La salle des trophées

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C'était le lendemain de la rentrée, au petit matin. La petite préfète de Serdaigle avait eu une nuit assez courte, car la veille, les discussions étaient allées bon train dans la Salle Commune jusqu'à relativement tard dans la soirée. Pourtant, elle avait été réveillée bien avant le lever du jour par une suite de rêves sans queue ni tête dont elle avait tout oublié dès l'instant où elle avait ouvert les yeux. Comme beaucoup d'élèves dans ce château, peut-être même un peu plus que la moyenne, les changements annoncés pour cette année scolaire l'avaient plongée dans un état de nervosité difficile à définir : stress, tension, excitation, colère, appréhension ? Ou encore tout ça à la fois ? Toujours est-il qu'il en résultait une Liberty encore plus électrique qu'à l'accoutumée.
Après avoir longuement tourné dans son lit sans parvenir à retrouver le sommeil, elle avait abadonné tout espoir de se rendormir et avait pris la direction de la salle de bain avant d'en ressortir en uniforme. Elle enfila pour finir sa veste de sport émeraude à l'effigie des Kenmare Kestrels, son équipe de Quidditch préférée, et pris la direction de la Grande Salle.
A cette heure-ci, les couloirs étaient déserts. Très peu de personnes se levaient aussi tôt, et il était même possible que le petit déjeuner ne soit pas encore servi.
Sans vraiment s'en rendre compte, Liberty avait prit un détour. Sûrement ses jambes avaient-elles décidé de leur propre gré d'allonger le chemin car le petit corps de la Préfète semblable à une pelote de nerfs avait besoin de se défouler.
Etait-elle arrivée devant la salle des Trophées totalement par hasard ou avait-elle été guidée par un désir inconscient ?
Machinalement, la jeune fille entra dans la pièce. Elle fut quasiment éblouie par toutes ces vitrines miroitantes. D'un regard, elle reconnut quelques noms célèbres d'anciens élèves de Poudlard. Certains étaient mêmes de brillants élèves pas beaucoup plus âgés qu'elle qui avaient fréquenté l'école peu de temps auparavant. Mais elle réalisa qu'elle cherchait quelque chose : que le nom de William Kay apparaisse quelque part. Avait-il, dans sa jeunesse, été cette sorte de héros qu'elle voyait en lui aujourd'hui ?
Se retournant vers une vitrine près de celle qui renfermait de nombreux trophées de Quidditch, éclairée par enchantement de l'intérieur par une pâle lumière blanche, elle put remarquer des plaques de bronze, d'argent, et même d'or pour les plus anciennes, récompensant quelques valeureux sorciers pour leur courage, leur loyauté ou encore leur génie. Ces personnes avaient dû être importantes dans leur temps, et Liberty se surpris à essayer d'imaginer ce qu'ils avaient pu faire pour mériter une plaque en leur honneur. Et quelque part, dans un coin de son esprit, s'esquissait la forme d'une plaque identique à celles qui reposaient dans la vitrine, gravée de son nom et de la mention "pour sa loyauté envers sa chère école".

Alors qu'il passait les portes du hall, toujours en petite foulée, l'horloge gigantesque du château sonnait tout juste 7h00. Gaëlys s'était levé comme d'habitude à 6h15 et était sorti courir comme d'habitude. le soleil brillait timidement entre deux nuages, le parc s'éveillait doucement sous une fine rosée, les oiseaux chantaient comme d'habitude. Comme d'habitude aussi, il avait croisé Samuel qui lui avait, comme d'habitude, proposé sur le ton de la plaisanterie d'aller poursuivre leur entrainement dans un coin plus discret, proposition que le poufsouffle avait, comme d'habitude, refusée en riant. Comme d'habitude, il n'y avait que quelques élèves dans la grande salle et comme d'habitude ses pas résonnaient sourdement dans le hall désert.

Tout était donc comme d'habitude.

Sauf qu'il était maintenant préfet.
Sauf qu'il ne pensait pas faire une huitième rentrée à Poudlard.
Sauf que le rire de William Kay ne résonnerait pas aujourd'hui dans les couloir de l'école.
Sauf que des premières années, excités de commencer leurs études dans la si prestigieuse école dévalaient les escaliers.
Sauf qu'une silhouette familière attira le regard du Poufsouffle.

*Liberty?...*

Intrigué de voir la serdaigle si tôt levée, Gaëlys lui emboîta le pas. Qu'allait elle donc bien faire par là... Il n'y avait rien par là si ce n'est...

La salle des trophées. La jeune fille avait disparu de son champs de vision mais la porte de la dite salle était entr'ouverte. Repoussant de sa main ses meches trempées de sueur, le capitaine des Wild Badgers la franchit à son tour.

La salle n'était pas très grande, et il trouva bientôt la blonde attrapeuse, le regard perdu dans une vitrine. Elle se tenait devant lui, une vitrine les séparait. Il la voyait à travers le verre qui atténuait la lumière et les détails, la rendant vaporeuse, plus belle encore. D'un toussotement, il lui signala sa présence tout en contournant le pilier de verre.

"Des envies de gloire?" En quelques pas, il l'avait rejointe. "Qu'est ce qui peut amener une préfète dans un tel endroit si tôt le matin? Si c'était un rendez vous, tu as oublié de m'envoyer ton hibou Une chance que je sois passé par là "

Pendant que les trophées exposés dans la vitrine lui faisaient miroiter de beaux rêves, Liberty n'avait pas réalisé qu'elle n'était plus seule dans la pièce. La voix de Gaëlys la fit légèrement sursauter, et elle se retrouva face à lui, tous deux séparés par la vitrine qui rendait trouble la vision du jeune homme. Même à travers le verre et derrière un halo de lumière pâle, le charme vélan opérait.

"Hey ^_^" lança Liberty à son attention, se tournant vers Gaëlys qui l'avait rejointe. "J'arrivai pas à dormir, alors je suis sortie faire un tour. C'est dingue, j'avais jamais remarqué qu'il y avait autant de sortes de distinctions différentes. Il y a même un gars qui a reçu une récompense pour avoir aidé le calamar géant à mettre à bas* en 1929 ! Je savais pas que le calamar était une femelle oO"

Son index désignait l'une des plaques qu'elle était en train d'admirer un instant auparavant, mais son regard, lui, était porté sur Gaëlys. Elle observa un instant ses mèches blondes collées sur son front encore légèrement brillant et sa tenue de sport qui laissaient présager qu'il revenait de son jogging quotidien. Comme il venait de le dire, c'était une chance qu'il soit passé par là, il n'était pas aussi mignon en uniforme.

"Désolée de te décevoir Lylys, mais ce n'était pas un rendez-vous. Mais si tu veux on peut faire comme si "



[*Les sciences naturelles c'est pas mon rayon, alors je ne sais pas si un calamar est capable de "mettre à bas" dans la vraie vie, mais là c'est un calamar géant, et de toute façon on n'est pas dans la vraie vie ! ]

"J'avoue ne jamais m'être attardé ailleurs que sur les vitrines de Quidditch. Le calamar tu dis?"

Gaëlys lut la plaque que le doigt fin à l'ongle soigné de la préfète montrait comme on accuse. La culpabilité ne semblait pourtant pas ternir l'éclat de la dite plaque qui brillait derrière sa vitre comme une jeune actrice le soir d'une première. On avait bien aidé le calamar géant à faire naître ses petits mais rien n'était écrit de plus que le nom, un certain Edward Koonst. Le préfet qui s'était baissé un peu pour réussir à lire, se releva souplement.

"Je ne savais même pas qu'il y avait plusieurs calamars... en plus je croyais que ça pondait des oeufs les calamars... En fait je suis nul en calamar °_°"

Ce constat fait, le poufsouffle se passa une main dans les cheveux, les ébourrifant un peu plus si c'était possible. Devant lui, la préfète des aigles brillait presqu'autant que la plaque. Il rit doucement à la réflexion de Liberty et secoua la tête.

"Ah non pas possible, si je devais avoir un rendez vous avec toi je voudrais être un peu plus présentable et sentir un peu moins fort ._. La sueur c'est viril mais y'a des limites hein? ... Quoique si tu continues à porter cette... chose... "

Il souleva doucement le col de la veste des Kenmare, faisant allusion au match qu'ils avaient été voir tous les deux plus tôt dans l'été. La jolie demoiselle avait été très déçue de voir son équipe favorite s'incliner et il l'aurait bien consolée en la prenant dans ses bras s'il n'avait pas été si empoté. Il l'avait regretté tout l'été et s'était juré de ne plus jamais laisser passer une occasion pareille.
Cornwell lui, n'aurait pas hésité....
Il passa donc son bras autour des épaules de la jolie attrapeuse et la serra un instant contre lui.

"Il faut que tu te fasses à l'idée qu'ils ont perdu le championnat tu sais ?"

Penser au Gryffondor, et à sa tête de condamné de la veille, lui avait fait revenir la cérémonie de la répartition à l'esprit.

"Tu ne réussissais pas à dormir? Le stress de la rentrée?" et de but en blanc il ajouta, un ton plus bas, comme si c'était un enchainement logique,"Qu'est-ce qu'on va faire pour monsieur Kay?"

Un sourire se dessina sur le visage de Liberty tandis que Gaëlys divagait sur les calamars. Elle faisait distraitement glisser son index contre la vitrine immaculée dont la pâle lumière les éclairait, s'amusant de l'ombre légère que provoquait sa main sur le visage du Poufsouffle. Sans qu'elle n'ait vraiment compris pourquoi, Gaëlys s'était approché pour soulever le col de sa veste, et Liberty se sentit sursauter légèrement. Elle était sur le point de dégager la main du jeune homme d'une tape en s'offusquant de le façon dont il avait osé traité sa précieuse veste, quand elle se sentit tout à coup serrée contre lui. Incrédule, elle leva des yeux écarquillés vers ceux de Gaëlys, d'un bleu tout aussi intense que les siens. Dissipant bien vite sa surprise -son expérience d'Attrapeuse lui valait de bon réflexes, à savoir ne jamais laisser passer une bonne occasion lorsqu'elle se présentait à elle, aussi bien sur le terrain que dans la vie- elle passa son bras autour de la taille de Gaëlys.

"Mais va te faire voir, t'es juste jaloux parce que mon équipe a la classe et pas la tienne !" renchérit-elle de bon coeur.

Mais alors qu'elle n'imaginait être plus surprise ce matin que par le geste affectueux peu commun au Gardien de Wild Badgers, Liberty se recula d'un pas pour fixer Gaëlys en battant des paupières d'un air incrédule, comme si elle le soupçonnait d'être en train de plaisanter.
"Qu'est-ce qu'ON va faire ...?" C'était sûrement la chose le plus touchante qu'il lui avait jamais dite. Liberty n'aurait pas été aussi ravie si Gaëlys venait de l'inviter à assister à une finale de coupe du Monde dans la loge d'honneur (bon d'accord, presque autant), et elle regardait maintenant le jeune homme comme si c'était la première fois qu'elle le voyait.

"On va se faire entendre ..." commença Liberty d'une voix lente, comme si elle hésitait à aller plus loin dans sa pensée. "Nous aussi s'il le faut on fera assoir tout le monde à l'aide d'un sortilège, mais au Ministère cette fois ..."

Elle marqua une pause en se pinçant les lèvres. Il était très clair qu'elle n'avait pas fini et qu'elle n'était pas sûre de ce qu'elle devait dire ensuite. Mais elle s'y risqua quand même.

"Gaëlys." (Notez qu'elle l'appelle rarement pas son prénom.) "On est des Préfets, et je sais que c'est important pour toi d'avoir un dossier béton cette année ... Mais si moi et d'autres contestataires, et je sais qu'il y en a, on se lance dans un projet ... comme une grève par exemple ... tu marcherais avec nous ?"

[Incruuuuustation ]

Melusine n'avait quasiment pas dormi de la nuit. Après être sortie de la Grande Salle elle avait longuement marché dans le château avant de rejoindre son dortoir et de s'entourer des rideaux de son lit pour être seule. Et puis la colère avait laissé place au désespoir et elle avait pleuré sans pouvoir s'arrêter. Elle était finalement tombée d'épuisement.

Très tôt pourtant elle s'était levée et avait eu une idée folle et surtout stupide. Qu'importe il fallait qu'elle le fasse. Elle n'avait plus que cette idée en tête. Et cela commencerait par la salle des trophées.

Avec un air de zombie, elle avait quitté Serpentard et s'était dirigée vers le point de départ de sa folie sans se préoccuper des fantômes et tableaux qui ouvraient un oeil endormi en la regardant passer avant de sombrer à nouveaux dans un sommeil agité. Il lui fallait faire vite car elle recevrait certainement une convocation dans le bureau de l'usurpateur.

Elle poussa donc la porte et la referma sans vraiment faire attention au bruit qu'elle fit en claquant. Elle mit quelques secondes à se rendre compte que la salle n'était pas vide de vivants. Elle cilla plusieurs fois, comme si ses yeux rouges avaient besoin d'une mise au point pour comprendre ce qui se passait. Elle vit deux chevelures blondes et son coeur rata un battement lorsqu'elle crut voir la queue de cheval virevoltante de William. S'ils avaient pu, ses yeux auraient laissé échapper quelques larmes. Mais non, ce n'était que Gaelys et Liberty.

La Serpentarde ne s'excusa pas de les avoir dérangé et se détourna en sortant sa baguette. Indifférente au fait que les préfets la dénonceraient certainement, elle tapota les vitrines et les médailles de sa baguette, changeant le nom de chaque "héros" de Poudlard pour celui du directeur disparu.

Pour la première fois depuis qu'elle connaissait Gaëlys, Liberty fut troublée face au gardien de Poufousffle. Lui d'habitude si calme, si réservé ... Jamais elle n'avait imaginé qu'il puisse un jour lever la voix sur elle, et fut tellement destabilisée qu'elle ne sut comment réagir. Plusieurs fois elle tenta de se justifier, coupant Gaëlys de faibles "mais je", "attends" et autres "c'est pas ce que", couverts par la voix du jeune homme qui semblait trop furieux pour entendre ses vaines protestations.
La culpabilité s'empara de Liberty, accompagnée par une inconvenante et soudaine attirance pour le Préfet à l'ascendance vélane. Liberty était certaine que les (nombreuses) admiratrices de Gaëlys qui le dévisageaient honteusement sous n'importe quel prétexte ou qui le démunissaient de ses vêtements de Quidditch en pensée, aucune d'elles ne l'avait jamais vu comme elle le voyait en ce moment, et cela lui donna en quelques sortes l'impression d'être une privilégiée.
Mais restait qu'elle avait, de toute évidence, blessé Gaëlys. Elle tenta maladroitement de s'expliquer.

"C'est pas ce que je voulais dire !" s'exclama-t-elle lorsqu'enfin il se tût après une dernière phrase qui porta à Liberty comme un coup au coeur. "Simplement j'ai pensé que tu opterais pour la paix et ... enfin que tu te montrerais raisonnable ..."

Dans son empressement à vouloir s'excuser, elle attrapa la main de Gaëlys et la serra entre les deux siennes.

"Peu importe, je suis désolée !"

Au même moment, un claquement de porte. Liberty sursauta, lâcha vivement la main de Gaëlys et se tourna vers la porte où une fille, dont elle ne reconnut pas la silhouette atténuée derrière les vitrines comme dans un brouillard, venait d'entrer. Elle ne sembla pas prêter attention à eux, mais Liberty, intriguée, contourna la vitrine derrière laquelle elle s'était glissée.

"Mélusine ? Mais qu'est-ce que tu fais ?"

La Serpentard avait les yeux rouges, comme si elle avait pleuré, et semblait pâle et fatiguée. La pauvre faisait peine à voir. Elle semblait plongée dans une sorte de frénésie et lançait en chaîne des sorts sur les vitrines, dont Liberty ne comprit la nature jusqu'à ce qu'elle ne pose ses deux mains sur les vitrines en approchant son visage pour en contempler le résultat.
William Kay, pour ses brillantes prédictions, 1941. William Kay, meilleur Préfet-en-Chef, 1956. A la mémoire de William Kay, qui fut un talentueux joueur de Quidditch, 1974. William Kay, fondateur de la R.I.T.M., William Kay, infirmière de courage, William Kay, protecteur des Dragons en voie de disparition, William Kay, élue Miss Poudlard en 1992, William Kay, vaincqueur du Tournoi des Trois Sorciers ...
Le nom de William Kay était partout. Liberty resta un instant bouche bée. Est-ce que Mélusine était folle ?? Non, ce geste insensé était simplement un cri de protestation. Touchée, Liberty ne put cependant se résoudre à la laisser faire.

"Arrête !" s'exclama-t-elle tout à coup, se plantant face à Mélusine afin de lui couper la route. Avec la vitesse de l'Attrapeuse qu'elle était, elle bloqua la baguette magique de Mélusine dans sa main, et de l'autre, elle serra l'épaule de la Serpentard, comme pour la ramener à la réalité. "Calme-toi, ça ne sert à rien de faire ça ! Ce n'est pas comme ça qu'ils nous le rendront !"

Il avait bien remarqué que Liberty essayait de parler mais emporté par son énervement et son monologue, Gaëlys ne l’avait pas laissé s’expliquer. Lorsqu’il eut fini, elle lui attrapa la main. Comme si ce simple geste avait suffit à désamorcer ce qui grondait en lui, il sentit soudain sa colère retomber, suivie d’un sentiment de culpabilité. Il n’avait jamais parlé comme ça à aucune fille, aux gars de son équipe parfois mais jamais aux filles. Il avait toujours vis-à-vis d’elles une certaine retenue. Gaëlys s’en voulait de ne pas s’être contrôlé. Il aurait du lui répondre sans hausser la voix, sans partir en vrille comme ça au quart de tour, surtout à Liberty.
…
A moins que ce soit justement parce que c’était Liberty qu’il avait dérapé. Cette fille avait le don de lui faire perdre les pédales. Si quelqu’un d’autre avait mis en doute sa loyauté, nul doute qu’il aurait souri ou ignoré…. Mais il ne supportait pas qu’elle eût cette idée de lui.

Alors qu’il allait répondre à ses excuses par les siennes, quelqu’un entra à son tour dans la salle des trophées. Décidément, c’était pire qu’un moulin ! Liberty l’avait lâché et avait rejoint la nouvelle venue.
Mélusine ?
Qu’est ce qu’elle pouvait donc fabriquer là si tôt ? Le vélane rejoignit Liberty en contournant la vitrine par l’autre côté et la trouva qui essayait de bloquer la serpentard. Ses prunelles bleues n’eurent qu’à lire deux inscriptions pour comprendre.
Occupé par Samuel et Sébastien lors de la cérémonie, l n’avait pas suivi ce qui s’était passé aux autres tables mais avait quand même vu l’agressive serpentard se faire exclure du banquet. Ce qu’elle faisait était dans la continuité de son éclat de la veille pourtant la jeune fille avait perdu toute sa hargne et c’était un immense désespoir qui se lisait dans ses yeux et qui transparaissait dans la lenteur de ses gestes.

« Liberty a raison, tu… On n’arrangera rien comme ça. »

Délicatement, il lui retira la baguette de la main. La réaction de Mélusine le surprenait beaucoup. Jamais il n’aurait cru qu’elle était si attachée à leur ancien directeur. D’un coup de sa baguette, il annula les sorts qu’elle avait lancé sur les trophées et ajouta :

« Viens, sortons d’ici, on va aller prendre un petit déjeuner et parler un peu de tout ça… »

Il tourna son regard et la fixa d’un regard bien plus doux tout en continuant de s’adresser à Mélusine qu’il emmenait doucement vers la sortie, un bras autour de ses épaules.

« …Liberty et moi parlions justement de ce que nous allions faire pour essayer de faire revenir Monsieur Kay. Tu pourrais peut être nous aider… »

Il ouvrit la porte et sortit avec elle de la salle des trophées.

Telle une poupée vaudou dans laquelle on aurait pas encore planté de clous, Melusine se laissa désarmer par Liberty et Gaelys. Elle baissa les yeux, laissant ses cheveux bruns couvrir son visage. Lentement, elle se laissa guider à l'extérieur de la salle des trophés par ses camarades. Les paroles de Gaelys entrèrent dans son cerveau mais ne percutèrentpas immédiatement. Marchant dans le couloir, elle mit quelques minutes à se reprendre et elle redressa soudainement la tete. Un sourire carnassier se glissa sur ses lèvres.

- On va lui faire sa fête à ce gros tas!

Elle se tourna successivement vers les deux préfets. Avec ces deux-là, les choses seraient surement plus faciles à mettre en place.

- On va lui faire regretter d'avoir pensé envisager devenir un jour peut etre directeur de Poudlard.

Ayant retrouvé tout son esprit combatif, Melusine attrapa la poulette et le blaireau par la main et marcha d'un pas féroce jusqu'à la grande salle. Il fallait qu'ils prennent des forces pour mettre au point un plan d'attaque. A cet instant, on eut pu se demander si Melusine Zarazir était vraiment à Serpentard et non à Gryffondor, son attitude de lion enragé contrastant avec le caractère rusé et réfléchi des héritiers de Salazar.

[C'est court je sais T_T. On continue dans la grande salle?]

[je continue à la grande salle, sinon j vais faire un post de 3 lignes... ]

=> Grande Salle / Milieu de la table de Serpentard

[> salle de bains des préfets / Baguette VS Sam ]

Au moins dans cette fichue salle des trophées il n’y aurait personne vu qu’il n’y avait jamais personne. Poussant un soupir à fendre l’âme, Samuel poussa la porte qui se referma avec un clic. Là, enfin seul, il pouvait arrêter de raser les murs, il pouvait même enlever sa capuche. Ce qu’il fit. Quelques éclats d’or renvoyés par les innombrables coupes accrochèrent ses cheveux avant qu’il n’y passe la main, laissant glisser ses mèches entre ses doigts. Ses cheveux qui n’étaient pas attachés, et qui glissèrent trop vite entre ses doigts. Ses cheveux qui de toute façon ne pouvaient plus être attachés. Ses cheveux courts …

La catastrophe datait d’à peine quelques heures mais il avait eu l’impression que la fin d’après midi avait duré des heures et des heures tandis qu’il évitait les gens, les regards, les « oh t’as vu ?! »
Les recherches à la bibliothèque avec Syl n’avaient rien donné et la bibliothécaire les avait mis dehors manu militari quand il s’était emporté parce qu’elle ne voulait pas les laisser accéder à la réserve. Il faut dire que la traiter de vieille chouette coincée du cul n’avait pas aidé à ce qu’elle coopère. Syl était partie prendre son tour de garde des gosses de Rogue et lui avait erré dans les couloirs les plus sombres pour atterrir ici et réfléchir.

Un regard dans une vitrine lui fit apercevoir son reflet et il s’en approcha, observant le rendu de sa nouvelle coupe de cheveux. Il savait bien au fond de lui que c’était débile de se mettre dans un état pareil pour si peu, que ses cheveux repousseraient vite. Mais rien à faire… Ca bouillonnait en lui et c’est d’une main rageuse qu’il essuya ses yeux mouillés en pestant :

« Cracmol de merde… O_O Merde ma baguette ! »

Avec tout ça il l’avait oubliée ! Il la revoyait rebondir dans le miroir, rouler et.. Plop dans la gigantesque baignoire-piscine de la salle de bains des préfets. Ni une ni deux, Sam se précipita vers la porte, la tira et la franchit pour se retrouver propulsé vers l’intérieur après un chtong violent. Il avait rebondi contre quelqu’un’ qui visiblement voulait entrer dans cette salle où personne ne venait jamais. Le cul sur les dalles, Sam releva ses yeux verts furibonds.

Hiyo soupira intérieurement. Il marchait dans les couloirs déserts depuis une bonne heure, sa ronde habituelle pour envoyer au lit les derniers retardataires ou ceux qui tentaient sciemment de braver l’extinction des feux. Sauf que ce soir sa zone de patrouille était désespérément vide. Il n'aimait pas spécialement rappeler les gens à l'ordre, mais il devait avouer que cela rendait son travail un peu moins monotone, surtout quand il était fatigué comme ce soir.

Le déroulement de la journée lui revint en mémoire. Métamorphose, Botanique, Défense et Histoire. Journée chargée. Les cours de dernière année laissaient peu de place au repos et Hiyo ne pouvait s'empêcher de réfléchir au devoir d'Histoire de la Magie qu'ils avaient à rédiger pour le lendemain. Il avait déjà l'introduction en tête, et le plan de la dissertation. Cela lui ferait gagner un peu de temps sur la rédaction quand il rentrerait au dortoir, en plus de lui occuper l'esprit pendant qu'il marchait.

Il arriva près de la Salle des Trophées et jeta un oeil vers la porte, hésitant quelques secondes. Il n'y avait jamais personne par là, est-ce que ça valait vraiment le coup qu'il aille vérifier ? La bataille intérieure entre sa flemme et son sens du devoir ne dura comme d'habitude pas bien longtemps et il se dirigea vers la porte. Il tendait la main vers la poignée lorsqu'elle s'ouvrit toute seule plutôt violemment et que quelque chose le percuta de plein fouet. Il recula d'un pas sous l'impact avec un "Ouf !" d'air subitement expulsé des poumons et seuls ses réflexes lui permirent de ne pas se retrouver le cul par terre.

La douleur dans sa poitrine ne tarda pas à se faire sentir et le jeune homme baissa les yeux en se frottant le torse d'une main vers ce qui avait failli le faire tomber.

"Tiens, Samuel ?"

Il ne remarqua pas tout de suite le changement dans l'apparence habituelle du Serpentard, se focalisant plutôt sur les causes de la présence du blond à cet endroit et à cette heure indue.

"Ça va ?" sur un ton concerné, puis : "Qu'est-ce que tu fais ici à cette heure ?" d'une manière légèrement réprobatrice.

D’abord, il ne vit rien de plus qu’une grande silhouette noire se découpant dans l’ombre grise du couloir. Une silhouette aux épaules larges, aux cheveux courts : Rogue. Et voilà, c’était bien sa veine -_- Quoique avec Rogue il y avait quand même plus moyen de parlementer qu’avec Baker !
Samuel s’était relevé et allait commencer à s’expliquer quand la voix de l’autre en face le prit de court. Ce n’était pas Rogue. C’était un élève. Le regard du Serpentard se refit agressif et il eut tot fait de répondre au ton de reproches avec lequel il lui avait posé sa question.

« Oui Samuel, quoi Samuel ? C’est bon j’ai encore pas besoin d’une nounou ! Pis ça va pas de foncer comme ça dans les gens ? T’as pas autre chose à foutre de ta vie ? Allez pousse-toi de là que je… »

La main qui s’était appuyée sur le torse du garçon, aplatissant sa cravate contre les boutons, s’arrêta dès que la lumière de la salle éclaire le fameux élève alors que celui-ci avait fait un pas en avant. Hiyo Sakumaru. C’était le préfet de Serdaigle qui se trouvait là. Samuel avait sa main posé sur le cœur de Hiyo et il la retira vite fait, comme s’il avait été de feu ou de glace, puis avait reculé d’un pas en rougissant vivement.

« Ah.. Salut… … Je t’ai fait mal ? … Ben rien, enfin… j’ai .. j’ai perdu ma baguette et j’allais essayer de la récupérer»

L’ex-couetté en avait oublié son statut de fraichement rafraichi de la nuque. Ce n’est qu’en évoquant sa baguette que le souvenir de ses mèches au sol refleurit dans sa tête. Rapidement, il rabattit sa capuche sur sa tête histoire de cacher sa coupe ridicule, sa pas-douétude en sortilèges et sa honte grandissante aux yeux du beau jeune homme étoilé. Il le contourna en serpentant entre lui et l’encadrement de la porte.

« J’en ai pas pour longtemps, je rentre tout de suite après ! » Et il l’aurait réellement fait si le préfet ne l’avait retenu par la cape, faisant retomber la capuche ample sur ses épaules.

Les sourcils du Serdaigle se froncèrent imperceptiblement sous les invectives de Sam. Il s’apprêtait à répliquer vertement lorsque le ton de l'ex-couetté s'adoucit soudain. Surement l'effet préfet. Hiyo se détendit légèrement, tout de même vaguement vexé, et lissa machinalement sa chemise et sa cravate lorsque Sam laissa retomber sa main.

"Ça va." répondit-il simplement sur un ton un peu sec en écoutant les explications du jeune homme. Explications qui soit dit en passant n'expliquaient pas du tout ce qu'il fichait dans la Salle des Trophées à cette heure là alors que sa baguette ne s'y trouvait manifestement pas.

Et quelque chose clochait. Il n'arrivait pas vraiment à mettre le doigt dessus mais Sam lui paraissait différent. Il devait être fatigué, sans doute. Lorsque le Serpentard rabattit vivement sa capuche, il eut comme une illumination. Il y avait un truc avec ses cheveux... Le questionnement existentiel disparut cependant immédiatement lorsque Sam essaya de se faire la malle. Comme s'il allait le laisser filer comme ça. D'un geste vif, il l'attrapa par la cape pour le stopper dans sa fuite.

"Hé, où tu crois aller comme ça, Gamegie ?" lança-t-il.

La capuche retomba et Hiyo hocha mentalement la tête. Oui c'était les cheveux. La couette du couetté avait disparu. Ça rendait bizarre... Pas forcément laid, bien que la coupe soit un peu inégale, mais voir Sam cheveux quasi courts c'était inédit. Il rangea l'information dans un coin de son crâne, ce n'était pas le sujet de préoccupation principal.

"Tu sais ce que c'est le principe d'un couvre-feu ? C'est pour que les élèves ne se baladent pas la nuit dans les couloirs. J'irai chercher ta baguette et je te la rendrai demain, et toi tu rentres directement chez les Serpentards."

Le ton n'était pas désagréable, mais strict. Il désigna ensuite de la main la coupe inédite du blond et demanda sur une intonation vaguement amusée :

"C'est la nouvelle mode ?"

Son pied n’avait pas atteint les dalles du couloir que déjà Sam faisait une marche arrière forcée, le col de sa cape s’enfonçant dans sa gorge avec force, l’empêchant un instant de respirer. Pour le retenir, Hiyo avait choisi de l’étrangler. Les préfets n’étaient plus ce qu’ils étaient. Échappée : fail…
Massant sa pomme d’Adam malmenée, et toussant bien plus qu’il n’en avait réellement besoin, Samuel recula de mauvaise grâce pour se retrouver à nouveau devant le préfet des piafs qu’il évita soigneusement de regarder en face. Il y avait des visages, des yeux, qui vous faisaient bien trop rapidement perdre le sens des réalités. Autant rester prudent.

« Je vais juste chercher ma baguette, c’est bon je vais pas commanditer un attentat contre la serre de botanique ou les chaudrons de Rogue, pas la peine de m’étrangler. »

Lui jetant un regard rapide, Sam vit le regard de Hiyo faire un arrêt sur ses cheveux que sa capuche avait découverts mais heureusement, il ne fit aucune remarque. Pour le moment. Le Serpentard avait croisé les bras, déviant son regard d’émeraude vers la porte derrière Sakumaru mais c’est un regard rageur qu’il ramena sur le préfet quand il lui « ordonna » de rentrer à Serp. Tel un coq fier et déplumé, Sam bondit sur ses ergots.

« Pas question ! Tu touches pas à ma baguette ! J’en ai pas pour longtemps, je la prends et je me tire ! C’est parce que je suis Serp c’est bien ça ? Tu veux pas me faire confiance ! Je suis sûr que si je portais un écusson avec un con de pigeon, là, j’aurais le droit d’y aller ! Bien sûr ! »

Qu'est-ce qu'il pouvait lui dire de toutes façons? Comment aurait-il pu expliquer qu'il s'était trouvé dans la salle de bains des préfets sans compromettre Sylvaen qui l'y avait fait entrer en allant à l'encontre de tous les règlements de l'école. Et voilà l'autre qui en rajoutait une couche avec son humour pitoyable sur sa couette disparue.

"J’te dirai pas où est ma baguette ! Et si tu me ramènes à Serp je gueule tout le long du trajet et je ressors dès que tu seras parti. Alors à moins que t’aies envie de faire le pied de grue dans les cachots, tu me lâches la grappe ! … Et fous la paix à mes cheveux, j te fais pas de commentaires sur ta coupe de jeune recrue d’Hollywood… Laisse tomber, tu sais pas c’que c’est espèce de sang pur -_-»

Sam venait de commettre une grave erreur en mettant en doute l'intégrité du Serdaigle. C'était bien une des rares choses qui pouvaient réellement mettre Hiyo en rogne. Le regard mauve du Préfet s'assombrit.

"Tu n'as pas le droit d'y aller parce que tu es un élève, Gamegie. Je donnerais le même ordre à un Serdaigle." répondit Hiyo d'un ton cassant. "Tu ne veux pas que je touche à ta baguette ? Soit. Tu iras la récupérer demain matin là où tu l'as laissée."

A tous les coups le Serpentard l'avait égarée dans un endroit compromettant. Bah, tant pis. Maintenant, tout ce que voulait Hiyo c'était de se débarrasser du trublion au plus vite. Il fit un geste en direction de l'escalier qui ramènerait Sam vers les cachots.

"Maintenant, à moins que tu aies envie que j'enlève des points à ta maison, je te conseille de te grouiller. Comme tu l'as dit, j'ai pas que ça à faire."

Le blond commit alors une nouvelle erreur. La remarque sur la coupe de cheveux de Sakumaru glissa sur lui sans le perturber le moins du monde. Par contre, le traiter de sang pur en insinuant qu'il bénéficiait d'un traitement de faveur ne passa pas du tout. Le sang en question du Serdaigle ne fit qu'un tour et il attrapa Sam par le col de sa chemise pour le pousser en arrière et le plaquer au mur. Toute la frustration qu'il avait ressentie en apprenant qu'il ne pourrait plus suivre les cours des matières avancées en raison de son ascendance moldue ressortit soudain en cet instant, menaçant de se manifester physiquement par un poing dans la figure de l'ex-couetté.

Pendant quelques secondes de silence insoutenable, la mâchoire crispé, le regard rivé sur celui du Serpentard, Hiyo crut qu'il ne pourrait pas résister à cette tentation de relâcher la pression grâce à un bon pugilat. Mais la raison reprit vite le dessus. S'il avait pu conserver son poste de Préfet malgré tout, c'était grâce à ses résultats scolaires et à son aptitude à résoudre les conflits et à se faire respecter. S'il se mettait à boxer un élève, il le perdrait en plus du reste.

Il relâcha Sam et fit un pas en arrière en se passant une main sur le visage.

« Tu parles que tu dirais la même chose à un Serd… »

Samuel marmonnait comme un gosse de primaire se faisant réprimander à la récré et même s’il savait pertinemment que Hiyo n’était pas du genre à faire des différences, il refusait de l’admettre. Car oui, Samuel était de mauvaise foi. Il avait toujours été de mauvaise foi et ça n’était pas près de lui passer bien que ça lui ai déjà apporté de nombreux problèmes. Il marmonnait donc, n’ayant pas remarqué l’arrêt et les traits figés du préfet qu’il évitait toujours soigneusement de regarder.

Et tout en marmonnant, il réalisait que récupérer sa baguette en pleine nuit tout seul n’avait rien de très facile. Parce que : 1) comment allait-il entrer dans la salle de bains des préfets sans préfet, et 2) comment allait il récupérer sa baguette au fond d’une immense piscine remplie d’eau, lui qui en était phobique depuis tout petit. Oui voilà qui était bien embêtant. D’autant plus embêtant que s’il décidait finalement d’attendre le lendemain pour avoir l’aide de Syl, il allait donner à Sakumaru l’impression que courber l’échine et de se plier à ses ordres.

Mais soudain il fut plaqué au mur. Ses pieds décollèrent du sol, sa pomme d’Adam fut de nouveau écrasée et c’est les yeux écarquillés de surprise qu’il fixa le regard enténébré de Hiyo. Un instant il eut l’impression délirante que le préfet des aigles allait lui rouler un patin mais les flammes qui dansaient dans les yeux à 5 cm des siens étaient plutôt annonciatrice de tempête dévastatrice que d’embrassement passionnel. La voix à moitié étouffé, Sam coassa en s’accrochant au poignet qui le tenait collé à la muraille.

« Oh ! Oh !ooooh ! Mais qu’est-ce que tu fous ? Lâche moi ! »

Hiyo sembla reprendre ses esprits car il le relâcha et les pieds du Serpentard purent reprendre contact avec le sol.

« Non mais ça va vraiment pas hein ? T’es malade ou quoi ? C’est les nouvelles méthodes que Finchley vous apprend ? … Complètement malade oui ! Putain, après c’est moi qu’on traite de violent… Tu m’as défoncé la gorge ! Faut te faire soigner ! »

Tout à sa frayeur, Samuel n’avait pas du tout compris ce qui avait bien pu mettre le préfet dans une telle colère et d’ailleurs il s’en fichait. Qu’il aille au diable ! Il allait rentrer à Serp et demain il irait se plaindre. Et si il rentrait à Serp c’était pas parce qu’il avait peur de l’autre épouvantail, c’est juste que de toutes façons il ne pouvait pas l’avoir cette nuit sa baguette.

Hiyo avait retrouvé un semblant de sang froid et toisa Sam d'un regard vaguement méprisant. Ça allait un moment de passer pour le gentil Préfet de service, mais il ne fallait pas non plus pousser mémé dans les orties. Desserrant à peine les dents, il répliqua face à la diatribe de Sam sur un ton glacial.

"Si ça t'amuse d'insulter les gens, renseigne-toi au moins un minimum avant de le faire, Gamegie. J'avais une meilleure opinion de toi que ça, mais après tout, des insultes gratuites venant d'un Serpentard, ça n'a rien de surprenant."

Il croisa les bras sur sa poitrine, se forçant à respirer calmement pour évacuer les derniers relents de colère qui surgissaient encore au creux de son estomac. Les rares personnes qui avaient vu Hiyo réellement fâché s'en souvenaient généralement, car il pouvait dans ces moments là être aussi hargneux qu'il était calme et posé le reste du temps.

"Maintenant écoute-moi bien. Je vais enlever 5 points à Serpentard pour la balade de nuit dans les couloirs, 5 points pour le refus d'obéir quand je t'ai dit de retourner à ton dortoir, et enfin je pourrais enlever 5 points supplémentaires pour les insultes, mais je vais choisir d'oublier ça pour le moment. Par contre, si tu continues à faire ta tête de mule, je peux rajouter des motifs supplémentaires et je doute que tes copains apprécieront que vous perdiez par ta faute les pauvres points que vous avez difficilement réussi à accumuler jusque là."

Il esquissa un geste conciliant de la main avant d'ajouter :

"Maintenant, si tu t'excuses et que tu m'expliques ce que tu fichais réellement ici et pourquoi ta baguette semble si compliquée à récupérer, je peux éventuellement me montrer conciliant."

Le marché lui semblait équitable. A moins d'avoir fait réellement une grosse bêtise, Sam pouvait encore espérer s'en tirer sans dommage.

La sentence des points que Hiyo enlevait, sonnait comme le glas d’un découvert qui s’agrandit dans la tête de Samuel. Tête qui d’ailleurs s’affaissait de plus en plus entre ses épaules alors que le préfet continuait son énumération. Pour sûr, lorsque ses congénères serpy allaient voir leur sablier et savoir qu’il en était responsable, le blond allait passer un sale quart d’heure. Croisant les bras d’un air faussement blasé, Sam souffla en tapotant du pied, une façon de faire comprendre à son vis-à-vis qu’il commençait à être un peu long…

« Je fais pas ma tête de mule et d’ailleurs je vois pas où je t’ai insulté déjà ! Monsieur est susceptible ? Ben j’y suis pour rien ! J’ai juste dit que t’étais dingue de manquer m’étouffer comme t’as fait, sinon j’vois pas … Hein ? Tu veux que je quoi ? °_° »

Toute la tension que l’énervement si peu habituel de Hiyo avait fait monter dans le sang également chaud de Samuel sembla arrêter de grimper d’un coup. Comme si, l’espace d’un instant, toute fonction cérébrale du serp avait figé, mais cela ne dura qu’un instant et bientôt l’expression atterrée du visage de Sam se transforma. Il émit un gloussement, puis pouffa carrément avant d’éclater de rire à s’en plier en deux. Sous l’effet de la surprise, ou peut être du volume sonore, le préfet avait fait un demi pas en arrière (peut être était-ce surtout pour éviter la tête de l’ex-couette ne vienne percuter son estomac.) Il finit par reprendre son souffle.

« M’excuser ! Elle est bonne celle-là ! Tu sais qu’une minute j’ai cru que t’étais sérieux ! Sacré Hiyo ! »

Et il lui tapota l’epaule avant de commencer de sortir. Il se retourna cependant et le sourire qui étendait ses lèvres n’avait plus rien d’amusé. Dans ses yeux, une lueur carnassière l’avait remplacée.

« Et si jamais t’étais sérieux, tu peux crever ! »

Un doigt d’honneur après, il était sorti de la pièce et disparaissait dans les ombres du couloir.

Il y avait du grabuge à la salle des trophées ! Voilà ce que lui avaient dit les esprits de tableaux lorsqu’il s’était réveillé en pleine nuit. Il savait bien que les élèves avaient trouvé des moyens pour comploter contre lui, il n’était pas né de la dernière pluie, mais il n’avait jamais réussi à les prendre sur le fait. Voilà ce que cette nuit allait changer.
Si Oscar avait tourné le coin du couloir une minute plus tôt, le serpentard n’aurait pas eu le temps de se cacher dans un renfoncement abandonné par son armure résidente, mais il était passé à côté de Samuel sans le voir. Sam qui avait eu vite fait de fiche le camp avant de se faire chopper à 3h du matin dans les couloirs. C’était fourbe et lâche d’abandonner le pauvre Hiyo à son malheur mais on était serpentard ou on ne l’était pas.

Mais revenons à Oscar qui avait été obligé de sortir de son lit, de passer un vêtement décent et de sortir dans les couloirs glaciaux du château, à trois heures passées du matin. Et le pire c’est qu’il ne se passait apparemment rien puisque plus il approchait de la salle des trophées plus le silence était évident. Si bien qu’il fut surpris d’y trouver le préfet de Serdaigle en y entrant alors que celui-ci s’apprêtait à sortir.

« Ah ! Monsieur Sakusamu ! Je vois que vous m’avez devancé ! On m’a averti d’un probl…»

Les yeux cerclés d’écaille du directeur s’étaient posés sur une vitrinedont il s’approcha en plissant nez et sourcils.

« Qu’est-ce que… En l’honneur de William Kay, meilleur attrapeur de serpentard ?.. et ici, William Kay champion d’échecs de 1923 ? Qu’est-ce que ça signifie ? »

Oscar Finchley passait de vitrine en vitrine, ‘arrêtant pour ne voir partout que des plaques à la gloire de Kay. Quelqu’un s’était visiblement amusé à mettre le nom de l’ancien directeur partout. Oscar se retourna, ventre en avant, et avança en agitant un doigt accusateur en direction du préfet.

« C’est vous qui avez fait ça hein ? ca vous amuse Samukaru ? Vous vous croyez intouchable parce que vous êtes préfet ? C’est vous n’est-ce pas ? REPONDEZ ! »

Hiyo regarda Sam s'en aller comme si de rien n'était, les yeux plissés. Il pouvait fuir, mais le Serdaigle n'oublierait pas. C'était cependant à présent le cadet de ses soucis puisque le directeur venait de faire son apparition. Il avait d'ailleurs failli lui rentrer dedans alors qu'il s'apprêtait à sortir de la salle des trophées.

Il allait lui répondre qu'il avait renvoyé l'élève à son dortoir quand l'attention d'Oscar fut détournée par quelque chose qu'il n'avait pas remarqué. Tous les trophées avaient été renommés au nom de William Kay. Il ne put retenir un léger sourire devant l'expression horrifiée de Finchley, mais le fit rapidement disparaitre quand ce dernier se tourna vers lui en lui imputant le "crime".

Le Préfet se raidit sous l'accusation et répondit d'un ton neutre, voire vaguement froid, les mains croisées dans son dos :

"Bonsoir, monsieur le directeur. C'est Sakumaru, monsieur le directeur. Et non, je ne suis pas responsable de cela."

Il releva légèrement le menton.

"J'ai simplement surpris un élève et l'ai renvoyé à son dortoir avec quelques points en moins. Mais je doute qu'il soit coupable de cette... farce. Il n'avait pas sa baguette."

La moustache accusatrice s’avança encore de quelques millimètres et un grognement vint confirmer ce qu’elle avançait, à savoir qu'Oscar Finchley n’était pas dupe et s’était attendu à ce que l’étudiant nie son implication dans l’affaire. Bien sûr qu’il allait nier ! Il avait beau être à Serdaigle pour avoir des capacités intellectuelles supérieures à celles de ses « pairs », mais un sang mêlé restait un sang mêlé, s’il avait eu le courage d’assumer ses actes une fois pris la main dans le sac , le Choixpeau l’aurait placé à Gryffondor ! Mais le Choixpeau y avait vu clair ! Et Oscar Finchley y voyait clair aussi !

« Cessez de me prendre pour un idiot monsieur Saka… Samu… Sakimumaru ! As-t-on idée d’avoir un nom aussi imprononçable aussi ! Et cessez aussi de vous redresser pour essayer d’avoir l’air plus grand que moi ! »

Le bout de la baguette vint s’agiter sous le nez du préfet. Celui du directeur, toujours levé dans un regard broussailleux, s’était aussi avancé et, en plus de relents aigre du dîner de la veille, Hiyo reçut moult postillons ponctuant de façon humide les mots de son directeur.

« Vous avez renvoyé un élève ? Voyez vous ça ? Un Serpentard allez vous me dire, forcément ! Et vous l’auriez renvoyé comme ça ? Sans l’accompagner ? C'est ça que vous appelez faire correctement votre travail de préfet ? Vous étiez sans doutes bien trop fatigué pour le ramener à sa maison ? Et un élève sans sa baguette ? Non mais vous vous fichez ouvertement de moi ! Quel est l’idiot qui pourrait bien se promener dehors, après le couvre feu, sans baguette ? Savez vous que vous êtes dans une école de sorciers monsieur Samakuru ? Un sorcier ne se sépare JAMAIS de sa baguette ! Et encore moins lorsqu’il parcourt des couloirs sombres ! AH ! Et puis comment aurait-il put faire CA !- d’un geste ample, il balaya les vitrines où continuaient de briller les plaques glorifiant Kay - sans sa baguette ? Allez-y ! Je vous écoute ! »

Satisfait, les bras repliés surs sa bedaine, Oscar attendait de voir quelles histoires farfelues le jeune futur ex-préfet allait bien pouvoir lui inventer.