Le pont couvert

[ 2/3 :! un serp malfaisant en meme temps que promeneur hasardeux ! ]

Personne bien sûr. A quoi s'attendait-il? Ce qui etait le plus rageant n'etait pas l'acharnement idiot des serpentards mais le fait qu'une fois de plus il s'était fait berner. Ils devaient surement etre cachés dans un fourré quelconque, à glousser de le voir seul sur le pont couvert.

Thomas posa ses mains sur la rembarde et s'y appuya, bras tendus et visage baissé entre les epaules. Il en avait marre de ces cons et de leurs blagues débiles, marre de cette école, marre tout ça. Son regard s'était troublé et il essuya ses yeux d'un geste rageur de son bras, se retournant du meme coup pour appuyer ses reins contre la rampe cette fois.

Au coin de son champ de vision, il capta un mouvement au meme moment que ses oreilles perçurent le son de pas s'engageant sur le pont. Il regarda plus franchement. Le garçon qui s'approchait portait quelque chose qui dissimulait le bas de son visage, le rendant meconnaissable. Thomas connaissait pourtant le jeune homme qui s'avançait vers lui, mais le foulard cachait une grande partie du visage qui en plus avait pris de la maturité. Il n'y accorda pas d'importance, son attention etant attirée par le reflet d'argent de l'ecusson du serp.

Ainsi, c'etait donc un de ceux qui lui avaient fait cette bonne blague. Si le premier réflexe de Thomas fut de tourner les talons pour partir, il décida finalement d'arrêter de fuir et resta planté là. Lorsque le garçon passa devant lui, faisant mine de l'ignorer, le serdaigle l'entendit marmonner quelque chose qu'il ne comprit pas. Avant que l'autre n'ait atteint l'extrémité du pont, le japonais lança d'une voix assurée.

"Ca va ? Vous vous êtes bien marrés? Ca vous amuse hein? Votre humour est aussi creux que votre tete ! Woh ! j'te parle con d'serp!"

En deux pas, il l'avait rejoint et attrapé par le bras pour l'obliger à lui faire face. Son regard etait aussi noir que ses idées.

Bien sûr. C'était évident. Après tout, seul un Serdaigle pouvait ainsi brutaliser un élève. Cherchez l'erreur. Ainsi, ils avaient renouvellé leurs stocks de brute, chez les Aigles. Très bien.
Il n'avait pas fallu plus d'une seconde au Serpentard pour réfléchir à ce qu'il allit faire. Cela allait de soit, si il avait voulu lever la main sur lui, il l'aurait fait avant. Dans un passé proche, sûrement, il lui aurait sauter dessus, sorti sa baguette se se serait emporté dans un monologue sombre et malpoli. Mais ce n'était pas la bonne méthode de gagner la confiance de quelqu'un ...
Cependant Wait remarqua le ton assuré du Serdaigle. Hmm, après tout, peut-être serait-il un défi à la hauteur ? Ca lui changerait des Poufys ... Oui, vous savez, ces petites créatures naïves qui pensent que tout-le-monde-il-est-beau-et-gentil. Enfin bref, Wait n'était pas intéressé pour l'instant. Il ne pensait quà une chose : pénétrer sans problèmes dans l'enceinte de Poudlard. Car il y aurait là, il l'éspérait, Sally Mennighton. Qu'était-il advenu d'elle ? S'était-elle trouvé un autre amour ? Ou alors partie ? Hmm, tristes perspectives ...

Il fallait donc faire comprendre à cet élève que ce n'était ni l'endroit, ni le moment de se chamailler. Et puis de toute façon, de quoi parlait-il ? Un Serpentard devait lui avoir fait une blague, et c'était Wait qui se prenait ses colères. Après tous les coups fourrés qu'il avait fait durant ses six années d'études, il prit cela pour le fruit de ses semences. Ahah, ironie du sort ...
Le garçon se dégagea le bras de l'étreinte du japonais. Ah, il n'avait pas l'air content, ça se lisait trop clairement sur son visage. C'est à ce moment que Wait se souvint de ce que lui dit un jour un de ses amis. Une histoire de maisons, de fleurs et d'abeilles ... Si la conversation s'allongeait, il placerait son histoire ; il n'y avait pas d'arguments plus convaincant. Car le language était la meilleure arme.

Détournant légèrement le regard, Wait dit alors, doucement:

" J'sais pas quel est ton problème, mais j'en ai rien à battre. "

Généralement, les gens étaient pris de panique et se mettait à balbutier des paroles incohérentes, dans de telles situations. Plus ils avaient peur, plus l'agresseur prenait confiance en lui. Enfin, le Serpentard avait compris qu'il devait avoir confiance en lui non pas grâce aux autres, mais tout seul.
De toute manière, le japonais n'oserait pas lever la main, sachant pertinemment qu'il prendrait par la suite une retenue. Ou alors Wait s'en assurerait. Faire profil bas, tel était son premier objectif. Et il s'y tiendrait jusqu'au bout. Il reste qu'il avait été traité de con de Serp'. Heureusement pour cette fois, le Serdaigle n'avait touché qu'à son étiquette de Serpentard. Il s'en serait pris à son nom ...
Le garçon au visage dissimulé par un foulard se mit alors à rire. Un rire sarcastique néanmoins. Il avait un peu de peine pour le Serdaigle à qui il n'offrirait pas de baguarre ce jour. Mais le plus drôle était que ce soit un Serdaigle ... La prochaine fois, il aurait quoi ? Un Poufsouffle mangeur d'hommes ?

" Maintenant, si tu veux bien t'écarter ... On agresse pas les gens aussi impunément ... "

Wait adorait ce petit jeu. Se faire passer pour neutre tout en se moquant de l'autre, c'était mordant.

(désolé, j'ai pas retrouvé toute mon inspiration )

"Non je ne veux pas m'écarter. J'en ai marre de toujours m'écarter, m'écraser, sourire et continuer. Alors cette fois NON JE NE M ECARTERAI PAS ! "

Thomas repoussa sechement le serpentard d'un violent coup des deux mains sur ses epaules. Il savait ce qu'il risquait, surtout que le grand là ne devait pas être seul, ses copains allaient rappliquer c'etait certain, mais il etait tellement excedé qu'il s'en fichait meme si ses pauvres os s'en ficheraient surement moins le soir meme.

"Vous allez me foutre la paix ! J'y ai pas cru à votre connerie ! Je suis venu juste pour vous voir toi et tes potes et vous dire que maintenant y'en a marre et que si vous ne voulez pas vous retrouver avec des furoncles a vie sur vos sales de tronches de reptiles alors vous allez m'oublier c'est clair?"

Tout en parlant d'un air assuré, Thomas jetait des coups d'oeils alentour pour au moins voir les autres serpentards arriver sur lui, Mais rien ne bougeait dans les buissons. Ils n'etaient quand meme pas montés sur le toit du pont couvert?

Si Allen n'avait pas été aussi pris par sa lecture, peut-être aurait-il entendu le son montant d'une conversation houleuse qui devint peu à peu véhémente. Si Allen y avait fait attention, il aurait peut etre reconnu la voix la plus aiguë, qui était aussi la plus forte et la plus furieuse, les autres se contentant de ricanements plus graves. Puis les cris se rapprochèrent et s'il ne put comprendre les mots de ceux qui riaient bas, il comprit certainement les hurlements de la voix féminine.

"Tu n'es qu'un abruti Bobby Turner !
- ...
- Rends moi ça !
- ...
- Lâche moi ! Et toi rends moi çaaaaaaaaaa ! Noooooon !!!"

Et une course et des rires qui s'éloignent. Et le bruit de quelqu'un qui marche dans l'eau juste sous le pont couvert. Et des gémissements qui bientôt se transforment en sanglots.

Malgré les contre sorts anti-attraction qu'elle avait utilisés, ils avaient réussi à lui prendre son trésor. Désespérée, Amy pataugeait dans l'eau jusqu'aux genoux à la recherche de son pendentif que ce maudit Bobby Turner et ses amis serpentards avaient lancé dans le fond trouble de la rivière.

Allen tendit l'oreille presque malgré lui lorsque les cris arrivèrent jusqu'à lui. Non pas que ce fut surprenant, il arrivait plus que souvent que des élèves deviennent très expansifs lors de discussions dans les couloirs. Et depuis le banquet de début d'année pour le moins mouvementé du jour précédent, c'était même très très courant. Cependant cette fois le ton monta suffisamment pour que le blondinet finisse par lever les yeux de sa lecture, d'autant plus que le sujet de la dispute ne semblait pour une fois pas être l'arrivée du nouveau Directeur.

Le "plouf" suivit du bruit caractéristique de quelqu'un qui patauge dans l'eau termina de le sortir de sa lecture. Posant son livre sur le rebord en pierre sur lequel il était jusque la assis, il se laissa glisse sur le sol et se pencha par dessus la rambarde, cherchant à voir qui se trouvait dans la rivière.

"Ouhou, besoin d'aide la dessous ?"

fini-t-il par lancer, cherchant toujours des yeux l'élève qui devait se trouver sous le pont, ou dans un angle qu'il ne pouvait voir de la ou il se trouvait.

Les pluies de septembre avaient été trop nombreuses comme à chaque automne dans le nord de l'Angleterre. La rivière en était gonflée et l'eau qui, en ruisselant, avait emporté avec elle débris, boues et limons, était devenue trouble. On ne distinguait rien : aucun éclat d'argent que le pendentif ou sa chaîne aurait pu renvoyer ni forme d'une pierre qui aurait pu indiquer la profondeur du lit du cours d'eau.
Au milieu de ses larmes, Amy hésitait entre le risque de noyade et l'abandon de son trésor, aucune solution ne lui semblant meilleure que l'autre.

Alors qu'elle s'avançait prudemment, relevant sa jupe pour éviter de la mouiller, un appel vint du pont couvert. Surprise, elle sursauta et le talon de son soulier droit glissa sur une pierre couverte de vase. Son cri fut étouffé par l'eau qui s'engouffra dans sa bouche quand elle glissa dans l'eau. Le courant était plutôt fort et il l'emporta sur plusieurs mètres avant qu'elle ne réussisse à agripper une branche qu'un saule trempait dans la rivière. Avec du mal, toussant et crachant, elle se redressa et se hissa à moitié hors de l'eau, ses couettes dégoulinantes collées à ses oreilles.

"A L'AIDE !"

Il s'écoula à peine une poignée de secondes entre l'appel du jeune Serdaigle et le second "PLOUF" de cette fin d'après midi. Sauf que ce plouf là fut suivit de cris, de barbotages et d'un très éloquent appel à l'aide.

Allen traversa le pont, se fiant à la direction d'où venait la voix, et dégringola aussi vite qu'il le pu jusqu'à la berge la plus proche d'Amy. Se faisant il termina sa course fort peu élégamment sur les fesses, évitant de justesse de se retrouver lui aussi à l'eau. Se tenant au Saule, il se redressa et tendit la main à sa camarade.

"Amy !! Attrape ma main"

Bon d'accord il y avait du courant, et se pencher au dessus n'était peut être pas la meilleure idée qu'on puisse avoir. Mais somme toute l'eau n'était pas si profonde que ça.

Ses mains glissaient. L'eau était froide en cette mi septembre et l'air n'était déjà pas très chaud. Tout cela engourdissait les doigts de la bondinette qui peu à peu devenaient insensibles. Elle sentait à peine la rugosité de la branche à laquelle elle s'agrippait avec la force du désespoir. Ses paupières et les dents serrées, la jeune serdaigle concentrait toute son énergie dans ses mains et dans ses prières qui s'élevait vers on ne savait quelle divinité. Peu importe les religions, elle les acceptait toutes du moment qu'elle fut sauvée. Les yeux fermement clos, elle n'avait pas vu arriver le jeune Cooper. Elle ne fut consciente de sa présence que lorsque sa voix lui ordonna de saisir sa main.

Miss Callaghan, qui avait son caractère et refusait d'obéir à quelque ordre que ce soit qui n'émanait ni de ses parents ni de ses professeurs, se trouva bien docile pour une fois et lâcha la branche pour lancer sa main droite vers celle tendue de son sauveur - elle n'avait pas encore pris le temps de voir de qui il s'agissait - mais ses doigts ne firent que frôler ceux d'Allen et elle retomba à moitié dans l'eau, toujours accrochée par sa main gauche. Avec un effort qui lui arracha un gemissement, elle reussit à récuperer la branche de ses deux mains et s'écria en toussant tout ce qu'elle pouvait :

"J'y arriverai pas ! J vais me noyer ! Au secours ! iiiiiiiii ma baguette !"

Les couettes degoulinantes flottant dans l'onde bien agitée, des larmes se melant aux gouttes d'eau de la rivière sur ses joues, la fiere Amy avait l'air bien piteux et regardait, impuissante, sa baguette magique échappée de sa cape, s'éloigner dans le courant.

Allen se tendit le plus possible vers la main tendue... mais pas assez visiblement puisqu'il n'arriva pas a saisir cette dernière, et qu'Amy retomba à l'eau.

Oubliant toute prudence - et sans remarquer la baguette magique qui partait à la dérive - le blondinet sauta à l'au a son tour, en prenant garde de ne pas glisser sur les cailloux qui tapissaient le fond de la rivière. De l'eau jusqu'au dessus du genoux, il fit prudemment quelques pas qui le rapprochèrent d'Amy, se tenant d'une main à la même branche qu'elle. Il ne manquerait plus qu'il tombe aussi.

S'estimant assez près il réitéra sa demande, tendant la main :

"Aller attrape la, il suffit que tu te redresses ce n'est pas si profond"

Facile à dire, moins facile à faire avec le courant, le fond glissant et les trous d'eau.... De plus l'eau traitresse remontait le long de son pantalon, l'imprégnant petit a petit, et elle n'était pas chaude.

Eric remontait le pont en direction du château. Une nouvelle fois, il s'était éclipsé pendant des heures, profitant de l'éloignement pour augmenter sa concentration sur un sujet complexe requérant toutes ses capacités de réflexion.

Il était encore dans ses pensées quand il arriva auprès des 2 jeunes Serdaigles qui semblaient être dans une situation périlleuse, si ce n'était dangereuse. Il s'écoula donc un certain temps avant qu'il ne réalise qu'il n'était plus tout seul, et un temps encore plus grand pour qu'il comprenne la mesure de la situation.

"Aller attrape la, il suffit que tu te redresses ce n'est pas si profond"

*Amy ?*

Ce n'est qu'à cet instant qu'il nota la présence de la jeune fille , qui était en train de se noyer consciencieusement dans l'eau de la rivière.


*Hum...*

Joignant le geste à la pensée (enfin si l'on peut dire), et sans descendre du pont, il porta la main à sa baguette et murmura :

Mobilicorpus

Le corps de la jeune fille commença par s'extirper tout juste assez de l'eau pour lui conserver la tête à l'air libre.
Tout en la guidant d'un mouvement souple de sa baguette, il la fit commencer à avancer vers Allen.

Il rompit le sort quand elle finit par se trouver à moins d'un pouce de distance du jeune garçon, et il reprit son chemin en direction du château, déjà replongé dans ses pensées.

La scène avait du durer en tout même pas une dizaine de secondes, mais c'était suffisant. Avec un peu de chance, son intervention sera passé inaperçue en contrebat, là où se démenaient ces deux élèves.

Un petit pas de plus.... et la main d'Amy était dans la sienne. Le petit blond se jeta presque en arrière, pour ne pas risquer de tomber à son tour dans l'eau plus profonde. il réussit à faire un ou deux pas vers la berge avant de basculer vraiment, entrainant la jeune fille dans son sillage. L'atterrissage se fit dans une gerbe d'eau, et Allen se retrouva les fesses dans l'eau - pourquoi diable semblait elle bien plus froide que lorsqu'il n'y avait que les pieds - aussi mouillé à présent que sa camarade. A aucun moment il ne s'était aperçu qu'ils avaient eu une aide extérieure, trop occupé à faire attention.

Il aurait bien voulu se relever, mais Amy était tombée plus ou moins sur lui, aussi posa-t-il la seule question qui semblait appropriée en cet instant :

"Amy ça va ?"

Si elle n'avait pas déjà été trempée, Amy aurait sûrement protesté contre les éclaboussures que le plongeon d'Allen avait provoquées, pestant contre les garçons qui étaient bien tous pareils et qui ne faisaient attention à rien ! Et étrangement, l'image de Kenny Miller lui vint à l'esprit. Elle songea qu'elle ne l'avait pas vu depuis la cérémonie de la répartition mais l'eau lui dit vite revenir à sa situation actuelle. Une eau froide et cruelle qui endormait sournoisement ses membres, l'obligeant peu à peu à lâcher prise.
Tout près d'elle maintenant, Allen lui criait de se redresser.

"Si tu crois que j'essaye pas ! J'y arrive pas! C'est trop dur ! J vais lâcher et je vais me noyer et j vais mourir et vous serez contents !"

Puis soudain, l'eau sembla la lâcher. C'est réellement ce qu'elle ressentit : l'eau qui l'entraînait semble soudain lâcher prise, décrocher ses griffes mortelles de sa robe. Elle sentit meme son corps s'élever et se déplacer. Elle n'avait pas besoin de tirer sur ses bras pour se maintenir hors de l'eau. La blondinette leva son regard sur Allen qui tendait sa main au maximum. Il ne tenait aucune baguette et n'avait donc pas jeté de sort. Mais alors qui?...

Malgré sa curiosité, Amy n'essaya pas de regarder autour d'eux, persuadée que si elle lâchait la main d'Allen des yeux, le charme serait rompu. Elle lança sa main, agrippa celle du garçon qui l'entraîna en arrière et se retrouva quasiment au sec, néanmoins trempée, allongée sur le jeune homme.

Le rouge aux joues, le souffle court, les muscles parcourus de courants électriques désagréables après des efforts aussi soutenus, elle essaya de se relever, mais retomba assise à côté du serdaigle comme si la rivière lui avait pris ses dernières forces.

"Merci..." réussit-elle à dire entre deux halètements. "J'ai glissé.. sur une pierre... je voulais... mon pendentif... les serpentards..."

Ni l'un ni l'autre n'avait vu Eric et tandis qu'Allen se relevait, Amy sondait l'eau, essayant de voir son pendentif ou sa baguette.

"Allen, ils ont lancé mon pendentif dans l'eau... Et j'ai perdu ma baguette... "

L'eau qui vint remouiller ses joues était légèrement salée cette fois.

Le souffle presque aussi court que celui de sa camarade, Allen passa une main dans ses cheveux, repoussant les mèches trempées qui lui collaient au front. Il était presque aussi mouillé qu'Amy au final. La jeune fille s'étant poussée, pour s'assoir simplement sur la berge juste a côté de lui, Allen se redressa finalement. Les sourcils froncés il essaya de comprendre ce qu'essayait de lui dire Amy.

Bon dans un premier temps, se sécher. Ils allaient attraper la mort à rester ainsi trempés. Glissant la main dans la poche ou il rangeait sa baguette magique, il sortit cette dernière et prononça la formule adéquate. Un mouvement de poignet et quelques secondes plus tard, ils étaient secs de la tête aux pieds. Ce qui était déjà une bonne chose.

Ce qui avait aussi laissé le temps au Serdaigle de réfléchir a ce qu'il allait pouvoir répondre. Allen savait faire beaucoup de choses, mais consoler une fille qui pleurait n'en faisait à priori pas partie...

"On va les retrouver ne t'inquiète pas. Un Accio devrait suffire à te les ramener"

Il adressa un sourire rassurant à la jeune fille.

Pendant qu'elle continuait à scruter les eaux brunes et tumultueuses de la rivière, Amy sentit un souffle chaud l'entourer. En un clin d'œil elle fut sèche et ses couettes retrouvèrent leur légèreté tandis que le vent s'enroulait dedans pour les soulever et jouer avec elles, indifférent à la tristesse de la jeune fille.
L'eau était troublée par la terre que les pluies de septembre avaient fait raviner, le fond en était invisible et les débris de bois et de feuilles semblaient s'enfuir devant un monstre aquatique, tellement le courant les emportait vite. Ses joues sèches furent bien vite remouillées.

"Non on peut pas ! Mon pendentif j'l'ai protégé contre les accio pour pas me le faire piquer et ma baguette est déjà trop loin! C'est de leur faute! Comment je vais faire en enchantements? Et en métamorphoses? Baker va me mettre en retenue ! Tout ça c'est de leur faute! J'les déteste! J'les déteste tous!!"

Se détournant de cette stupide rivière, Amy s'enfuit en courant vers le château alors que de gros sanglots soulevaient ses épaules. Aveuglée par ses larmes, elle trébucha dans une racine et s'étala dans le chemin boueux avant de se relever, de nouveau trempée, ses couettes et ses vêtements maculés de boue pour courir vers le château à l'intérieur duquel elle disparut.

[Dortoirs des filles de Serdaigle ]

[Quelques heures plus tard]

Le soleil achevait bientôt sa course, déjà, il ne substituait plus que quelques rayons rougeâtres dépassant à l’horizon. S’il ne voulait pas rater le couvre-feu, il avait intérêt à se dépêcher. Courant dans les allées humides du parc, le petit gryffondor glissait sur les pierres, négociant plus ou moins bien ses dérapages non-contrôlés.

Quelle idiote. Amy avait passé le dîner à se plaindre. Comme si elle ne l’avait pas cherché. Boudeur sous sa casquette -« c’est l’adolescence » disait sa mère devant son attitude peu coopératrice devenue quasi-permanente- il avait écouté sans rien dire, ayant rejoint les filles à la table de poufsouffle où ils aimaient se retrouver car c’était celle où on accueillait le mieux les élèves des autres maisons. Il avait fini son assiette sans participer à la conversation agitée de Bonnie et Amy, et quitté la table avec un haussement d'épaule :

« De toute façon tu es idiote, si tu ne veux pas te faire embêter, ne cherche pas en te promenant toute seule près d'un groupe de serp ! »

Et le voilà qui se retrouvait à crapahuter comme un imbécile, qu'est-ce qu'il ne fallait pas faire ... Arrivé sur la berge de la rivière, le jeune homme se gratta la tête. Ses yeux se levèrent vers le ciel dont la lumière était en train de l'abandonner. Reculant le moment de pénétrer dans l'eau glaciale, il ôta ses chaussures, remonta son pantalon jusqu'à ses genoux maigres et ses manches jusqu'aux coudes. Quand il fallait y aller ...

...

Lorsque le petit lion regagna enfin le château, il faisait nuit noire et il était trempé comme une soupe. Il ne savait pas quelle heure il était et s'il avait dépassé le couvre-feu mais enfin, il avait accompli sa mission (moins glorieuse que le combat contre des araignées mais tout de même). Entre ses doigts mouillés et boueux, il serrait fièrement une petite chaîne dorée qui retrouverait bientôt le cou gracile de sa propriétaire.

[>Ailleurs]