Devant l'entrée de Poufsouffle

Très tôt le matin de la rentrée, le réveil posé sur la table de nuit qui bordait le lit du fond des dortoirs des filles de Serpentard s'était éveillé. Après quelques flexions, il avait sauté sur le lit voisin et commencé à réveiller sa propriétaire en tirant sur une des nattes qu'elle portait pour dormir.

Le rêve de Colyne s'était soudain changé en un cauchemar où William Kay lui tirait les cheveux pour la faire sortir de force de la salle de divination et elle s'était réveillée en sursaut pour constater que tout cela était du à son réveil. Après une grattouille entre ses rouages, l'engin était reparti somnoler sur sa table de nuit et elle s'était levée, douchée et habillée avec un certain empressement. Il en résultait un assemblage étrange d'uniforme et vêtements moldus : jean en dessous de la jupe plissée. Le reste était assez conforme à la tenue exigée par le collège. La coiffure aussi si on omettait le fait que seulement une des trois couettes de la jeune fille était ornée d'un ruban de velour noir. Celle de droite.

Au moment d'enfiler ses chaussures, Colyne se souvint soudain qu'elle devait emporter un objet. Un objet qu'elle chercha bien durant 10 minutes dans sa malle, déballant tout ce qu'elle contenait et réveillant la moitié du dortoir par la même occasion, ce qui, visiblement, ne plaisait pas à tout le monde. Lorsqu'elle l'eut enfin trouvé, elle se redressa, le fourra dans sa poche de jean et, sans rien ranger, ni songer à se chausser, sortit du dortoir et de serpentard.

Veillant à ne pas poser un orteil sur les joints qui séparaient els dalle, la jeune demoiselle gagna le hall encore désert et bifurqua vers les cuisines. Là elle prit un couloir sur la droite et avança jusqu'au une porte en bois solidement fermée. Ne connaissant pas le mot de passe des blaireaux, elle s'adossa au mur et commença de chantonner en attendant soit que quelqu'un sorte, soit que quelqu'un entre pour pouvoir demander à voir Sébas...tien. Comme l'attente se faisait longue, elle engagea un jeu de devinette avec un esprit qui hantait le tableau voisin de la porte de Poufsouffle.

"Un être de la nuit qui ne vit que le jour? Hummmm.. voyons.... hummmm...."

[Ouvert à tous les poufsouffle qui auraient vu Sébas..tien ou pas ]

7h00, Poudlard somnole. Le soleil se lève paresseusement tandis que quelques rares élèves se dirigent mollement vers les salles de bain et que de très rares courageux s’affairent déjà, profitant de la brève tranquillité matinale.

L’agitation de la veille avait été telle, entre le lynchage dans la Grande Salle, l’altercation avec Samuel Gamegie, l’interrogatoire en bonne et due forme par ses camarades Poufsouffle et les évènements inhérents à toute rentrée scolaire normale qu’on ne placera pas le grand blond dont la tête dépasse d’un des fauteuils dans la catégorie des courageux, la vérité étant qu’il ne s’était pas vraiment couché.
Pour l’heure, il ne faisait que regarder la cheminée d’un œil morne en jouant machinalement avec ce qui ressemblait étrangement à une pierre précieuse d’un rouge grenat.

Ce n’est qu’en entendant les premiers élèves sortir des dortoirs que Sébastien Windfall, 7ème année de son état, se décida à se lever, bien décidé à éviter toute nouvelle séance de torture. Il s’empressa de prendre ses affaires éparpillées, arrangea les plis de sa robe et jeta la petite pierre dans sa bouche avant de se diriger d’un pas résolu vers la porte qui le mènerait dans les couloirs.

*Pomme, tout va bien.*

"Hé là, jeune homme, où allez-vous de si bon matin ?" fit une voix enjouée.

Le Français reconnut immédiatement la seule personne qui serait capable d’être si joyeux de si bon matin : le Moine Gras, le fantôme des Noirs et Or. Il s’efforça de répondre le plus poliment du monde tout en se glissant vers l’extérieur.

"J’ai rendez-vous, cher ami."
Il poussa fermement la porte pendant qu’une tête translucide la traversait.
"Allons, quelle genre d’engagement un élève normalement constitué aurait-il à cette heure-ci ?" fit le moine de l’air entendu de celui qui a été lui-même étudiant, fut-ce en des temps plus reculés, avant d’apercevoir une jeune fille qui avait l’air de réfléchir devant un tableau.
"Oh, oh, oh. Ce genre d’engagement… bien sûr." fit-il d’un air tout aussi entendu auquel vint s’ajouter un sourire très appuyé. Il fit passer son bras à travers la porte et donna un coup de coude fantomatique dans les côtes du 7ème année en lui adressant un clin d’œil tout sauf discret avant de disparaître.

Sébastien fixait la Serpentard d’un air ahuri, il n’avait pourtant pas réellement rendez-vous, si?

* La fille du train…*

Une fugace vision d’une araignée imprimée sur une petite culotte lui traversa l’esprit pendant que le bonbon qu’il avait dans la bouche prenait un goût étrange dont il n’osait imaginer la provenance originelle. Le tout se traduisit par un improbable rictus coincé entre deux pommettes écarlates.

"Sont bons… tes bonbons… mais je crois que je te l'ai déjà dit..." furent les seuls mots qu’il réussit à articuler tandis que ses yeux fixait désespérément la seule couette enrubannée de la 6ème année dans la crainte de croiser son regard.

Sébastien vit la couette enrubannée se rapprocher graduellement, à tel point qu’il commençait à loucher quand il sentit les mains chaudes et douces de la Serpentard lui prendre la sienne et que le visage de la dite-Serpentard rentra dans son champ de vision. Il fit un pas en arrière pour ramener ses yeux à leur place habituelle tandis qu’il sentait ses joues chauffer de plus belle et que la jeune fille se mettait à parler très vite.
Il se sentit se soulager de ne pas avoir à répondre, pour ne pas lutter contre une crise de bégaiement, quand elle s’interrompit pour chercher quelque chose. Ce soulagement se mua cependant bien vite en angoisse puis en une gêne étouffante quand le blondinet la vit fouiller dans ses vêtements et que son regard se posa sur son décolleté. Ses globes oculaires virèrent de bord si vite que la tête lui en tourna, mais peut-être n’était-ce pas pour cette unique raison.
Un gloussement sembla se rapprocher quand la tête du Moine Gras traversa un tableau sans se soucier de ses occupants, bien que ceux-ci ne s’en offusquèrent pas pour autant tant ils semblaient captivés par la scène.

"Dites-donc, elles se dévergondent à notre époque." fit le fantôme d’un ton presque envieux.
"C’est une honte !" protesta l’une des occupantes avec une voix haut-perchée.
"Taisez-vous, il y en a qui essayent de dormir!" coupa une voix caverneuse provenant d’un autre tableau.

Le jeune homme, lui, n’entendait plus rien d’autre que la voix de Colyne et il la sentit bientôt se coller à lui en passant ses bras derrière sa nuque. Ses joues s’empourprèrent encore davantage, si tant est que cela était encore possible, et il ne comprit que vaguement qu’elle venait d’accrocher quelque chose à son cou.
Elle avait parlé des loups-garous et s’inquiétait pour lui, il n’était pas sûr qu’il existe réellement un talisman pour les éloigner mais il était touché par l’attention de la 6ème année et il se détendit même en imaginant la tête du professeur Gemma quand son élève lui annoncerait qu’il porte un repousse-vampire autour du cou.
Alors comme ça, on parlait de lui aussi dans les autres maisons ? Eh bien, cela n’annonçait pas réellement une rentrée facile, même s’il doutait de la possibilité de la chose au vu des récents évènements, alors avoir quelqu’un qui s’inquiète pour lui avait quelque chose de réconfortant.

"Je te remercie...sincèrement." dit-il, en croisant enfin le regard de la jeune fille.

La grande majorité des élèves de Poudlard étaient maintenant réveillés et le vacarme quotidien emplissait peu à peu les couloirs. Quelques Poufsouffle quittaient maintenant leur salle commune, les uns somnolant encore, les autres lançant des regards à la fois étonnés et inquisiteurs à celui qui s’était enfui de Poudlard et fait renvoyer Kay et la Serpentard assez folle pour revendiquer aimer les cours d’Arts Divinatoires. Qu’est-ce que faisait un Serpy devant la salle commune des Poufsouffle d’ailleurs ? Ça sentait le coup fourré, ça. Et tu sais, lui là, il paraît que…

Le moment idéal pour s’éclipser. Le français n’y réfléchit pas à deux fois.

"Hmm oui, ça te dit qu’on aille petit-déjeuner ensemble?"

Et pendant que le Moine Gras prenait discrètement les paris et que Shade ronflait tranquillement sur son "nid", il lui tendit la main en guise d’invitation.