grande Salle, sur le rebord d'une des fenêtres, pour ne pas déranger la Cérémonie de Répartitions : on lui avait bien fait comprendre qu'il ne devait pas faire des siennes cette année.

La table des Lions commençaient à se remplir de plus en plus, la venue de Sterenn et de Fayt le fit sourire. Il les connaissait de l'année dernière, davantage la jeune fille que le garçon aux yeux bleus. C'est cependant l'arrivée d'Edan qui le décida à se mouvoir.

*Tien? Un nouveau à Gryff? Y'a pas l'air d'un première année pourtant... Allons faire connaissance!*

Loïc s'était alors laissé glissé en bas de la fenêtre puis marchait à présent au milieu des élèves, tous plus grand que lui. Son apparence de garçon de 7 ans avait ses avantages, mais aussi ses inconvénients: bien souvent, on ne portait pas attention au gamin, ce qui avait comme résultat qu'il passa à travers plusieurs élèves qui frissonnait à son passage.

"Oh! J'crois que tu t'trompes blondinette... C'est moi le plus jeune ici, et c'est moi qui en sait l'plus d'entre vous 3!" Dit-il, les bras croisés sur la poitrine, flottant derrière Sterenn.

Puis, regardant Edan:

"Alors on a un nouveau qui veut faire sa marque? J'te souhaite bonne chance ouais... J'ai quelques tuyaux pour toi si tu veux!"

Sans un mot de plus, il glissa au-dessus de leur tête puis s'assied près de Fayt. Il lui dit, comme si l'élève lui avait demandé comment s'était passé son été:

"J'commençais à en avoir marre d'l'été... J'sais pas si tu l'sais, mais Poudlard, c'est mort sans élève... Mimi m'lâchait pas en plus, elle devrait se faire des amis..."

Sterenn sursauta en entendant la voix du Gamin ; son premier réflexe fut de plonger une main dans sa poche pour prendre sa baguette (les gens qui s'approchaient sans un bruit dans son dos étaient rarement animés de bonnes intentions) mais interrompit son geste dès qu'elle reconnut le fantôme. A nouveau, son charmant sourire traça des fossettes au creux de ses joues.

"Yo, Gamin ! Je ne peux pas rivaliser, j'avoue... mais tu triches un peu, reconnais-le !"

Elle connaissait plutôt bien le spectre, mais Fayt le voyait visiblement pour la première fois de sa vie ; idem pour Edan, mais ça n'avait rien de supprenant puisqu'il venait d'arriver. La question de Fayt ne lui échappa pas, et elle pouffa derrière son poing.

"J'espère que tu n'auras jamais l'occasion de faire sa connaissance, mon grand ! Mais puisque tu n'es pas une fille, ça devrait aller..."

Sans prendre la peine d'éclaircir ses propos, assez sybillins pour un non-initié, elle se tourna vers Edan pour l'écouter parler de son école... ou plutôt de ses professeurs

"Oh, d'accord..." souffla l'adolescente.

Elle ne connaissait pas Aeneas ; aussi, elle laissa à Fayt le loisir de répondre positivement ou non à la réponse de son voisin et jeta un oeil vers l'entrée. Ils en mettaient, du temps, les p'tits nouveaux ! C'était pas qu'elle avait faim, mais un peu quand même !

Sterenn ne voyait rien de surprenant au fait que personne n'ait jamais demandé son prénom au Gamin. Après tout, interroger les fantômes sur leur vie passée, c'était... impoli, non ? De l'indiscrétion, pure et simple, n'est-ce pas ? Du voyeurisme, presque ! Et puis, c'était cruel. Certains fantômes seraient certainement ravis de narrer leur histoire personnelle si on le leur demandait, mais d'autres pourraient éprouver de la peine. Et Sterenn ne voulait pas causer du chagrin à qui que ce soit, et surtout pas au Gamin. Il n'était pas méchant, comme fantôme, après tout. Moins effrayant que le Baron Sanglant et moins tapageur que l'insupportable Peeves.

Elle allait confirmer qu'elle ne connaissait pas le prénom du Gamin lorsque Edan prit la parole à son tour.

"Si tu veux lire quelque chose sur les mystères de Poudlard, le livre parfait t'attend à la bibliothèque !" lança Sterenn, qui ne voulait pas laisser Edan monopoliser le Gamin. "C'est une sacrée masse de papier, mais si tu as un peu de courage... et un peu du sérieux des Serdaigles... tu arriveras certainement au bout..."

Ce n'était pas drôle si les fantômes servaient tout à Edan sur un plateau d'argent. Il fallait qu'il se débrouille un peu tout seul, non mais !

Sterenn se tourna de nouveau vers Fayt quand celui-ci parla de Quidditch.

"C'est cool, ça ! Et Zachary, il a dit quoi ?"

[Bureau des directeurs, en passant par les toilettes]

Quelques minutes après que la plupart des préfets aient regagné leur table, Zachary s'avança vers la sienne. Une bonne part de son rayonnement dans l'école était due à son attitude, et bien qu'il garda la tête haute, il avait perdu le sourire qui faisait sa réputation, d'où une entrée plutôt discrète. Le visage séduisant était le même mais bien pâle, et ses yeux étaient soulignés de grosses cernes. Le moins qu'on puisse dire, c'est qu'il ne respirait pas la joie.

Avec le maximum de dignité possible quand on a failli s'évanouir dans les escaliers et qu'on s'est vidé du contenu de son estomac dans les toilettes, le jeune homme s'assit de l'autre côté de Sterenn. L'eau froide dont il s'était aspergé l'avait fait retrouver ses esprits et il se sentait un peu mieux, une nouvelle fois, il avait donc refusé que sa brune collègue l'accompagne au dortoir. Elle aurait besoin de lui pour contenir les élèves, les gryffons n'étaient pas réputés pour leur tempérament calme, et quoiqu'en pensent certains individus désagréables, il savait prendre ses responsabilités.

"Salut." Lança-t-il simplement avec un pâle sourire aux quelques personnes qui l'entouraient, ainsi qu'au fantôme. Apparement il arrivait au bon moment, le directeur n'avait pas encore surgi, et il pourrait empêcher Sterenn de faire une boulette quant à ses méthodes de recrutement. Se tournant vers Fayt dont il avait entendu la dernière phrase, il posa simplement son doigt sur ses lèvres. Il avait saisi du coin de l'oeil l'entrée d'un corpulent homme dont il ne doutait pas de la fonction.

"On en reparle plus tard. Si Ani a pas eu le temps je vous laisserai encore quelques jours."

Avec un soupir, il tourna les yeux vers la table des professeurs et la cérémonie de répartition. Soudainement, en observant les quelques élèves qu'il restait, il se souvint de son petit frère. Il allait lui en vouloir de ne pas avoir été là, d'ailleurs le 7ème année le regrettait aussi ... Mais où était-il ? Pas à Serp quand même ??? Non impossible, Benji n'était pas comme ça ... En se penchant, il l'aperçut enfin à quelques places de lui, et poussa un soupir de soulagement. Un petit gryffon de plus dans la famille, ils allaient peut-être lancer une tradition ... Sentant que son esprit recommençait à divaguer, le jeune homme se secoua et ferma les yeux un instant pour se masser les tempes. L'usurpateur comme disait Liberty avait commencé son petit discours. Tout le monde s'était tus, mais il ne doutait pas qu'une fois l'effet de surprise passé, l'agitation de ce banquet de début d'année serait à entrer dans le livre des reccords. Déjà des murmures s'élevaient, et l'imbécile qui croyait pouvoir continuer la répartition lança le nom de la prochaine au milieu du brouhaha montant et des exclamations, voire des cris.

"Ca suffit !" Lança séchement le préfet en haussant le ton à quelques 5ème années hurlant déjà au scandale et à la pendaison pure et simple de Windfall.

La Cérémonie de la Répartition avait déjà commencé, mais Sterenn n'y prêtait pas une attention particulière ; après tout, elle avait déjà assisté à trois d'entre elles (dont une en tant qu'actrice) et regarder un vieux chapeau beugler le nom d'une des Quatre Maisons n'avait rien de bien passionnant.

"Oui... Peut-être..." souffla-t-elle au Gamin, en lui adressant un petit clin d'oeil.

Elle remarqua qu'il avait oublié de leur dire son nom, mais elle se promit de lui poser de nouveau la question un autre jour. La conversation avait glissé sur le Quidditch ; la jeune fille s'apprêtait à faire remarquer, avec bonne humeur, que Zachary avait de toute évidence la mémoire bien courte, lorsque ledit Zachary vint s'asseoir à leur table.

"Zachary !" clama Sterenn, enchantée, en lui offrant un sourire.

Ce sourire était si franc, si large, qu'il ressemblait à un hamac, pendu entre les deux fossettes de ses joues rondes. Un sourire à la fois accueillant, chaleureux et un brin moqueur.

"Tu n'as pas très bonne mine" fit-elle remarquer, mi-taquine, mi-inquiète.

Elle lui aurait certainement parlé de ses méthodes de recrutement peu orthodoxes si un homme bedonnant n'avait pas choisi cet instant pour entrer dans la Grande Salle. Sterenn jeta un coup d'oeil intrigué au nouveau-venu ; son beau sourire se volatilisa.

"C'est une mauvaise blague ?" demanda-t-elle au Préfet de sa Maison.

Elle avait lu des échos de l'affaire dans la Gazette des Sorciers, bien sûr... Mais jamais elle n'aurait pensé que...

"Ce n'est pas possible !" trancha-t-elle.

William Kay, remplacé par cet Oscar Fil... Flan... Finchley ? C'était une mauvaise blague, forcément ! Il était impossible qu'il en soit autrement !

La joie s'était emparée du coeur de Benji lorsque le légendaire Choixpeau avait crié le nom de sa nouvelle maison. La jeune recrue de Gryffondor avait alors bondi au pied du tabouret et couru en direction de la table où les rouge et or l'accueillaient à grand renfort d'applaudissements et de sifflets, comme s'il venait de marquer un but dans un match de Quidditch. (Les descriptions nombreuses et détaillées de Zach sur ce sport passionnant donnaient parfois à Benji l'impression de l'avoir lui-même pratiqué toute sa vie).
Son premier réflexe fut de chercher Kenny, (non, à vrai dire ce fut son deuxième réflexe car le premier fut de se tenir à distance de l'entité flottante qui ressemblait beaucoup trop à l'idée qu'il se faisait d'un fantôme pour ne pas l'inquiéter un peu) mais au milieu de la foule des élèves agités tous plus grands que lui, difficile de repérer la petite tête à casquette. Pas plus que la grande tête à claques de son frère d'ailleurs ... ><
Quelques minutes plus tard, il avait pris place au hasard au milieu d'un groupe de grands et se tenait étrangement calme, quelque peu intimidé. Pour autant, il n'accueuillait pas les nouveaux répartis de Gryffondor avec moins d'enthousiasme que ses camarades plus anciens. Lorsque le Choixpeau envoya Alice parmis eux, il cria un "YEAH BRAVO !" clairement audible malgré l'accueil bruyant des Lions.
Quelques minutes s'écoulèrent encore, et il y eut comme du changement dans l'atmosphère. Des retardataires arrivaient, parmis lesquels, l'aîné des Cornwell ... qui n'avait pas bonne mine Est-ce qu'il était malade ? Ensuite, Benjamin se fit la réflexion qu'on entrait ici comme dans un moulin, car un gros monsieur entra encore à la suite des préfets. Il n'avait pas l'air particulièrement amical, mais il était comique avec les boutons de son veston qui menacaient de sauter. L'homme commença à parler, mais les discours n'avaient jamais vraiment intéressé Benji. Lorsqu'il se retourna vers son frère pour lui faire signe et lui annoncer avec fierté sa maison, celui-ci avait malheureusement disparu. En revanche, la jolie Préfète brune avec qui il avait partagé sa barque avait pris place non loin de lui. Sans vraiment remarquer les murmures choqués divers autour de lui, ni l'agitation qui s'emparait de la Grande Salle, il se pencha sur la table pour se faire remarquer de la Préfète qui venait de se présenter à Alice.

"Salut Syl ! (Je peux t'appeler Syl ?) T'es jolie, ça m'étonne pas que tu sois la petite copine de mon frère ! " s'exclama le petit Gryff qui avait visiblement tendance à prendre ses délires pour des réalités.

Il n'avait pas terminé sa phrase qu'une voix aigüe de fille en colère, pourtant provenant de l'autre bout de la Grande Salle, lui transperça les tympans. Et puis, tout le monde se mit à hurler, sans explication apparente.

"C'est quoi ce délire ? Pourquoi tout le monde s'énerve comme ça ?"