[Rentrée scolaire] Compartiment n°19

Drôle d'été. Le début avait été affreux, mais ensuite, Julien était tombé dans une sorte de létargie profonde dont il était sorti petit à petit, au fil des lettres échangées avec Sam, sans pour autant jamais retrouvé un vrai entrain. Il était arrivé à la gare assez tôt en compagnie de son grand-père, grand-père qui s'évertuait à faire sourire son petit-fils sans y parvenir. Le vieil homme s'inquiétait sincérement pour le garçon qui avait peu ri durant ces deux mois, malgré un semblant de réconciliation avec son petit ami.

Fidèle à lui-même, le 5ème année n'avait pas grandi. Ou si peu que ce n'était pas perceptible. Il trainaît derrière lui sa malle qu'il hissa dans le train avec l'aide de son papi qu'il embrassa :

« Mais non papi, t'inquiète pas, ça ira ... ça ira surement même mieux ^^. Mais non c'était pas ta faute ... Faut juste que je lui parle ... Oui, je t'écrirai ! Allez, salut. »

Sans se presser, le petit rose étrangement calme avait arpenté les couloirs du train encore presque vide, lui étant arrivé dans les premiers. Il s'était installé près de la fenêtre dans un compartiment vide, opposé au quai de la gare. Il n'avait pas envie de voir tous les élèves se pressaient. Il n'y en avait qu'un qui l'intéressait. Un qui lui avait sacrèment manqué durant ces deux mois.

Sam avait filé un coup de main à Klarann pour monter ses bagages et ainsi lui éviter d'être abandonné sur le quai. Et après ça, ils s'en trouveraient encore pour dire que les serpentards ne pensaient qu'a eux et au malheur des autres -_- ... C'était incroyable tout ce que ce pauvre serdy pouvait avoir comme bagages. Meme Liberty devait en avoir moins...

Une jeune fille s'était approchée, Sam ne l'avait encore jamais vue, c'est sûr que des yeux pareils, il s'en rappellerait. Pourtant, il n'eut pas le temps de s'étaler en présentations, le train commençait de rouler et Klarann etait toujours dehors. Saisissant une cage que le garçon lui tendait, il la fourra aussitot dans les bras de la jolie fille en lui adressant un sourire plein de charme.

"Salut ! Moi c'est Sam! Tu peux prendre ça ? ... Donne ta main Klarann! Cours!!"

Le serpentard tira sur la main du Serdaigle aux longs cheveux et enfin le jeune homme fut à bord.

"C'était moins une ! .. Tu t'en vas ma Lynn? Ah ben oui, les préfets tout ça... "

Mais elle etait déjà partie. Sam essuya son front humide et prit la suite des autres dans le couloir qui était drolement encombré et résonnait des cris d'excitation de certains et des grognements d'autres. Alors qu'il passait devant le compartiment n°19, il cria pour la meneuse de file.

"Hé Riku ! Si tu continues comme ça, on va se retrouver dans la loco! "

Et alors qu'il se retournait pour voir si Klarann les suivait, il crut apercevoir une nuance rose dans le paysage. Il revint aussitot en arriere, manquant faire tomber le serdaigle qui le suivait et tandis que les filles, Mel, Riku et Morgane, continuaient dans le couloir, il resta là, fixant l'intérieur du comportiment 19. Son coeur avait cessé de battre et en meme temps acceléré d'un coup. Julien était là et plus rien ne comptait, ni les gens qui ralaient qu'il bouchait de passage, ni la sueur sur son front, ni le train qui avait prit de la vitesse.

Sans hésiter, il entra dans le compartiment et referma la porte derriere lui. Les autres pouvaient bien s'installer où ils voulaient, il n'en avait que faire.

Si le jeune garçon avait été morose, il se sentait à présent également de plus en plus fébrile. Il allait revoir Sam. Si ce n'était pas dans le train, ce serait aux calèches, voire au château, mais il allait le revoir. Il n'avait aucune idée de comment il devait réagir et la désagréable impression qu'il resterait planté comme un imbécile lorsqu'il le verrait. Et pourtant, il lui avait sacrèment manqué. Mais le pardon était une notion étrange que maitrisait mal le petit serp ...

Perdu dans ses pensées, le jeune homme avait tourné les yeux vers la fenêtre quand la porte s'ouvrit ... Comme il l'avait imaginé, il resta figé. Et pourtant, il était beau son Sam. Il avait repris des couleurs, même quelques coups de soleil observa le petit rose, semblait moins maigre. Ses yeux bleu-gris glissèrent sur la jolie couette lâche, sur le regard de mousse. Mais alors que le 7ème année avait refermé le compartiment derrière lui, la portière glissa de nouveau pour laisser place à une jeune fille que Julien n'avait jamais vu. Avec colère, il lui jeta un coup d'oeil aussi froid qu'elle-même glissait partout. Qu'avait-elle à rester plantée comme un piquet dans l'ouverture ? Ce qu'elle avait l'air stupide avec sa cage dans les bras ... Pointant sa baguette sur la porte, le jeune homme lui jeta un sourire glacial et lâcha d'un ton sec :


"C'est complet." Avant qu'un éclair fuse de sa baguette pour refermer au nez de la pourtant belle inconnue la vue du compartiment.

Se calmant instantanèment comme seul lui savait le faire, le jeune homme reglissa sa baguette dans sa poche.

"Tu as pris un coup de soleil." Lâcha-t-il à son petit ami alors qu'ils étaient enfin seuls, avec un sourire pâle, pointant son propre nez pour lui indiquer l'endroit, comme si Sam l'ignorait.

Le temps resta suspendu un moment, alors que le regard bleu de Julien s'était posé sur lui. Un temps suspendu qui ne ressemblait en rien au moment d'intense bonheur que l'on voudrait ne jamais voir finir, mais plutot aux quelques secondes d'angoisse en l'attente de la guillotine que l'on lache.. Tombera, tombera pas ?

La porte s'était rouverte derriere lui, mais Samuel n'avait pas entendu. Il attendait un signe de Julien. Signe qui ne tarda pas finalement. Son petit ami avait sorti sa baguette, son regard se durcit, et il la pointa vers lui avec de la colère sur le visage. Instinctivement, Sam ferma solidement les yeux, levant les bras pour se protéger. Il sursauta en entendant le grand bruit que fit la porte qui se refermait alors que Julien criait que c'était complet.

Il l'avait fichu dehors. Finalement, il n'avait pas pu lui pardonner malgré leur dernier echange de lettres ; le fait de le voir lui avait tout remis en mémoire et il l'avait éjecté du compartiment comme de sa vie.

Le couetté baissa ses bras, anéanti, le coeur au bord des yeux, mais fut étonné, en les rouvrant, de se retrouver du bon coté de la porte. Il se retourna un instant pour voir la fille qui avait l'air d'etre dans un aquarium, puis tira le rideau, la faisant disparaitre du paysage. Ses yeux revinrent à Julien et il lui sourit. Sourire qui s'agrandit au geste du petit serp.

"Ah ça ! J'ai aidé Mamie à rafraichir sa maison, ça m'a occupé l'esprit et les mains. J'ai l'air d'un clown non? "

Il s'approcha de quelques pas, ne sachant comment se comporter et finit par demander:"Je peux m'asseoir?"

Il s'inquiétait trop pour elle, beaucoup trop. Mais ça le rendait malade de ne pas savoir où était sa maudite cousine !
Il ouvrit les portes une à une, fixant les élèves assis dans les cabines avant de reclaquer la porte, de plus en plus énervé.

"Ani... Grr !!"

Il croisa une élève visiblement surprise mais n'y préta pas attention, focalisé sur la porte. Il tira brusquement sur le rideau et tomba nez à nez sur deux garçons qui s'interrompirent en le voyant débouler. Il ne bougea plus pendant un instant, les rouages de son cerveau se remettant en branle :

*Deux garçons... Seuls... Rideau fermé... Tête à tête...*

"Ggg... QUOOOIII ?!!"

Il rougit violement et se plaqua contre la vitre de l'autre côté du couloirs avant de s'échapper en courant, laissant la porte ouverte derrière lui, trop surpris.

« Tu as souvent l'air d'un clown. J'espère qu'elle ne t'a pas demandé de te servir de ta baguette. »

En silence mais avec un sourire, le jeune homme tapota de la main la banquette à côté de lui. Dehors, le paysage s'était mis lentement en branle, accélérant doucement. Le train les emportait vers le château et le silence qui régnait dans la petite pièce rendait l'instant étrangement paisible, comme si tous les lieux avaient été vides de présence humaine, exceptés eux.

Malheureusement, cet instant de paix fut de courte durée car la porte se rouvrit sur un garçon. Julien lui lança un léger regard interloqué car lui non plus ne réagissait pas. Qu'est-ce qu'ils avaient tous aujourd'hui ? Le petit rose s'était résigné à ne pas avoir de tranquillité pour ses retrouvailles avec son petit ami, le poudlard express était toujours plein à craquer de toute façon, mais le wagon avait l'air de repousser tous les élèves. Ou alors, de n'attirer que les demeurés, c'est selon. L'inconnu poussa un cri inintelligible et disparut aussi soudainement qu'il était apparu. Julien se leva pour marcher jusqu'à la portière et jetait un coup d'oeil dans le couloir, haussant un sourcil en entrapercevant une touffe de cheveux brune disparaître au bout du wagon.

« Qu'est-ce qu'ils ont tous aujourd'hui ? » Interrogea-t-il son couetté, le visage tourné vers lui, l'incompréhension peinte sur les traits.

Revenant vers Sam après avoir refermé derrière lui et de nouveau tiré le rideau, le 5ème année se rassit. Il lui semblait complètement déplacé de se jeter dans les bras de son petit ami. Même un baiser pour le moment était au dessus de ses forces.

Il y eut quelques blancs gênants, quelques hésitations. Comme deux collégiens, les garçons réapprirent à se connaître.

"Très drôle -_- ... Non j'ai pas utilisé ma baguette et puis on a tout fait façon moldue... sauf quelques petites touches de colle perpetuelle, ça aide."

Pour ne pas gêner Julien, Sam avait prévu de s'asseoir en face de lui, mais le jeune homme tapota le siege pres de lui et avec un sourire qui s'agrandit, Sam le rejoignit. Il avait prit de bonnes résolution. Le laisser aller à son rythme, ne rien précipiter, laisser les choses se faire par elles mêmes. Seulement c'etait bien beau de se dire ça hors contexte mais maintenant que Julien était là près de lui, il brûlait d'envie de le serrer contre lui de peur de le voir s'envoler de nouveau.

Le serpentard réussit cependant à se calmer et l'apparition aussi soudaine qu'éphémère d'un etrange élève l'y aida. Il secoua la tete dans un signe de résignation.

"Laisse tomber... Encore un idiot... Si tu t'arretes à tous les idiots qu'il y a dans ce train, on n'arrivera jamais à Poudlard pour le banquet."

Julien vint vite se rasseoir puis la discussion reprit, doucement, en evitant les sujets qui ferait tout foirer... Sam observait p'tit serp, le redécouvrait peu à peu, les petits gestes qui trahissaient son stress, les petites taches de rousseur que le soleil avait fait apparaitre sur son nez, ses cheveux qui avaient poussés sur sa nuque, ses yeux parfois fuyants, parfois accorchés aux siens.
Le voyage s'etait passé comme ça, calmement, puis on etait finalement arrivé à Pré au Lard.

Alors que le train ralentissait vraiment, Samuel se leva pour se changer rapidement. En nouant sa cravatte, il demanda avec un peu d'appréhension:

"On dit quoi aux autres? J'veux dire... Toi et moi on..."

Ses yeux émeraudes cherchait une réponse dans le bleu des siens alors qu'il nouait sa cape, mais il les détourna, incapable d'affronter une possible réponse négative en face. En reculant, il s'était rapproché de la porte et quand sa main s'approcha de la poignée, il ressentit une etrange sensation à la fois glacée et brulante qui le fit se reculer et se retourner.

"Y'a un truc pas normal..."

Il fixait la poignée.

Les premières maisons de Pré au lard apparaissant dans le paysage ralentirent leur conversation comme le train. A présent souriant et presque détendu, Julien se leva et avec l'aide de Sam qui lui attrapa son uniforme dans la malle trop haute pour lui, il s'habilla, faisant pour une fois attention à ne pas être trop débraillé. Les préfets avant tendance à être plus pointilleux sur l'uniforme au banquet de début d'année.

La question de Sam le surprit. A dire vrai, il n'y avait pas pensé. Cela lui semblait assez évident. Il avait suffisament surmonté l'affaire pour recommencer à parler au 7ème année qui lui avait énormèment manqué ... Non, il n'y avait pas lieu de dire qu'ils n'étaient plus ensemble. Si ça avait été le cas, Julien ne serait pas revenu vers le couetté, il aurait passé l'année à l'ignorer, à nier même son existence et les liens qu'ils avaient eu. Le serpentard était incapable de faire dans la demi-mesure.

« Qu'est-ce que tu veux qu'on leur dise ? Répondit-il avec une légère moue amusée. Je ne t'aurais pas laissé rentré si ... enfin voilà. »

Le jeune homme s'était rapproché avec l'intention évidente de prendre la main du grand serpy pour sortir quand celui-ci se recula brusquement.

« Et ben quoi ._. ? Tu as peur des portes maintenant ? »

Le petit rose jeta un coup d'oeil à la poignée. Elle avait l'air parfaitement normale pourtant ... Peut-être qu'un petit plaisantant avec jeté un sort, cela aurait expliqué le peu d'élèves qui les avait rejoint. Est-ce que c'était Sam qui avait essayé et qui comme d'habitude avait raté ? Non ça faisait longtemps que, même pour garder un peu d'intimité, le 7ème année ne jetait plus de maléfices ...

Observant la porte quelques secondes de plus, le 5ème haussa les épaules et sortit sa baguette :

« Bon on va pas rester 107 ans à la regarder cette porte ... Expulsare ! »

Dans une explosion, le porte fut projeté hors de ses gonds sur le mur du couloir en face. Le bourrin en herbe jeta un regard innocent à son Sam puis sortit en l'attrapant par la manche.

« Allez viens. »

[Quai]