Milieu de la table de Poufsouffle

[Table de gryffondors]

Coralie avait assister à tout l'éclat de Samuel Gamegie de sa place à la table des Gryffondors et elle sourit. Décidément, elle aurait bien des allié cette année. Elle ne voulais pas perdre de vu cet étudiant. Il était le premier à oser faire un truc pareil. Elle se dit que tous ensemble il allait faire des merveilles.

Elle griffonna à la hâte et en cachette un petit mot qu'elle façonna en oiseau volant. Il se dirigea vers Samuel Gamegie et atterrit dans ses mains.

"Je pense comme vous, et nous sommes plusieur. Rencontrer moi après le banquet pour discuter d'un façon de lui faire payer.

Nous avons un plan

C. D."

[Table des Serp]

C’est devancé d’exactement la longueur de son bras par une jeune Pouf, par la force des choses, que le préfet de Serpy apparut devant Gaëlys, Samuel et Sébastien. Juste à l’heure pour profiter des gesticulations du premier, des provocations du deuxième, d’un crachat visant le troisième et… pour profiter d’une bonne giclée de sauce quand un morceau de rôti toucha le couetté en plein dans la joue, ce qui lui fit lâcher la jeune fille qui put enfin poser ses pieds sur le sol.
Un coup d’œil rapide pour vérifier la provenance du morceau de viande… Colyne… Oliver se demanda brièvement la raison de ce comportement, mais vu qu’avec elle il valait mieux ne rien chercher de logique il reporta à nouveau son attention sur les trois blonds (tient-on un nouveau concept?), plus particulièrement sur le Vert et Argent qui avait maintenant une baguette pointée sur sa poitrine.

"Eh le Pouffy, on ne t’a pas appris à calmer tes ardeurs? Je croyais que vous étiez tous trop gentils pour vous échauffer? Et toi Gamegie tu crois que c’est le moment de faire ton mariole?"
Le préfet affichait un air décontracté tandis qu’il indiquait la table des professeurs d’un signe de tête en souriant comme pour indiquer aux directeurs qu’il avait sous la situation sous contrôle.

"Vous croyez vraiment que vous avez quelque chose à gagner dans l’histoire alors qu’ils sont en train de vous regarder ? Si vous avez des comptes à régler, soyez discrets au moins…"

Puis s’adressant au préfet Noir et Or d’un ton condescendant en désignant le couetté : "Je m’occupe de lui, et toi tu ferais mieux de faire la leçon à ton petit copain si tu veux qu’il finisse son année en un seul morceau. Ce n’est pas les provocations qui vont manquer vu la situation…"

L'année commençait bien. Elle n'avait même pas encore ouvert la bouche (si l'on pouvait dire) qu'on lui faisait déjà subir des sévices corporels. Lorsqu'elle avait constaté une violente poussée de croissance, la fillette s'était mise à crier (n'oublions pas que nous sommes dans une école de fous). Mais en voyant vers quoi on l'ammenait, son cri s'était tu. Sous ses yeux se déroulait un début de bagarre et elle était en première ligne.

*J'ai fait du karaté, j'ai fait du karaté, j'ai fait du karaté* se psalmodia t-elle en guise de protection.

Même si sa seule victime avait été le canapé du salon, elle avait fait du karaté ! Brusquement, ses pieds se reposèrent d'eux mêmes sur le sol, cependant plus brusquement qu'elle ne l'aurait souhaité. Aussi, dotée d'un sens de l'équilibre élevé au niveau zéro, ses chevilles se dérobèrent sous elle et son derrière entra en contact avec le sol de pierre.

Levant le regard vers le jeune homme qui l'avait amené jusqu'ici, elle se mordit l'intérieur des joues. Elle le trouvait terriblement sévère, et d'après ses propos, il venait chercher le garçon à couette, mettant ainsi fin à la bagarre. Un souci de moins. Elle restait néanmoins entourée de fous et était effrayée. Elle devrait trouver des moyens de défense contre tout ce monde, mais quand on mesurait pas plus haut que trois pommes, on n'était pas tellement effrayant.

Détournant son regard vers un grand jeune homme au visage assez rassurant qui se trouvait aux côtés d'une jeune femme, elle inspira un grand coup et eut enfin sa réaction typiquement Paulinesque, à savoir :

"BOUIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIN "

Sûr que l'année allait pas être triste !

Elle entra dans la grande salle, qui à sa grande joie était aussi animée que d'habitude. Cette effervescence lui avait quelque peu manqué pendant les vacances. Elle se rendit compte que le discours du directeur était déjà terminé, alors elle préféra choisir l'option discretion pour aller jusqu'à la table des poufsouffles.

Elle vit avec joie que les plats étaient déjà servis. Les elfes de maison avaient encore fais des merveilles. Elle vit une de ses camarades déjà assise à la table et décida d'aller la rejoindre.

Cependant en s'approchant, elle vit qu'une vive agitation régnait à la table. Elle n'en connaissait pas exactement la raison donc elle préféra ne pas s'en mêler. Mais s'asseyant, elle ne put s'empêcher de remarquer une première année qu'elle n'avait encore jamais vu et qui semblait légèrement bouleversée.

Ne sachant tout d'abord exactement quoi faire, elle se tourna vers cette dernière, et avec un sourire qu'elle voulait apaisant lui dit:

"Salut. Je suppose que tu n'es pas là depuis très longtemps. Moi c'est Amelia, mais si tu ne retiens pas tu peux toujours m'appeler Mel. Et toi dis-moi, comment t'appeles-tu?"

[un matin de début-octobre]

- Vas lui parler !
- Mais arrête !
- Mais allez vas-y !! Qu’est-ce que t’attends ?
- Non j’te dis qu’il est pressé !
- Mais non allez ! Un peu de courage !
- Non ! Laissez-moi tranquille !

La jeune fille aux cheveux bruns, rouge de confusion, s’était éloignée en courant manquant le bousculer au passage tandis que les deux autres, ses « amies » gloussaient dans leur coin du hall. Il avait l’habitude, et souvent cela le faisait sourire surtout quand il s’agissait de 3ème ou 4ème années. Mais ce matin là, Gaëlys n’avait pas le cœur à rire. L’ambiance pesante du château ajoutée à la pression que les préfets sentaient sur leurs épaules depuis plus d’un mois, commençaient à lui miner le moral. Et les quelques petites choses qui lui donnait la force de sourire étaient aux abonnés absents ces temps-ci.

Déjà, il ne voyait pas Liberty aussi souvent qu’il l'aurait voulu : elle, très occupée par son travail à la poste sorcière et lui, par ses études qu’il ne pouvait pas se permettre de laisser aller cette année. Si on ajoutait à ça l'entraînement désastreux de la veille et la pluie qui s’obstinait à tomber sur Poudlard, le tableau était bien gris. Aussi gris que le faux plafond de la grande salle dans laquelle il venait d’entrer, attirant une fois de plus les regard aux cils maquillés, les chuchotements et les gloussements.

Ignorant tout, plongé dans ses pensées pas très joyeuses, le vélane prit place à la table de Poufsouffle faisant piailler le groupe de filles le plus proche et fuir de la table de Gryffondor, par la même occasion, la blonde Sterenn en face de qui il s’était retrouvé un court instant. Secouant la tête, il ajouta du sucre dans la tasse de thé fumant qui était apparue devant lui et tourna un long moment sa cuillère d’argent.

Une agitation gagna bientôt la salle à l’arrivée des hiboux porteurs de courrier. L’un d’eux se dirigea vers le blond préfet et déposa fort dignement devant lui une belle enveloppe de papier fort. Gaëlys, qui avait d’abord pensé à des nouvelles de sa famille, changea d’avis dès qu’il vit la qualité du papier ainsi que l’écriture stricte et penchée qui indiquait

G. Keryann
Maison poufsouffle
Ecole de magie et de sorcellerie Poudlard
Ecosse

On avait veillé à ne pas mettre de majuscule au nom de la maison. On n’avait pas fait l’effort d’écrire son prénom.
Intrigué, il décacheta l’enveloppe et déplia le parchemin.

Citation :: Bonjour Keryann,

Non, je ne me décide pas à t'appeler par ton prénom, peut-être est-ce en signe du bon vieux temps. J'ai du mal à m'habituer à la familiarité des gens d'ici. L'Amérique n'est plus le Nouveau Monde, mais il est encore en pleine adolescence. La crise économique affecte nombre de nos voisins moldus, plusieurs ont mis en vente leur demeure. notre manoir de Salem tient cependant le coup. Mère et moi l'avons amélioré à notre arrivée puis au fil des mois suivants. Déjà six mois depuis que j'ai quitté Poudlard. L'Institut est un bel endroit, on peut y étudier tranquillement, mais je n'ai pas réussi à réunir suffisamment de joueuses pour former une équipe. Ils n'en ont que pour le Quodpot, une version barbare de Quidditch, dépourvue de toute sa classe et sa logique. En Amérique, on fait comme les Américains ne cesse de dire mère. Cependant, Gloucester me manque, les chevaux surtout et il m'arrive parfois d'être nostalgique en pensant aux cachots de Poudlard. Cette folle de Colyne Flint m'écrit sans arrêt des lettres depuis que je suis partie. Comment diable as-tu pu obtenir une étoile de préfet?

J'ai su aussi que tu n'as toujours pas décroché la place que tu souhaitais obtenir? Ne fais pas le surpris, tu sais bien que Serpentard a des oreilles partout.

J'ai mis longtemps avant de t'écrire et j'hésite encore à l'idée de confier cette lettre au Comte, non que je ne lui fasse pas confiance même pour traverser l'océan, mais j'ignore si t'écrire est vraiment une bonne idée. Nous nous sommes quittés très brusquement après tant d'années de disons amicales inimités et notre relation était alors des plus confuses. Je devrais m'en vouloir d'avoir tout abandonné derrière moi sans fermer aucune porte, tu as dû te poser plusieurs questions, mais je n'arrive pas à me sentir coupable. Ma vie a été un véritable enfer ces derniers mois et j'ai préféré consacrer toutes mes énergies à comprendre les changements plutôt que les émotions. J'espère que tu me pardonneras.

Je n'ai pas eu beaucoup d'autres nouvelles de Poudlard ni, je dois l'avouer, de M. Gloucester. Heureusement, mon frère nous tient au courant. Tu sais qu'il a décroché un chaudron d'or au dernier Gala sorcier organisé par le Ministère? Il a aussi obtenu une bourse. Il a pu s'acheter une boutique à Pré-au-lard et nous invite à son inauguration. Voici donc le véritable motif de cette lettre: je serai à Pré-au-lard les 6 et 7 octobre prochains. Je serai ~~heureuse enchantée~~ contente de partager un café avec toi aux trois balais si ta tête de blaireau veut bien. Peut-être avons-nous quelques points à mettre au clair entre nous, car je n'ai rien oublié de notre dernière confrontation. Promis, si tu refuses cette invitation, je ne te lancerai aucune malédiction. J'aurai également mon balai, un tout nouveau vu comme tu as bousillé l'ancien, et nous pourrions voler un peu. Tu pourras admirer la cambrure de ce magnifique Ektarion 158 du célèbre designer new yorkais. Il a une sacrée puissance d'accélération!

Je crois inutile de m'étendre et m'épancher davantage sur ce papier bavard.

Confie ta réponse au Compte si le coeur t'en dit,

Shanaël Gloucester

Interdit, Gaël se passa une main sur le visage, semblant chasser les restes d’un rêve éveillé, et relut la lettre.

« Ca alors… J’aurais jamais pensé qu’elle m’écrirait… »
- Qui ça ?

Le gardien n’avait pas vu l’ombre s’étendre sur la table devant lui et releva les yeux.

Jeter un sort sur un hibou, c’était indigne d’une sorcière bien élevée. C’était comme tabasser un cheval, ou arracher les plumes d’un poussin – c’est-à-dire cruel et stupide. Une jeune fille polie et respectable ne devait pas agresser les hiboux pour récupérer son courrier. Même quand le hibou en question a décidé de faire grève sur les poutres de la Grande Salle, sans lâcher sa missive, ni le colis accroché à sa patte. C’était également valable pour les chouettes, d’ailleurs, même quand la chouette en question était une adorable boule de plumes roussâtres. Sterenn se dévissait le cou pour fixer la dissidente droit dans les yeux et ses lèvres se tordaient de manière presque grotesque tandis qu’elle articulait silencieusement, en exagérant chaque son : « Descends tout de suite ». Comme la chouette ne semblait pas capable de lire sur les lèvres, la blonde commença à lui faire de grands signes. Elle poussa même la comédie jusqu’à se taper la poitrine.

Toi donner courrier moi.

Pour le plus grand plaisir de la principale intéressée, qui ne lâcha pas son courrier pour autant. Au contraire, la pointe de son bec parut s’enfoncer davantage dans le papier de l’enveloppe, comme si elle craignait de la lâcher par inadvertance sur la tête de Gaëlys, qui se trouvait juste en-dessous. Furieuse, Sterenn lâcha sa baguette et l’agita vaguement dans l’air, l’air de dire « tu vas voir ce que tu vas voir ! ». La chouette répondit à cette menace en gonflant son poitrail chargé de plumes, sans avoir l’air particulièrement impressionnée. Elle piétina son perchoir puis s’immobilisa. Sterenn résista à une furieuse envie de lui jeter quelque chose à la tête. N’importe quoi, sauf sa baguette.

A nouveau, elle fit signe à la chouette de descendre.

A nouveau, la chouette l’ignora superbement.

Et à nouveau, Sterenn maudit la créature sur plusieurs générations. Elle regrettait que sa grand-mère ait mis son vieil hibou grand-duc à la retraite. Cette petite chouette était beaucoup trop facétieuse à son goût.

Franchement agacée, la jeune fille blonde s’approcha de Gaëlys, pour être près du perchoir lorsque la chouette lâcherait sa lettre. Quand elle fit à nouveau des signes à l’oiseau, la sorcière crut saisir une lueur de malice dans ses yeux d’ambre.

Elle comprit qu’elle entrait dans le jeu de la gréviste, et décida de l’ignorer, jusqu’à ce qu’elle vienne se poser sur une table.

Il fallait qu’elle fasse mine de s’intéresser complètement à autre chose.

Tiens, à la lettre de Gaëlys, par exemple.

"Qui ça ?"

Puis, presque perfidement :

"Une amoureuse ?"

Que Liberty soit végétarienne, ce n'était un secret pour personne. Qu'elle dérogeait de temps en temps à la règle, surtout les veilles de match, ça aussi on y était habitué. Mais Liberty écolo, ça c'était une nouveauté qu'elle même commençait tout juste à expérimenter.
"Au moins une chose pour laquelle les sorciers devraient prendre exemple sur les moldus", avait-elle déclaré la veille de ce matin-là au petit déjeuner à la table des Serdaigle, en croquant dans sa tartine de pain bio à la confiture de coing artisanale du marché moldu que ses parents venaient de lui envoyer par hibou. "Les hiboux ne consomment pas de carburant", avait-elle répondu à un Serpentard qui, se croyant malin (que faisait-il là d'ailleurs ??), lui avait répliqué que transporter des marchandises était tout sauf écolo.
Depuis qu'elle avait appris que l'élevage massif de bétail était la plus grosse cause d'émission de gaz à effet de serre, elle s'était mis en tête un nouveau projet. Dès que cette foutue histoire avec Finchley serait finie et que William Kay serait revenu, elle lui demanderait (et il lui devrait bien ça) d'exiger que les elfes de maison ne cuisinent que du bio, et ne servent de viande que quatre fois par semaine (il fallait bien absorber du fer avant les entraînement de Quidditch). C'est d'ailleurs avec l'intention de répandre sa bonne idée, et celle de s'avaler un bon bol de chocolat chaud, dont le cacao serait issu du commerce équitable, et le lait de vaches de la campagne de Pré-au-Lard, qu'elle se rendit dans la Grande Salle ce matin-là.

Avant même de se diriger vers la table de Serdaigle, sa première action était, comme tous les matins, de jeter un coup d'oeil dans la direction de celle des Poufsouffle. La chevelure qu'elle espérait y voir, aussi blonde que celle de Liberty, était bien là, sur la tête du grand et joli gardien des Wild Badgers, apparemment occupé à lire un courrier (il serait sûrement enthousiaste quand elle lui raconterait son idée !). Mais, ce qui était loin d'être inhabituel, celui-ci était entouré par une troupe de gardes du corps féminines. celle de Sterenn, plus particulièrement, avait le don de l'agacer. Peut-être parce qu'elle était plutôt jolie (sûrement plus qu'elle en tout cas), sportive (moins qu'elle !), et qu'elle dévisageait toujours Gaëlys d'une drôle de façon...Difficile à dire si ce qu'elle lisait dans le regard de Sterenn était plus proche de la nausée ou de l'intense désire désir sexuel, toujours était-il qu'elle le regardait, et c'était suffisant pour agacer Liberty.

La petite Serdaigle au poignet plâtré entreprit de s'approcher discrètement de son petit ami ( ), silencieuse comme un vivet, et ne put que surprendre le petit bout de conversation qu'échangaient les deux jeunes gens. Elle ne put également manquer le réflexe de Gaëlys qui s'était empressé de replier la lettre au son de la voix de Sterenn.

"Bonjour ! ^_^" lança-t-elle simplement, comme un cheval sur la soupe (oui, oui), tout en glissant ses doigts dans la chevelure blonde du préfet des blaireaux. "Une amoureuse ? Ah non, je t'ai rien envoyé !"

Nom de Merlin !

Gaëlys avait violemment sursauté en entendant la voix devant lui. Tous ses réflexes de gardien s’étaient envolés, il avait replié (ou plutôt chiffonné) si rapidement et si maladroitement sa lettre que celleci était tombée sur le banc. Il s’employait à la récupérer et à la remettre dans sa poche tout en cherchant ce qu’il allait bien pouvoir répondre à Liberty. Son rapide coup d’œil lui avait juste permis de prendre quelques indices : des cheveux blonds, un pull violet, des yeux clairs, le tout associé à une voix féminine que sa panique ne lui avait pas permis d’identifier, faisant tirer à son esprit affolé de mauvaises conclusions.

« Nan, nan, ça va ma chérie ? Je t’ai ch... »

Il avait relevé les yeux, sa lettre enfin cachée dans sa poche, et se rendait compte de son erreur. Sterenn ! C’était Sterenn ! Ses joues s’empourpraient alors que ses yeux bleus ne quittaient pas ceux, agrandis, de la blonde Gryffondor. Comment avait-il pu les confondre, bordel !

La voix de Liberty, la vraie cette fois, ainsi que la caresse de ses doigts dans ses cheveux le fit se retourner vivement.

« Lib ! Hello ! Heu, désolée Sterenn, j’ai … *confondu*… cru que tu… enfin que vous… »

Sa pouffitude le rendant confus et incompréhensible, Gaëlys secoua la tête et laissa les deux filles se toiser du regard. Pour peu, on aurait vu des éclairs les reliant, chacune de son côté de la table, Sterenn les bras croisées, les lèvres pincées et Liberty, sa main possessive maintenant posée sur sa nuque.

Et les mots de Shanaël qui lui tournaient dans la tête : « Comment diable as-tu pu obtenir une étoile de préfet? » Ce n’était pas faux. Il était vraiment trop stupide.

La lettre semblait du coup avoir été oubliée et c’était bien comme ça. Il n’allait pas en reparler, Liberty l’oublierait peut-etre. Après tout, il en recevait souvent des lettres. La joie d’être en partie vélane. Oui, il allait faire comme si de rien n’était.

« Vous allez bien ? »

Son regard passa de l’une à l’autre. Il enroula son bras autour de la taille de la Serdaigle et l’attira sur ses genoux.

« Tu voulais quelque chose Sterenn ? Si c’est pour l’entrainement d’hier, je suis désolé, je ne pensais pas qu’on prendrait autant de temps… »

Puis quelque chose tomba. Un « truc » tomba du plafond, s’écrasant sur la tête de la pauvre gryffondor qui s’effondra à son tour sur les dalles. Surpris, Gaël se leva d’un bond, laissant tomber Liberty au sol, pour voir la gryffondor, assise et se frottant la tête, un gros paquet carré éventré près d’elle. On entendit des rires et un bruissement d’ailes.

Sterenn n’était pas une déesse du calcul, ni une reine de l’algèbre, mais les équations simples ne lui posaient aucun problème particulier. Celle offerte par Gaëlys était d’une simplicité enfantine. Une lettre mystérieuse, plus une tentative pour faire disparaître la missive, plus un mouvement maladroit, plus un regard de bête traquée autour de soi ne pouvaient donner qu’un seul résultat logique : une lettre qui ne devait pas passer entre toutes les mains. Horrifiée, Sterenn se tordit les doigts. Bien sûr, elle savait, et avait toujours su, que le beau Gaëlys était comme tous les garçons, arrogant, menteur et volage – mais une petite part d’elle avait décidé que le préfet de Poufsouffle avait un petit quelque chose de différent, et qu’elle pouvait lui faire confiance. Elle était désespérée de voir toutes ses illusions s’écrouler si vite, comme un château de cartes sous un soupir, et furieuse de s’être laissée berner si facilement. Heureusement que sa grand-mère avait la solution à tous ses problèmes. Si seulement cette maudite chouette acceptait de descendre de son perchoir... Ce fut le moment que choisit Gaëlys pour répondre, et...

Sterenn passa par toutes les gammes de couleur possibles et imaginables pour une peau humaine. Tout d’abord, elle rougit jusqu’aux oreilles. Puis elle devint pâle comme une morte, avant de verdir, une seconde avant de rougir à nouveau. Comme elle retenait son souffle, estomaquée, sa peau récupéra sa couleur naturelle, blanche, mais si claire que quelques veinules bleues apparurent au coin de ses yeux, avant d’estomper. Ché... Chérie ? Bouleversée, furieuse, blessée, effrayée, la jeune fille se serait sans doute lancée dans un nouvel arc-en-ciel si Liberty n’était pas entrée dans la danse.

La Gryffondor sursauta, comme un cheval piqué par un taon, et jeta un regard choqué à sa rivale. Elle n’appréciait pas Liberty en temps normal, et refusait que cette blondasse la découvre en position de faiblesse. Elle se força à prendre une grande inspiration et sentit le sang revenir vers ses pommettes. Aucune glace ne pouvait lui confirmer que ses joues avaient récupéré un semblant de couleur, mais elle avait en tout cas récupéré assez de courage pour rendre son regard à la Serdaigle.

Gaëlys tenta de détendre l’atmosphère en demandant de leurs nouvelles, mais Sterenn ne lui adressa qu’un coup d’œil, avant de reporter toute son attention sur Liberty.

"Ce n’est pas..."

Ce n’était pas à cause de l’entraînement qu’elle était là, mais Newton, Murphy et le vieux hibou de sa grand-mère avaient décidé qu’elle ne terminerait pas sa phrase. En effet, son aïeule avait envoyé son plus fidèle messager à la poursuite de la petite chouette, et le vieux serviteur de la famille ne se fit pas prier, lui, pour donner son colis à Sterenn. Sauf qu’il ne savait plus viser, et que le paquet tomba pile sur le crâne de la destinataire, au lieu de s’écraser sur les dalles voisines. Tout devint noir devant les yeux de la Gryffondor, qui s’écroula sur le sol de la Grande Salle. La petite chouette poussa un cri de terreur et lâcha son courrier à son tour – la lettre décrivit une spirale paresseuse avant de plonger dans le verre de jus de fruit de Gaëlys.

Pendant ce temps, Sterenn récupérait plus ou moins ses esprits. Sanglotant de douleur, de frustration et de colère, elle tenta d’écarter Gaëlys, mais ses gestes étaient mal assurés, et une douleur atroce lui vrillait le crâne dès qu’elle faisait un geste brusque.

"Pourquoi vous en avez tous après moi ?!" finit-elle par gueuler, à bout de nerfs, à moitié redressée sur ses coudes, des larmes plein les yeux.

Quelque chose se tramait. Ce n'était pas normal que Gaëlys paraisse aussi confus, pas normal la tronche que faisait Sterenn. Que cachaient-ils donc ces deux là ... ?
Attirée sur les genoux de son petit ami, Liberty agrippa inconsciemment la chemise de Gaëlys, sans pour autant quitter Sterenn du regard -qu'elle lui rendait, plutôt farouche. Elle ne répondit pas à la question du gardien des Bagders, mais ses prunelles azur pleines de suspicion naviguèrent tour à tour entre Gaëlys et Sterenn, puis de Sterenn à Gaëlys.
La fameuse lettre à l’origine de la nervosité de ce dernier était déjà sortie de son esprit, tout comme sa superbe idée de nourriture bio dont elle était si fière à peine quelques secondes auparavant. Et puis, aussi soudainement et de façon aussi surprenante que possible, Sterenn s’écroula devant eux. Alors qu’elle se levait d’un bond pour secourir la Gryffondor, Gaëlys semblait avoir eu le même réflexe et un entremêlement de jambes se produisit, faisant perdre l’équilibre à la petite préfète qui tenta de s’accrocher du bout des doigts au bord de la table, mais glissa et se retrouva finalement étalée sous la table, sur le flanc, protégeant son poignet plâtré et priant pour ne pas tomber sur la valide.
Lorsque finalement elle se rendit compte qu’elle n’avait rien, elle se redressa comme elle put, tentant d’éviter la mare de lait et le bol cassé qu’elle avait entraîné dans sa chute.
De l’autre côté de la table, Gaëlys était déjà penché sur Sterenn, comme d’autres élèves qui s’étaient précipités pour voler à son secours. Frustrée, Liberty s’assit là où elle était, c’est-à-dire sous la table.
Sterenn, qui bientôt reprit conscience, semblait au bord des larmes. Qu’est-ce que c’était que ce cinéma maintenant ? Pourquoi se mettait-elle à chialer ? Un horrible sentiment que quelque chose lui échappait serra le cœur de Liberty. Elle posa un regard méfiant sur Gaëlys. Elle attendait, tenant son poignet plâtré dans sa main valide, que son petit ami se rappelle de son existence.

Gaëlys lâcha la gryffondor dès qu’elle le repoussa, de peur de lui faire mal là où elle aurait pu être blessée. Un regard attentif sur le haut de sa tête lui permit de voir qu’elle ne saignait pas. C’était déjà ça.

Elle s’était mise à pleurer, criant que tout le monde en avait après elle, réflexion qui fit froncer les sourcils au blond préfet. Cette fille était-elle la proie de maltraitances répétées sans qu’aucun des préfets ne s’en soit rendu compte ? Finalement cela expliquerait l’attitude de Sterenn, toujours sur la défensive, se raidissant dès qu’il s’approchait d’elle et évitant tout contact. Mince !

Un élan de culpabilité lui vrilla le cœur et, peut être dans le but idiot de se rattraper, il la prit par la taille et l’aida à s’asseoir. Une fine ligne de sang coulait de sa lèvre qu’elle avait du mordre sous le choc du livre qui lui était tombé dessus. Gaëlys sortit un mouchoir en papier de sa poche et essuya la vilaine ligne rouge.

« Qui est-ce qui en a après toi Sterenn ? Tu peux avoir confiance en moi et m’en parler tu sais ? Personne n’a le droit de te faire du mal sans qu’on réagisse. »

Le livre gisait non loin de là. Il le ramassa et le posa sur la table juste derrière la blonde 4ème année. Ce faisant son regard était tombé sur Liberty qui restait assise sous la table. Il lui tendit la main avec un sourire à faire fondre le cœur de toutes les statues et armures du château.

« J’suis désolé, j t ai fait mal ma belle ? Ca va ? Reste pas là, viens ^^ Comment va ton poignet ? »

Il avait attrapé la main de sa petite amie et la tira vers lui. Tout ça lui avait fait oublier la lettre qui restait sagement dans sa poche. Le piquant d’un coin de papier contre sa cuisse lui en rappela l’existence. Il y penserait plus tard. Et il y répondrait aussi.

Les deux filles étaient maintenant assises l'une à côté de l'autre et lui restait, un genou à terre, devant elles. De loin, il entendit glousser et piailler et une vois féminine s'élever.

"Y'en a qui ont de la chance quand même ! Quelqu'un peut me faire un croche-pied que je me mette à pleurer comme une sainte nitouche? Hey Wilson t'as réussi ton coup! T'attends quoi pour l'embrasser ton préfet ?"

Des rires. Ca venait de la table de Serpentard. Gaëlys envoya un regard noir aux imbéciles.

Sterenn avait conscience que sa réaction était disproportionnée, mais même la voix de la Raison ne pouvait rien contre la boule de rage, de chagrin et de frustration qui enflait au creux de son estomac. Pourquoi ? Pourquoi ? Pourquoi ce corps de femme, pourquoi ce cœur de midinette, pourquoi ces rêves de gamine, pourquoi tomber amoureuse ? On jurait d’aimer toujours, et on se séparait un beau jour, en abandonnait le fruit de cette union à la tendresse des chevaux. On confondait son aimée et une élève lambda à cause d’une couleur de cheveux similaires. Pourquoi ? On n’était pas censé reconnaître son odeur entre cent, sa pas entre deux cents, sa voix entre trois cents ? Sterenn ne pouvait pas confondre Gaëlys avec un autre garçon, elle. Même un autre Pouffy. Même un autre Pouffy blond. Impossible.

Elle entendait des rires, cruels, dans tous les coins de la Salle, et résista à une furieuse envie de prendre sa baguette, pour tous les faire taire. Elle était sans doute ridicule, mais n’appréciait pas leurs moqueries pour autant. Silence, stop, c’était trop ! Complètement submergée, la jeune Gryffondor sentait ses nerfs échapper à son contrôle. Sa vision se voila sous ses larmes, ses doigts devenus crochets battirent l’air, écartant sans pitié les élèves venus l’aider, alors qu’elle s’appuyait sur un coude, en tentant de se redresser. Quand elle cessa de s’agiter, Gaëlys l’aida à se relever et à s’asseoir, avant de tamponner délicatement sa lèvre inférieure, étrangement douloureuse, avec un mouchoir en papier. Ses mains étaient sur ses genoux, serrant le tissu de sa robe de sorcière. Elle ne moufta pas. Elle ne le repoussa pas mais ne le remercia pas non plus. Elle ne répondit pas davantage à ses questions inquiètes. Et lorsqu’il reporta son attention sur sa chérie, elle rafla son bouquin, récupéra la lettre imbibée de jus de fruits, le colis de la petite chouette, tombé en plein milieu de la table, et se leva, prête à partir.

Non sans avoir lancé un regard incendiaire aux Serpentards.

"Un Gryffon gagne un baiser. Il n’attend pas qu’on le lui donne. Mais je comprends que cette notion échappe aux crapauds que vous êtes"

Furieuse, elle adressa un dernier coup d’œil à Gaëlys, faisant danser son interminable crinière blonde, avant de se diriger vers la sortie, d’un pas martial.

Recalée sur le banc de touche. Voilà comment Liberty se sentait. Par simple réflexe protecteur, elle se tenait le poignet plâtré, bien qu'elle n'eut pas mal, mais ne pris pas le peine de répondre à Gaëlys. Elle se contentait de le foudroyer d'un regard accusateur.
De quoi le Poufsouffle était-il coupable ? Ca, Liberty n'en savait rien pour le moment, elle le sentait, c'est tout. Même le regard enchanteur et le sourire lumineux du demi-vélan ne parvinrent pas à la soustraire à cette idée.
Et puis, il y avait quelque chose de pas clair entre lui et Sterenn.
Lorsqu'une voix se fit entendre depuis la table des Serpentard, le regard azur de la petit préfète se transforma en Avada Kedavra, avant de tout simplement lever les yeux au ciel d'exaspération à la réponse de Sterenn. Elle était ridicule. Cette fille se donnait en spectacle et en plus elle était d'un prétentieux !

Liberty regarda la Gryffondor s'éloigner de façon théâtrale, et n'ouvrit de nouveau la bouche que lorsqu'elle fut sortie de la Grande Salle.

"Qu'est-ce que tu me caches ?" lâcha-t-elle simplement à l'intention de Gaëlys. Sans détour.

Ce qui est bien dans ces situations, c’est qu’on n’est pas du tout le centre d’attention. Surtout quand ça se passe au milieu de la grande salle, en pleine heure de pointe, et que les derniers ragots se sont éteint de leur belle mort depuis peu.

Ce qui est bien aussi c’est que dans ces cas là, les élèves font un silence qui rendrait n’importe quel prof envieux, un tel silence que même vos murmures semblent claironner jusqu’aux plus hautes flèches du château.

Sterenn était sortie, drapée dans sa dignité, Liberty le fusillait du regard. Gaëlys écarta les bras, paumes levées.

« Mais rien ! Qu’est-ce que tu veux que je te cache ? »

Le regard de la blonde alla une fois de plus à la porte par laquelle la blonde Gryffondor avait disparu et plusieurs choses revinrent à la mémoire du Pouffy : les moqueries des serp, la réponse de Sterenn à propos de baiser qu’on donne, le regard incendiaire de Liberty... Non.. Elle ne croyait quand même pas que…

« Tu ne crois quand même pas qu’il y a quelque chose entre Sterenn et moi ? Mais c’est une gamine !! Nan mais là c’est n’importe quoi ! Elle réagit comme les autres à mon sang vélane c’est tout ! Qu’est-ce que j’y peux moi ? Tu vas pas m’en vouloir pour un truc que je ne peux pas maîtriser non ? Non parce que là ça va pas aller hein ? Comment tu veux que je fasse ? Par moment t’es pas possible Shan… »

…

« …Lib ! »

Débilité profonde : 1 – Gaëlys Keryann : 0

Le beau préfet était parti dans ses justifications, confuses, désordonnées, un peu trop véhémentes pour paraître tout à fait innocentes, mais Liberty était prête à se contenter de cette explication pour le moment. Après tout, ce n'était pas de sa faute si son charme faisait effet sur Sterenn, et même si c'était très, très agaçant, elle ne pouvait nier qu'en ce moment même, il faisait effet sur la petite Serdaigle également, refrénant ses élans belliqueux.
Du moins, jusqu'à ce que Gaëlys l'appelle par un autre prénom. Liberty leva l'un de ces sourcils blonds comme les blés, et ses yeux azur scrutèrent longuement le Poufsouffle sans rien dire. Faisant durer volontairement le suspens, elle le dévisagea silencieusement pour tenter de déchiffrer l'expression de son petit ami, qui n'avait en fait rien de très mystérieuse : il transpirait la culpabilité et le stress de se faire pincer. Mais de quoi était-il coupable ?
Finalement, elle sortit sa baguette magique d'un geste vif et décidé sans quitter le Poufsouffle du regard, se retroussa les manches... et fit disparaître à l'aide d'un sortilège la cascade de lait et de jus de citrouille renversés sur la table, sur le banc et les dalles de la Grande Salle.

"Il faudra que tu me fasses une liste de toutes tes amoureuses, histoire que je sache où je me situe," ironisa-t-elle, ce faisant.

Autour d'eux, mis à part quelques Poufsouffle à leur table qui continuaient à les observer du coin de l’œil tout en faisant mine de s'intéresser à autre chose, les autres élèves avaient commencé à se désintéresser de la scène, le plus théâtral étant de toute évidence passé.

» Table de Poufsouffle
» [invasion] table de poufsouffle
» Extrémité de la table près de la table des professeurs
» Milieu de la table de Serpentard
» Milieu de la table de Gryffondor