Description

Depuis que Poivre a récupéré l'enseigne « Au vieux chaudron », le magasin a bien changé. Lui qui, au départ, ne s'étendait que sur le rez-de-chaussé a à présent envahi le premier. L'intérieur est sombre et obscur, peu éclairé par la pourtant large vitrine donnant sur la rue, et le bazar s'étend loin en profondeur, tel un étrange labyrinthe.

Dans la dite vitrine, peu de choses en exposition. Une vieille boîte vermoulue ouverte, dans laquelle repose, sur un coussin de velours rouge fatigué, une collection de pipes d'écume d'étrange facture. Appuyé contre le mur du côté opposé à la porte, une roue en bois, toute aussi usée par le temps, contemple le visiteur. De temps à autre, elle émet un long bâillement, comme si la contemplation de la rue n'avait que peu d'intérêt pour un être aussi blasé.
Même en collant son nez au verre pourtant nettoyé à l'occasion de la reprise de la boutique, on n'aperçoit que peu de choses de l'intérieur quand il fait plein jour à l'extérieur. Il faut que la nuit soit tombée pour que les lampes et les bougies diverses s'allumant dans le magasin révèlent ses secrets.

Tables, étagères, magie, voire le sol même, tout est bon pour exposer. Les marchandises du bazar sont entreposées dans un joyeux foutoir composant un labyrinthe dont il est difficile de se dépêtrer pour le néophyte. Certains ont parfois erré jusqu'à une demi-heure avant de retrouver la sortie !Pas d'ordre précis apparemment, et les chaudrons côtoient les curiosités orientales dans un joyeux méli-mélo, quoique si vous demandez au vendeur, il affirmera que tout est rangé par ordre alphabétique. Allez savoir, personne n'a tenté de vérifier.

Ledit vendeur erre dans les profondeurs de son antre et vous pouvez le croiser à tout moment, d'autant plus si vous faites mine de vous intéresser à quelque chose. Lui qui apparemment n'était pas là la seconde d'avant se retrouve miraculeusement juste derrière vous.

Tout au fond de la longue pièce du rez-de-chaussée, presque caché sous les tapis et tissus divers aux couleurs chatoyantes, un petit escalier en colimaçon, encombré d'autres objets suspendus au mur ou posés sur les marches étroites, mène au premier étage ... Qui, dans sa disposition, est très semblable au rez-de-chaussé. Partout encore ici : des marchandises entassées les unes sur les autres, des recoins obscurs, des allées en cul de sac, des chemins qui mènent à d'autres chemins qui se recroisent à nouveau, se frayant entre les tas d'objets empilés. A devenir fou.

Enfin, il faut prévenir l'imprudent client qu'une rumeur court sur le magasin ... Il est paraît-il enchanté. Sans compter que n'importe quoi peut vous y arriver, car la devise est toujours la même : "ici, on vend tout !", le propriétaire aurait ensorcelé sa porte pour que chacun qui la franchisse trouve L'Objet auquel il ne pourra pas résister. Et généralement, quelque chose de parfaitement inutile. En plus du don naturel dudit propriétaire pour encenser sa marchandise, vous verrez donc rarement quelqu'un sortir du bazar les mains vides.