Animalerie magique

(depuis la rue)

Sans surprise, les parents de la petite Alice cédèrent bien vite au numéro d'attendrissage option lacrymo de la petite qui bondit littéralement de joie en poussant des cris victorieux en voyant l'expression résignée bien qu'attendrit de ses géniteurs gagatant. Ne lui restait donc qu'a retourner la boutique afin de trouver l'animal de ses rêves, qu'elle ne doutait pas un seul instant trouver dans une boutique de magie. Bah oui, la magie ça permet de tout faire, hein, donc y doivent forcément avoir des chattes noires avec un croissant de lune sur le front et qui pouvaient parler !

Forte de cette certitude, Alice ouvrit avec entrain la porte qui alla joyeusement percuter le mur dans un vacarme provoquant une soudaine recrudescence d'agitation au sein de la faune rassemblée dans l'établissement. Mais on pouvait tout aussi bien croire que l'incident avait été provoqué par le vent, ou bien les Moonster un rien hagard qui s'encadraient bêtement dans l'ouverture, puisque la petite aux yeux vairons s'était immédiatement précipitée à l'intérieur et cavalait d'un bout à l'autre de la ménagerie en agitant ses petits bras avec un enthousiasme mignon et en poussant de petits cris de ravissement à chaque bestiole qu'elle apercevait et trouvait adorable malgré que l'animal lui rendait un regard torve et méfiant, effrayé par cette agitation soudaine. Quand il ne tentait pas de se ronger un chemin au fond de sa cage pour fuir la tornade.

Les parents de la fillette entrèrent à leur tour avec méfiance, comme craignant de se faire agresser par quelque créature abominable venue d'on ne sais où, mais sûrement pas d'un endroit recommandable, adressant aux quelques clients un vague sourire d'excuse manquant franchement d'assurance. Maman Moonster tenta bien d'attraper sa choupeste au vol, mais Alice avait pas loin de onze années de pratique dans l'esquive maternel et la clientèle se vit offrir le spectacle somme toute divertissant d'une Moldu courant dans l'espace réduit après sa Sorcière de gamine surexcitée qui ne semblait plus savoir où donner de la tête et, dans le doute, vouloir tout voir en même temps. Ouvrir toutes les cages aurait sans doute donné à peine plus de foutoir.

Liam venait de sortir sa bourse pour payer l'animalier quand un cri strident lui fit tourner la tête, interloqué. Qu'est-ce qui se passait dehors, on écorchait un cochon ? Le jeune homme lança un regard perplexe vers l'employé en train de ranger ses paquets de nourriture spéciale niffleur dans un sac qui, pour toute réponse, haussa les épaules. Tant que le cri ne venait pas de ses propres cages, il ne s'en préoccupait pas.

Le serdaigle remercia en attrapant ses achats mais n'eut pas le temps de sortir que la porte s'ouvrait avec perte et fracas, faisant sursauter tous les clients présents. Une tornade sautillante pénétra à l'intérieur, suivie de deux adultes qui devaient être ses parents, qui, l'air hagard, ne montraient pas beaucoup de réaction au départ sur les chapeaux de roue de leur fille. Difficile de croire qu'une aussi adorable enfant ait pu donner autant de voix l'instant précédent. Elle ne paraissait pas très vieille, d'ailleurs Liam, peut habitué aux plus jeunes, ne lui aurait pas donné 11 ans. Quand enfin la poursuite démarra, le spectacle devint plutot divertissant et immobile au comptoir, le brun camoufla un sourire derrière sa main. Les autres clients se protégeaient comme il pouvait du souk sans trop oser élever la voix, la gamine adressant de temps à autre de si choupis sourire que personne ne se décidait à la rappeler à l'ordre.

Entre les cris qu'il avait entendu dehors, ceux de ravissement à présent et les paroles de ses parents, Liam avait plus ou moins réussi à mettre le doigt sur ce qui intéressait la petite. Gamin, il aurait bien aimé aussi avoir un chat, mais la découverte des niffleurs et de leur extraordinaire odorat l'avait conquit. Le serdaigle caressa distraitement un châton noir qui miaulait faiblement, dans un petit bac à côté du comptoir. Celui-ci avait pour l'instant échappé à l'inquistion de la demoiselle, mais elle se rapprochait. Soulevant la petite bête, Liam devança l'enfant :

"C'est un comme ça qui te plairait ? Je sais pas si c'est une fille ou un garçon."

L'ouïe d'un enfant capricieux est une chose étonnante, d'une sélectivité absolue. Autant les oreilles d'Alice ne semblaient pas capter les appels au calme de sa mère qui la suppliait presque de cesser de mettre la boutique sens dessus-dessous dans sa quête d'une importance capitale pour son avenir direct autant que lointain, pas plus qu'elle ne semblait dérangée par les cris désordonnés des bestioles terrifiées, autant elle entendit très distinctement les paroles du «grand » qui se trouvait au comptoir. Ainsi interpellée, Alice pila net, laissant deux petites trainées noires de semelles sur le plancher et tourna son visage juvénile et enthousiaste en direction de Liam, ne prêtant pas attention à sa mère qui, dans une tentative désespérée pour ne pas rentrer de plein fouet dans son adorable petite fifille toute fragile, virevoltait en une acrobatie digne d'une gymnaste de haut niveau pour retomber sur les fesses, sous quelques applaudissement autant admiratifs que stupéfait de quelques clients impressionnés et compatissants envers la pauvre mère.

Laissant à son père le soin d'aider sa moitié à se relever en se frottant le bas du dos, Alice se précipita vers Liam pour attraper l'animal présenter et l'observer sous toutes les coutures tout en lui faisant un gros câlin, autant pour tester la docilité de la boule de poil que la douceur de ses poils en passant par sa résistance à une pression relativement importante. Autant la bestiole subit sans trop bouger le câlin, autant elle émit des miaulements inquiets lorsqu'elle retourna le minou dans tous les sens pour définir s'il portait jupe ou pantalon, métaphoriquement parlant. En vain, Alice n'étant pas franchement versée dans l'anatomie animale.

« Fais attention, Alice, tu va lui faire mal ! » lança son père en la rejoignant pour saisir avec douceur et méfiance l'animal ignorant qu'un violent traumatisme l'attendait dans un futur bien trop proche, posant sur sa fille un regard réprobateur contenant un semblant d'autorité.

« Voui, pardon, j'le f'rai plus ! » rétorqua d'une petite voix Alice en servant à son père un regard attendrissant au possible de ses grands yeux vairons, prenant une petite mine de gamine prise en faute. Sans surprise, le père craqua, ébouriffa gentiment les cheveux de sa fille, manquant renverser le chapeau pointu qu'elle s'était plantée sur le crane, puis procéda à l'analyse du chaton pour savoir s'il correspondait aux exigences de sa fille. Laquelle suivit l'opération avec intérêt et en trépignant d'impatience.

« C'est bien une femelle, Alice, » annonça bien vite Mr Moonster avec un sourire, aimant toujours voir la visage de sa fille exprimer une joie sans borne avant de lui rendre la chatonne avec précaution, scellant définitivement le triste destin de l'animal. « Tu en prendra soin, d'accord ? »

« Promis ! » piailla la fillette en récupérant la boule de poil tout en croisant les orteils dans ses bottines avant de s'intéresser à l'animal pour vérifier une dernière chose.

« Dis, tu sais parler, hein ? C'est important, faut que tu parles, alors faut pas être timide ! »

Tout en attendant la réponse de la petite chatte, Alice adressa un grand sourire à Liam.

« Merci, M'sieur, t'es un gentil, toi, comment tu t'appelles ? »

Un peu inquiet, Liam observa la fillette triturait le châton. Inconsciemment, il venait peut-être de jeter le pauvre animal dans les mains du maaaal ... Un léger sourire, moqueur à son propre égard, éclaira son visage doux. Mais non, il était stupide, tous les enfants étaient un peu brusques et elle apprendrait vite à prendre soin d'un autre vivant. Du moins, c'est ce qu'il croyait ...

Posant ses affaires à terre, le jeune homme ne trouva pas poli de s'immicer plus longtemps dans des affaires qui n'étaient pas les siennes. Glissant les paquets qu'on lui avait remis dans son sac à dos, il se rechargea et adressa un petit sourire poli à l'homme qui rendait le chat à sa fille. Puis il adressa un clin d'oeil à la gamine :

« Tu sais, les chats qui parlent sont très rares ... Et quand ils en sont capables, ils le font rarement devant des humains ! Mais peut-être que si tu t'en occupes bien ... Tu vas l'appeler comment ^^ ? »

Redressé, il flatta amicalement la tête du félin dépassant des petits bras qui l'enserrait.

« Liam ! Et toi mademoiselle ? Comment ça se fait que tu aies le droit à un si beau cadeau ^^ ? »

Bon, le chat ne parlait pas, c'était embêtant, mais d'après le gentil monsieur, ça arrivait quand même, il lui suffirait donc de lui donner des cours de parlage et l'affaire serait réglée. Quand à bien s'en occuper, c'était évidemment son intention ! Alice tenait toujours à bien faire les choses. Seulement, sa notion de "bien" avait étrangement tendance à différer de celle de la majorité des gens.

Pendant que son père s'occupait de la question financière, la petite Alice, sa chatonne dans ses bras, écoutait Liam se présenter.

"J'vais l'appeler Luna, évidemment ! Moi, c'est Alice ! Et j'suis une Sorcière ! Et c'est parce que j'ai été trèèèèèèèès gentille que j'ai droit !" affirma-t-elle avec conviction.

Sa mère lui sourit tendrement, approuvant visiblement sa version quand bien même elle savait pertinamment que les rares fois où sa fille était gentille au point de mériter un cadeau, c'était lorsqu'elle dormait ou était malade au point de ne même plus pouvoir bouger un orteil. La petite avait l'air tellement adorable avec son chapeau pointu, ses grands yeux vairon et son expression ravie pendant qu'elle calinait Luna qu'on oubliait volontier la petite tornade qui avait mit la boutique sens dessus dessous quelques minutes plus tôt.

Ayant enfin finit de se battre avec une monnaie qu'il ne connaissait pas, le père d'Alice adressa un sourire aimable à Liam, puis posa une main sur l'épaule d'Alice, lui disant qu'il leur restait encore pas mal de choses à acheter et qu'ils feraient mieux de ne pas trop tarder.

"Au r'vouar, m'sieur !" piailla Alice en agitant la main joyeusement à l'intention de Liam avant de suivre ses parents dehors, la petite chatonne lançant par dessus son épaule un dernier regard à la boutique, pas si sûre de gagner au change, finalement.

"C'est un joli prénom ça, Luna ^^. Ca lui va bien." Répondit le jeune homme après avoir passé la main dans ses courtes mèches brunes, observant le châton, ou plutôt la châtonne.

"Je suis sorcier aussi, poursuivit-il avec un clin d'oeil. Il la considéra un instant de plus. Non vraiment ... Cette excitation, l'air des parents dépassés ... Son esprit réfléchi de serdaigle en déduisait assez vite, malgré la petitesse de la gamine, que l'année suivante impliquerait un grand changement pour Alice. je crois qu'on se reverra à Poudlard alors ! Au revoir, et passe de bonnes vacances !"

Les laissant prendre un peu de distance le temps de rééquilibrer son sac, le jeune homme capta soudainement le regard du petit félin. Inquiétant, les animaux avaient souvent un sixième sens ._.. Le garçon espérait ne pas se sentir coupable, au fil de l'année suivante, de l'avoir jeté dans les bras de la gamine, adorable certes, mais a l'air bizarrement ... dangereusement innocente et choupie.

Rattrapant la porte de justesse alors que la petite famille était déjà loin dans la rue, il prit le sens opposé. Il ne fallait pas qu'il rate le magicobus. Il avait encore des révisions à faire avant les examens de fin d'année, et malgré ses excellentes notes, il se sentait un peu stressé. Peut-être qu'à trop fréquenter les 7ème années, il avait fini par se sentir dans le même état d'esprit qu'eux.

» Devant l'animalerie