La lumière décrut soudain.
Malgré l’heure « tôtive » de ce tout début d’après-midi, la nuit semblait survenir, envahissant tout sous son voile d’obscures intentions. Le vent était tombé, silencieuse mort, et tout semblait suspendu. Devant la porte du château, le grand serdaigle n’avait visiblement rien remarqué et il cognait à la porte. L’écho de ses coups étaient les seuls sons audibles dans le parc.
Jusqu’à ce bruissement dans les buissons.
Jusqu’à cette longue plainte qui monta soudain de la plus proche lisière de la forêt.
Jusqu’à ce halètement qui venait de la direction des marais aux lucioles.
Le japonais s’était retourné, guettant la sombre épaisseur du sous-bois. A peine avait-il reporté son regard sur les portes qui restaient obstinément fermées, qu’une silhouette sortit de l’ombre. Noire et dégoulinant d’un fluide épais, elle s’avança sur l’herbe. On ne voyait pas ses pieds, elle semblait flotter dans une obscurité grandissante et glisser vers les marches sans toucher la pelouse. Des mains livides aux ongles noirs de terre dépassaient des manches détrempées et de longs cheveux noirs pendaient devant le visage qu’on distinguait à peine.
Puis l’être innommable fut au pied des marches et là, il se mit à ramper. La longue robe noire s’accrochait aux marches de pierres, laissant apparaitre des jambes à la chair marbrée de longs filets violacés. Gémissant, le visage de noyée se révéla entre les longues mèches vaseuses et sa main s’agrippa à la cheville de l’étudiant alors que la voix d’outre tombe entonnait sa terrifiante plainte.
« ILS sont sortis des marais … ILS arrivent … Fuis, pauvre fou ! »
Et Colyne s’effondra. La main qui tenait la cheville de Takehiko était inerte sur le marbre blanc.