Vilain coup de serpent à sonnette

Lou était surexcitée ce matin la. Elle était sortie des douches surchargées et avait enfilé un jean et un tee shirt dans l'agitation générale du dortoir. Après avoir retrouvé son acolyte dans la salle commune, ils s'étaient retrouvés entrainés dans les couloirs parmi la foule. Au détour d'un couloir les deux Serpentards avaient faussé compagnie à leurs collègues de maison, suivant le plan.
Comme l'avait annoncé les parchemins affiché un peu partout dans le château, Finchley était... absent! Évidement elle irait faire un tour dans la grande salle, histoire de se tenir au jus. En plus en tant que membre du PE, petite journaliste en herbe, il valait mieux être sur place quand se déroulaient les grands évènements. Mais pour l'instant elle avait autre chose à faire. Liam était à coup sur déjà la bas. Et puis comme, elle le leur avait cent fois répété, Mel présidait l'assemblé au coté de Green, Cornwell et Keryann évidement. Elle n'avait donc aucune scrupule à louper le début de l'assemblée, et puis l'occasion était trop bonne.

Pendant que tous les élèves ou presque se rassemblaient à la grande salle, Julien Sey et Louka Hauter se faisaient aussi discret que des serpents dans les couloirs des étages supérieurs. Suivant son ami Lou jetait régulièrement des coup d'œil furtif derrière eux. Arrivés devant la veille gargouille, Julien se retourna vers elle, il semblait aussi agité qu'elle. Les yeux de la jeune fille brillèrent d'une lueur exaltée.

"Alors? Tu l'as? Dépêche toi, on a pas cent ans!"

Le petit Serp fouillait déjà dans son sac.Puis il fit un geste négatif de la tête. Lou pâlit. Un sourire mesquin se dessina sur les lèvres de la crevette tandis qu'il l'extirpait de son sac. Louka gronda et lui donna un coup.

"C'est pas drôle! Faut qu'on se bouge... "

Inquiète, elle balaya le couloir d'un seul regard, avant de...

Le jeune homme eut une moue mi-mesquine mi-triomphante. A cet instant, la tête que tirait son amie aurait valu une photo. Évidemment qu'il l'avait, pour qui le prenait-elle ??? Ils avaient passé des jours à fomenter ce plan secret destiné à mettre maître Finchlanouille dans une position sacrément inconfortable, et il ne risquait pas d'oublier le point central de leur plan machiavélique.

Fourrant l'objet dans les bras de la serp, le garçon, de son côté, observait rapidement les alentours. L'usurpateur n'était pas dans sa tanière, certes, mais il fallait se méfier. On était jamais à l'abri d'un professeur ou d'un préfet zélé faisant une petite ronde de surveillance. Certains étaient tout acquis à la cause de Finchley. Heureusement, la petite réunion organisée par Liberty attirait tous les projecteurs du château sur la grande salle, et il doutait de croiser âme qui vive.

"C'est parti, j'espère qu'il a pas changé le mot de passe..."

Il regarda sa complice, l'air mauvais, le sourire pervers du serpent en coin. Elle venait de déplier leur passe-partout : la cape d'invisibilité qu'il avait subtilisé à son petit ami. Le merveilleux sésame qui leur permettrait de ne pas se faire prendre. Se glissant aux côtés de Louka, Juju bénit sa petite taille. Ils étaient un peu serrés, mais ils tenaient. Sortant sa baguette, le garçon tapota la vieille gargouille qui heureusement, s'écarta pour dévoiler un escalier.

"La voie est libre !"

D'un geste décidé, le 5ème année attrapa le bras de la jeune fille, commençant à escalader les marches. Pas un bruit pour le moment, c'était de bon augure. Il s'arrêta un instant devant la porte fermée :

"A l'intérieur, faudra pas faire de bruit ! La cape nous protège des yeux des tableaux, mais pas de leurs oreilles... Espérons qu'ils font la sieste, ils doivent bien être aussi paresseux que lui."

... disparaître sous la cape d'invisibilité. Julien ne tarda pas à la rejoindre, ils était à présent à l'abri des regards indiscret. Les mains de la jeune fille tremblaient d'excitation. Elle s'imposa le calme et sa respiration se fit plus régulière.
Le mot de passe n'avait pas changé, plutôt positif comme début. Julien saisit son bras et les entraîna tous deux dans l'escalier étroit. Silencieusement les deux Serpent arrivèrent devant la porte du bureau de leur victime. On ne distinguait d'eux que le léger bruissement de leurs pas. Lou regarda son camarade du coin de l'œil.

"Oui! Alors faisons une mise au point tout de suite. On le glisse sur le bureau ou plutôt dans un dossier? On sait même pas comment il range ses affaires! J'espère que ça va aller."

Suite a ce rapide échange, Louka se pencha sur la porte. Elle sortit sa baguette.

*Allez ma veille c'est pas le moment de faire une connerie.*

" Alohomora! ", chuchota la Serpentarde.

Les sens en alerte, les deux jeune gens se faufilèrent silencieusement dans le bureau. Sans un bruit Lou observa la pièce. Effectivement les tableaux des directeurs précédent dormait sagement dans leur encadrement, le souffle régulier et les yeux clos. D'ailleurs, chose étrange, il y en avait un certain nombre qui étaient vide, abandonné par leur propriétaire. La pièce était emplis d'objets étranges et hétéroclites. Un milliard de choses qui méritait une longue observation et un grand intérêt. Mais il n'avaient pas le temps pour cela.
Résistant à l'envie d'aller voir une armoire de plus près, Louka se tourna vers son compagnon. Après un échange de regard entendu, les deux compères avancèrent doucement d'un même pas. Le bureau en bois sombre de leur directeur était droit devant eux.
Soudainement Louka saisit le bras de son ami. Le regard fixé sur un des tableau dont le propriétaire s'était éveillé.

*Mince! Rendors toi, s'il te plais rendors toi...*

Les deux jeunes gens s'étaient figés devant la porte et Julien réfléchissait à la question, somme toute pertinente, de sa complice.

"Et ben heu... Faudrait trouver un endroit... En fait, il faudrait pas que ce soit lui qui le découvre, mais quelqu'un d'autre. Ou en tout cas, avec lui. Ou alors, on le met dans un dossier et on trouve une excuse quelconque pour envoyer la dirlo regarder dedans..."

Le petit serpentard retint son souffle alors que lentement, la porte pivotait sur ses gonds sans bruit. Un bon point pour eux, au moins c'était discret. A présent, les choses délicates commençaient. Lentement, les deux serpents se glissèrent à l'intérieur de l'antre de la bête, et après un regard entendu, se dirigèrent vers le bureau.

C'était sans compter sur la chance qui les abandonnait d'un coup. Retenant un juron, Julien s'arrêta, les yeux fixés sur le directeur ayant eu le mandat le plus court de l'histoire de Poudlard, trois jours à peine avant qu'un malheureux accident le conduise au fond du lac en compagnie du calamar géant tombé désespérément amoureux de lui. Du pauvre homme, ne restait que ce tableau, et il était en train d'ouvrir les yeux en baillant, chassant d'un geste désinvolte l'algue qui lui tombait dans les yeux. Le 5ème année avala sa salive. Que faire ?

Dans le bureau, le temps s'était arrêté par la force des choses. Les deux élèves, cachés sous leur cape, n'osaient plus bouger, et au bout d'un moment qui leur paru infiniment long, l'aïeul mâcha un nouveau baillé et referma les paupières. Pressé, le serpentard n'attendit que quelques minutes avant de faire signe à sa comparse et de recommencer à avancer. Tout proche de l'imposant bureau, il observa ses nombreux tiroirs, puis silencieusement, pointa l'un d'entre eux du doigt avec un regard interrogatif vers Louka.

Ils avaient contourné le bureau et se trouvaient à présent près de l’endroit ou s’installe le directeur. Juste à coté du fauteuil, Lou se concentrait pour ne pas le bousculer. Elle suivit la direction désignée par son comparse. Ok il allait falloir ouvrir le tiroir discrètement et regarder à l’intérieur, histoire de voir ce qu’il contenait. Louka regarda Juju droit dans les yeux et lui fit signe qu’elle allait le faire, qu’elle allait ouvrir.
Par miracle selon elle, le tiroir ne fit aucun bruit. La jeune fille se pencha doucement et Julien suivit son mouvement. Mauvaise pioche. Le tiroir en question contenait des clés, des agrafes et tout un bric à braque sans nom…
Un peu plus loin, une série d’armoires à tiroirs s’étalait de tout son long contre le mur. Louka le montra les meubles à son ami. C’était le genre de tiroirs à contenir tous les dossiers des élèves. Ils se dirigèrent à pas feutrés devant les imposants rangements. Au dessus de chaque colonne un niveau de classe était noté.
Louka se concentra, il lui fallait réfléchir. Il devait y avoir des classes dont les directeurs s’occupaient ensemble… Il lui semblait que c’était les deux dernières années de préparation aux aspics !
Oui mais est-ce que c’était judicieux de mettre leur « objet compromettant » à cet endroit là ?
Bon il lui fallait s’expliquer silencieusement devant la mine perplexe de Juju. Seulement voilà, chaque tiroir était verrouillé. Cela semblait évident. Elle passa sa baguette devant l’un d’entre eux et prononça à voix basse :

"Révalatio !"

Le tiroir s’illumina légèrement d’une lueur bleuté. Et voilà ! Ils étaient fermés avec un sort compliqué… Elle jeta un regard désespéré à son ami. Comment faire à présent ? Ouvrir un de ces tiroir ferait obligatoirement du bruit ou au moins un bel éclat lumineux si tant est qu’ils parviennent à lancer le sort silencieusement… Cette idée commençait à sentir le roussit !

Et cette idée sentait d'autant plus le roussi que les choses n'allaient pas en s'arrangeant. Non seulement, les tiroirs qui ne les intéressaient ne s'ouvraient pas mais en plus, quand à son tour, Julien tenta un nouveau sort, ce que craignait Louka se produisit... en pire. Car le maléfice fut plutôt discret, au demeurant, à peine un éclair sombre... la réaction du meuble, en revanche, ne se fit pas attendre. Prenant soudainement une teinte écarlate, il se mit à trembler tandis qu'un tintamarre assourdissant éclatait presque aussitôt. Le petit serp écrasa les mains sur ses oreilles en essayant de se protéger mais quand des feux d'artifice se mire à s'élever du meuble, il attrapa Louka et l'entraîna avec lui le plus rapidement possible :

"On se tire !"

Plus facile à dire qu'à faire, il s'en rendit compte très vite car la porte était bloquée. Julien s'escrima dessus quelques secondes en vain :

"Merlin, on est foutu..."

Toujours enfoui sous la cape, il se tapit dans un coin de la pièce avec la jeune fille à qui il lança un regard mi-angoissé, mi-décidé. Après tout, ce n'était ni la première ni la dernière fois qu'il devait assumer la conséquence de ses conneries.

La journée avait été longue. Oscar avait passé la matinée à régler des choses avec le ministère, l’après-midi le nez dans ses dossiers et le soir en réunion avec l’équipe pédagogique pour vérifier la bonne mise en place de ses réformes. C’est donc avec un soupir de bonheur pur que le directeur s’était glissé entre ses draps frais, le bonnet enfoncé jusqu'aux oreilles, le pyjama réglementaire bien en place et les pantoufles en cuir de dragon au garde à vous sur la descente de lit. Tout en pensant aux réticences et au sale caractère de certains des professeurs, il s’était endormi les sourcils encore froncés de la contrariété amenée par leur mauvaise volonté.

Il avait l’impression qu’il ne dormait que depuis quelques minutes lorsque son système d’alarme magique se mit en marche, remettant tous ses sens en alerte avant même qu’il ait eu le temps d’ouvrir les yeux. On violait son bureau ! On essayait de lui arracher des secrets ! Il s’y était attendu pour le cours de cette journée où il devait s’absenter de Poudlard mais pas pour la nuit… Un regard vers la fenêtre et un autre vers son réveil lui apprirent que la nuit avait laissé place au matin depuis déjà un bon moment et qu’il était en retard ! Il aurait déjà du être parti pour le ministère depuis une bonne demi-heure ! Tandis qu’il calculait ses chances d’arriver à l’heure à son entretien avec le ministre, l’alarme continuait à résonner et des cavalcades se faisaient entendre à l’intérieur et à l’extérieur de ses appartements. Enfin habillé, il jaillit de sa pièce pour rebondir sur le corps sec du professeur Baker qui venait aux nouvelles.

« Votre alarme ! Vous allez bien ?
- Mais dégagez de là imbécile ! C’est mon bureau ! Allez poussez vous ! »

Oscar se débarrassa de Baker d’un coup de bedaine et courut ouvrir la porte de son office pour le découvrir vide. D’un coup de baguette, il leva le sort anti-intrusion de son rougeoyant bureau et tendit l’oreille après un CHUT ! véhément à l’adresse du professeur qui l’avait suivi. Aucun bruit.

« Kay ! Sortez de votre cachette, je sais que vous êtes là ! Allons, allons, vous n’allez pas me forcer à vous débusquer comme un ridicule voleur de poules ? Baker !»

Le professeur était déjà prêt à passer à l’action et son sort de révélateur de présence fit rapidement briller quelque chose au fond de la pièce, là où pourtant il n’y avait rien. Intrigué, Finchley se dirigea lentement vers la lueur et tendit sa baguette pour bientôt rencontrer une resistance. Il y avait bien quelque chose. Prudent, il se recula tout en arrachant ce qui recouvrait kay…et ce n’était pas du tout Kay. Deux élèves étaient là, accroupis l’un contre l’autre.

« Levez-vous ! Des serpentards… bien évidemment…. Moi qui croyais avoir à faire à des espions de Kay… Vous ne cherchiez surement que quelques gallions, comment imaginer des serpentards œuvrer pour quelque chose d’autre que leur propre personne. Ceci je le garde » -dit il en secouant la cape d’invisibilité – « Baker occupez-vous de ce … ramassis ! » termina-t-il avec une moustache méprisante envers les deux étudiants avant de se diriger vers son bureau pour y ranger la dite cape.

« Et changez moi ces couleurs de cheveux ridicules ! »