Refuge !

Dans un coin de l'obscur magasin, faxé entre une armoire sans porte et une série de tableaux rangés verticalement comme des livres, juste sous un tapis qui penchait dangereusement vers sa tête, une ombre guettée sa jumelle qui venait de pénétrer le magasin. Ravi, Poivre observait ce nouveau client. Un fureteur. Il aimait bien les fureteurs. Il avait lui-même été longtemps un fureteur, au grand désespoir des commerçants qui devaient supporter ses regards inquisiteurs, ses mains baladeuses et ses questions. Un vrai supplice, surtout qu'il n'achetait pas à chaque occasion.

Se décidant enfin, il sortit de la grotte formée par ses marchandises, non sans difficulté. Enveloppée dans son Ombreuse, sa silhouette s'était faite aussi ratatinée que celle d'un vieillard dont les yeux ne peuvent plus fixer que les genoux, sa démarche aussi lente et clodiquante qu'il le fallait pour ajouter au réalisme. D'ailleurs, la canne dont il se servait semblait bien miteuse aussi. Au passage et d'un mouvement leste qui trahissait quelque peu son déguisement, il saisit un quolifichet parmis d'autre suspendu à la poignée d'un petit coffret disposé en hauteur. Poivre s'arrêta juste derrière son visiteur et le considéra un instant. Le bras qui avait jailli de sous la cape était retourné à sa place, et ne restait que la silhouette ratatinée dont l'éclat des yeux était difficile à saisir.

"Bienvenue dans mon antre messire ..."

La voix, au contraire du reste, était naturellement jeune, et le contraste était choquant. A vrai dire, Poivre n'avait pas encore bien décidé si, aujourd'hui, il était un vrai vieillard ou un pauvre garçon atteint d'une épouvantable maladie dont il n'était pas sûr du nom.

"J'ai trouvé ce qui vous cherchiez ..."

Sous la cape, un bref éclat blanc. Il lui arrivait d'avoir un sourire un peu inquiétant, mais il ne songeait pas que l'homme pouvait voir sous sa grosse pélerine. Une main fine et pâle jaillit, entre les doigts de laquelle se balançait une petite chaîne, chaîne à laquelle était accrochée un étrange pendentif sphérique, partagé au milieu par une portion dentelée.

"Ceci est une protection ... Je l'ai trouvé au fin fond de la forêt noire sur un pauvre hère qui n'avait plus longtemps à vivre. Le pauvre était un peu tête en l'air, ça lui a été fatal ..."

Levant le bras, il mit le bijou sous le nez du vampire, ravi de la petite histoire qui se formait dans sa tête.

"Voyez-vous, ce pendentif ne vous protège pas contre une menace mais contre deux !"

*Et oui, c'est la promo du jour, incroyable mesdames et monsieurs, deux menaces pour le prix d'une !*

"Tournez d'un cran à gauche la molette, et les loup-garous ne vous supporteront plus ! Tournez la à droite, et ce sont les suceurs de sang qui fuieront ! Le pauvre homme avait oublié cette règle élémentaire et avait tourné à gauche alors qu'un vampire fonçait sur lui ... Mais enfin, cela n'enlève rien à son efficacité ! De plus, vous observerez qu'il est tout de même plus esthétique et plus pratique de se promener avec ce petit bijou qu'avec un gousse d'aïl ou une lame en argent, hum ?"

Reprenant son souffle, le vendeur sourit de nouveau. Certes, la molette était toujours à gauche, mais ça ne prouvait pas qu'il ne l'avait jamais utilisé ! D'ailleurs, il était tout prêt à étourdir sa nouvelle victime de magnifiques histoires où il se serait tiré in extremis du danger grâce au pendentif ...

Les dents du jeune homme -ou plutôt du vieillard- brillèrent d'autant plus fort que sa satisfaction était grande. Il n'avait pas de scrupule. Peu était les objets du magasin qui ne possédaient pas de réels pouvoirs, et il considérait que la force de la parole habitait les autres d'une magie au moins égale. Sa camelote avait beau ne pas vraiment repoussé les vampires et autres grandes dents, il restait tout de même que quelqu'un sachant manier les mots pouvait s'en tirer avec la marchandise sans trop de casse. Pourvu que l'animal en face soit encore assez conscient pour éprouver un peu de peur ...

Le sourcil qu'il avait haussé en voyant son pig ... client s'écarter violemment s'abaissa bien vite. Les bizarreries des autres ne l'avaient jamais beaucoup perturbé. C'était plutôt la normalité qui le choquait généralement. Faisant volte face, il trottina vers le comptoir qui faisait l'angle de la pièce, s'aidant toujours de sa canne. Certes, il n'y avait bien que lui pour voir un comptoir là où le quidam ordinaire n'aurait vu qu'une unième table envahie par la marchandise, mais enfin ... Faisant un peu de place d'un geste impatient de la canne, il marmonna, suffisamment fort pour que le son arrive aux oreilles de l'autre, pas assez pour être bien compris ...

"50 gallions ..."

Avant de reprendre bien vite, d'une voix faussement chevrotante.

"Mais comme vous m'êtes très sympathique jeune homme, je ne vous le ferais pas pour 45, non non, ni même pour 40 gallions ... Mais seulement pour 35 ! Vous vous rendez compte ? Cette petite merveille pour à peine 35 gallions ?"

Proportionnellement au cri poussé, le jeune homme/vieillard resta plutôt stoïque. Il évita même de se gratter l'oreille de l'air blasé habituel qu'il utilisait, histoire de rester dans le personnage. Malgré ses talents de vendeur, ses lèvres s'étaient pincées au volte-face indigné de l'albinos, drapé dans sa fierté qu'il peinait à retrouver après avoir semblé si intéressé par une simple breloque inoffensive. Poivre avait toute confiance en ses compétences, mais l'autre était différent de ses clients habituels. Du moins, les raisons de l'intérêt en question lui semblaient différent.

Tranquillement cependant, il continuait à faire des piles plutôt instables sur sa table. Enfin, il réussit à libérer la boîte en fer blanc qui lui servait de caisse, et satisfait, il releva les yeux vers l'homme qui était revenu vers lui. Pour n'importe qui d'autre, il aurait peut-être tenté de relever le prix. Mais 1) l'étranger ne semblait pas avoir plus, et il valait mieux 30 gallions que rien, surtout pour ce machin et 2) on ne disait pas non à ce regard là, même quand on s'appelait Poivre. Ou Moutarde, c'était selon.

"Hum ... Vous n'évaluez pas votre vie à grand chose. Mais enfin, je m'en voudrais d'être l'artisan de votre mort ..."

Il avait trouvé son ton de croisière et le chevrotement était parfait. Avec solennité, il tendit une main -bien lisse pour une main de vieillard- et récupéra les pièces, laissant tomber dans celle de l'homme le pendentif. Ah ah, une bonne affaire de faite. Mais alors qu'il se détournait pour donner un coup de baguette à la boîte et y rangeait le précieux argent, Rocky 1, le rat qu'il considérait comme le chef de la famille de rongeurs qui s'étaient installés en même temps que lui, jaillit de derrière une pile de livre sur le comptoir, survola pendant un court instant ses doigts -emportant au passage plusieurs pièces- et détala entre les trésors étalés au sol.

"Hey !" S'écria-t-il d'une voix qui n'avait plus rien de sénile. S'il y avait bien une chose à laquelle il ne fallait pas toucher, c'était sa recette. Se jetant à la poursuite du voleur, il disparut aux yeux du vampire ébahi, plusieurs secondes pendant lesquelles des bruits de chutes et de jurons retentirent dans la boutique obscure. Enfin, le jeune homme resurgit de derrière une horloge sans aiguille, légèrement essoufflé et un peu ébouriffé, mais il ne se rendit compte qu'après quelques instants qu'il y avait laissé sa belle Ombreuse. Vêtu d'un pantalon noir et d'une tunique anthracite, il déployait à présent sa longue silhouette pâle et dégingandée.

"C'était Rocky 1. Lâcha-t-il en guise d'explication, comme si cela disait tout. Hum. Un instant ..."

Repartant dans les tréfonds de son bric-à-brac, il revint cette fois plus rapidement, la cape de nouveau sur ses épaules mais le large capuchon se contentant de tomber lui aussi dans son dos. Ce n'était plus drôle à présent et c'est en boudant un peu qu'il alla ouvrir la boîte d'un coup de baguette pour y déposer les précieux gallions.

Fichtrement moins à l’aise sans son épaisse capuche d’ombre, Poivre se trouvait dans le délicat instant où l’acteur se voit obliger de passer d’un rôle à l’autre, un moment de flottement mal défini. Il avait, comme on le disait plus communément, le cul entre deux chaises, avec la difficulté supplémentaire d’ignorer où était la seconde. Les soucis de l’improvisation … Mais foi de Moutarde, son impresario en entendrait parler !

L’argent était sauf et, tout cliquetant des babioles suspendus à ses poignets ou à son cou, le jeune homme se retourna dans un drapement de son Ombreuse digne des plus grands tragédiens. Son front s’était fait hautain et il aurait pu passer pour beaucoup plus pur et noble si seulement il n’était pas tombé sur ses deux rubis fixés sur lui qui le déstabilisèrent un instant.

*Ces jeunots, songea l’humble vieillard de 25 ans qu’il était, toujours à faire les marioles avec leurs artifices -_-. *

Non mais franchement, il se moquait de son âge vénérable avec ses "jolis minois" ?? Malheureusement, sa cape n'était plus là pour cacher ses joues pâles qui avaient une fâcheuse tendance à s'empourprer vite, et il les dissimula d'une façon extrêmement efficace, du moins de son point de vue, par une indignation dès plus réussie.

« Vous avez quelque chose contre la moutarde je vous prie -_- ? »

Aujourd’hui, c’était Moutarde. Il avait décidé que rien ne correspondait mieux à la situation, et tant qu’à parler de jeu de mot, il avait failli lancer qu’elle lui montait au nez, mais s’était retenu à cause des pupilles écarlates. C’était un phénomène relativement fascinant pour quelqu’un comme Poivre qui adorait tout ce qui sortait un tant soit peu de l’ordinaire. Se rapprochant, la tête légèrement penchée de côté, le jeune homme se retrouva bientôt le nez presque collé à celui de son visiteur :

"A combien vous me vendez vos yeux °_° ?"

Il était réellement persuadé de pouvoir en tirer un très bon prix, et la question de savoir s'il connaissait ou non l'étrange et séduisant personnage ne le passionnait pas vraiment. Ou disons que ses lubies actuelles ne le portaient pas vers cet intérêt. D'ailleurs, l'idée de ne pas pouvoir jouer avec son nom si l'autre l'avait déjà rencontré ne l'effleura même pas. Fronçant les sourcils, il se recula brusquement.

"Je sais ce que vous êtes °_° !"

Doigt accusateur tendu vers le vampire, il buta contre son comptoir et fut contraint de s'arrêter. La suite de son texte lui échappait un peu, mais 90% des gens ayant quelque chose à cacher, la réplique faisait généralement mouche.

La scène s'était figée et la boutique ressemblait de plus en plus à un théâtre. Un théâtre absurde doublé d'une farce grotesque, certes, mais un théâtre quand même. Les deux protagonistes s'étaient figés face à face, à quelques mètres l'un de l'autre, le doigt pointé en avant vers leur interlocuteur respectif.

Ce n'était pas tout à fait la réaction qu'avait attendu Poivre. Là pour le coup, il était à cours d'idées, et c'était assez rare pour mériter d'être mentionné.

"Heu ... Je ... Pas Poivre ! Moutarde !"

Tel un gamin capricieux, le vendeur tapa un peu du pied avec une moue butée. Mais quel sale type ce gars ! Il faisait exprès d'avoir des trucs cool qu'il ne voulait pas vendre, il connaissait le paternel ... et il savait même les petites fiertés personnelles ! A cet instant, le jeune homme n'envisageait plus qu'une seule solution : le droguer, et le vendre comme esclave très loin ! Deux bonnes raisons à ce plan : 1) il ne pourrait pas raconter partout ce qu'il savait, et il fallait toujours éliminer les témoins gênants ; 2) le vendeur posséderait, pour quelques temps en tout cas, tous ces trucs cool que l'homme ne voulait même pas lui donner ! D'abord, il fallait endormir la vigilance de son adversaire ...

"Et puis vous êtes qui d'abord vous ?"

Le ton était boudeur. Se détournant de Nexuosus, Poivre fit mine de ranger un instant le comptoir, tout en remontant dans ses souvenirs. Il prit une cloche qu'il posa en équilibre sur un livre. Voyons, les étés avec son père ... En forçant un peu, il réussit à glisser un paquet de bougies noires sous un antique tabouret lui-même en équilibre partiel. Des jambes, des tas de jambes dans lesquelles se cogner allègrement. Ce rouleau de parchemin allait-il finir par se plier convenablement oui ou merlin ?? Et y avait-il, quelque part au sommet de ses innombrables jambes, un élégant visage aux pupilles cernées d'un rouge cramoisi et couronné d'une crinière blanche ? Il faut dire que ses souvenirs étaient parfois un peu sélectifs ...

Semblant satisfait de son "rangement", le vendeur revint à son ex-client ... mais future propriété. Derrière lui, l'innommable bordel qui encombrait le comptoir semblait encore plus branlant qu'avant qu'il n'y touche. Un petit reniflement de dédain puis un large sourire s'épanouit sur son visage pâle. Il ne lui fallait pas plus de temps pour entrer dans un nouveau rôle, en l'occurrence, le parfait hôte et gentleman anglais. Sa canne récupérée, il s'y appuyait à présent de façon beaucoup plus élégante :

"Je ne peux pas vous laisser partir ... sans avoir porter un toast à nos retrouvailles. Vous avez un peu de temps à m'accorder ?"

Toute en délicatesse, le jeune homme eut un sourire plus retenu. Jugeant que Nex n'avait rien de mieux à faire -et que de toute façon, il n'avait pas le choix-, le vendeur pointa sa baguette vers la porte dont le panneau se détourna vivement pour indiquer que la boutique était fermée. Prenant les devants, Poivre fit signe à son invité de le suivre dans les dédales du bazar en direction de l'étroit escalier qui escaladait la maison pour s'entortiller jusqu'à sa mansarde. Au passage, le sorcier saisit un chapeau haut de forme juché sur une rouleau de cordage de bateau, et il laissa traîner son geste un dixième de seconde en plus pour ramasser au passage d'un geste vif et discret une fiole posée un peu plus loin, avant de coiffer le tout. Hinhin.

"L'escalier est un peu encombré, faites attention où vous mettez les pieds."

Comment ça, un euphémisme ? Après une montée qui s'apparentait plus à une séance d'alpinisme en pleine jungle qu'à un parcours de santé, les deux hommes finirent par déboucher dans la petite mansarde de Poivre au 2ème étage. Objets moldus et sorciers se mélangeaient dans un joyeux foutoir. La pièce n'était pas très grande et une minuscule alcôve qui lui était accolée semblait faire office de salle de bain ... et de plein d'autres choses.

"Installez-vous, je reviens."

A vrai dire, il y avait peu d'endroits où s'asseoir. La seule table de la pièce était une table basse à côté du futon envahi de tissus hétéroclites, mais il n'y avait ni chaise ni fauteuil. Quelques coussins jetés un peu partout dans le foutoir pourrait toujours convenir aux derrières sensibles. Contrairement à ce qu'il avait laissé entendre, Poivre n'était pas sorti, il avait seulement disparu derrière une armoire qui paraissait séparer une partie de la pièce de celle où il dormait. Bien vite, le jeune homme revint avec un plateau.

"J'ai du thé ou des milkshake ._.."

[Je me permet de reprendre le sujet ]

La première sortie à Pré-au-Lard de l’année. Sujet de conversation favori des étudiants depuis une semaine. Même les nouvelles directives discriminatoires de Finchley – qui pourtant avaient bouleversées la majeure partie du Château – étaient passées au second plan. Il faut dire qu’ils l’avaient tous attendu avec impatience cette sortie. Tombant cinq jours avant Halloween, elle permettrait de faire le plein de sucreries, cadeaux et farces et attrapes. C’était aussi un moyen d’échapper à Finchley pour la journée. C’est pourquoi, la plupart des élèves avaient décidés de profiter un maximum de cette sortie en s’éloignant au plus vite de Poudlard.

Lynn, qui pour l’occasion voulait être dans les premières debout, se retrouva avec Ailis à attendre ½ heure qu’une douche se libère. L’attente fut d’autant plus longue que malgré les vacances d’été et le recul prit par rapport à l’incident de l’année dernière l’Ensorceleuse ne prit pas la peine d’entamer la conversation avec sa camarade. Lynn en fit de même… Quand enfin elle quitta la Salle Commune, propre, fraiche et dispose, elle rencontra une nouvelle difficulté : ne pas finir dans la même calèche que Samuel.

Depuis la fameuse nuit, la Préfète évitait systématiquement Sam. Elle avait modifié toutes ses habitudes. Plus question de retarder le petit déjeuner au point d’arriver en retard en cours parce que Julien voulait dormir un maximum ; elle ne prenait plus le couloir reliant la salle Commune à la salle de Potion ; et dès les cours terminés, elle se cachait dans la Bibliothèque – section Divination – ou remontait directement dans son Dortoir. Bref, elle mettait tout en œuvre pour chasser le Couetté de sa tête. Sans grand résultat. C’est pourquoi la sortie à Pré-au-Lard lui avait semblé l’option la plus évidente pour se changer les idées.

Dans la première calèche dont elle poussa la porte elle découvrit Colyne et Shadow accompagnée de Mélusine qui, à chaque fois qu’elles se croisaient, lui jetait un regard noir. Heureusement – ou pas – pour elle, elle eut plus de chance dans la deuxième occupée par Jillian, Neil, Lou, Liberty et Gaëlys. Il ne restait plus qu’une place de libre et aucune couette blonde à l’horizon. Elle dut néanmoins supporter les m’amours du couple Lib/Gaël et le regard examinateur de ce dernier devant ses yeux creusés et sa mine plus pale que jamais. Il n’osa cependant rien dire de peur sans doute de s’attirer les foudres de sa copine jalouse et le regard glaciaire de Lynn l’encouragea dans cette perspective.

Ils arrivèrent à Pré-au-Lard sous une petite pluie. La Serpentard rabattit sa capuche sur ses cheveux et se hâta de quitter ses camarades. D’un pas déterminé elle prit la première ruelle à droite puis tourna à gauche au quatrième embranchement. La boutique de Monsieur Littleton, se situait en plein centre du village, s’y rendre était chose aisée. Mais quand l’Irlandaise déboucha sur la place, ses pas stoppèrent net. Arrivée au lieu-dit ce fut tout autre chose que la boutique d’apothicaire de ses souvenirs qu’elle trouva. Le commerce était fermé. Et en vue du tas de feuilles mortes acculées devant la porte et de la poussière sur la vitre, Monsieur Littleton devait avoir mis les clés sous la porte.

Une exclamation de joie lui fit brusquement tourner la tête. Elbereth, Mélusine, Julien – c’était lui qui criait comme une mouette – et Samuel s’approchaient du magasin de bonbons à deux portes d’elle. Un vent de panique s’empara de la Préfète. Il ne fallait pas qu’il la voit. En pleine débandade, elle entra dans le commerce le plus proche. Avant de franchir le seuil, elle eut juste le temps de lire l’enseigne qui se balançait doucement. Au vieux chaudron…

Un son de carillon fut son seul accueil et le silence la couvrit comme un manteau. Lynn fit courir ses yeux d’ambre sur les étagères, les présentoirs et le plafond. Il y avait là tellement d’objets ! Comment une personne pouvait-elle se retrouver dans tout ce bric-à-brac ? La Jeune Femme s’apprêtait à rebrousser chemin quand la lueur orangée d’une bougie apparue d’entre les monticules, découpant d’effrayantes ombres sur les murs.

« Excusez-moi, serait-il possible de parler au propriétaire ? Je ne veux pas vous dérangez, j’aurais juste besoin d’un renseignement sur un de vos ancien voisin. »

Puisqu'elle était là, autant demander ce qu'il était advenu de l'Apothicaire.