Il court, il court...

Si un étudiant traversant la croisée avait prêté un minimum d’attention aux deux filles qui se tenait sous les arcades, il aurait pu entendre, venant de la Rousse agenouillée, quelque chose ressemblant fortement à ceci :

« Mais non, non il va bien, ne t’inquiète pas… Arrête de pleurer maintenant… Aller, calme toi, on va le retrouver ton rat, il ne doit pas être bien loin, il est intelligent. Tu sais ça arrive souvent ça, c’est pas grave et… Mais, non, non, ne te remet pas à pleurer… Oui, c’est grave, tu as raison. Oui, je sais… D’accord…. Tiens essuie toi les yeux. Voilà, c’est déjà un peu mieux… Il s’appelle comment ?... Daisy ._. ... Non, rien, rien. Bon aller! Va regarder de ce côté et moi je cherche par là. »

La Rousse à l’étoile de préfet, se releva, frotta ses genoux et suivit du regard la première année. Les yeux encore tout bouffis de larmes, la petite brunette furetait près de l’entrée nord, cherchait derrière les pierres, entre les joints, et dans les massifs de fleurs. Sa voix perçante hurlait le nom de son animal – ce qui à défaut de l’amadouer allait avertir tout le château – et elle éparpillait de-ci de-là des miettes de gâteaux.

« J’en peux plus. » Grommela Lynn en se passant une main lasse sur les yeux

Si elle s’était attendue à ça… Elle était Préfète pas Baby-sitters ! Et forcément quand on avait besoin d’un auxiliaire – un quatrième année était parfais – il n’y en avait jamais. L’Irlandaise soupira et partit vers l’entrée sud, traînant des pieds dans la poussière.

« Où tu te cache sale rat. »

Il était encore tôt, mais Xavier venait de terminer ses cours. Comme il n'avait pas trop de travail, il préféra aller prendre l'air et trouver un endroit pour lire, plutôt que de s'enfermer à nouveau. Il travaillerait ce soir dans la salle commune, de toute façon comme ce n'était que la première semaine il n'était pas encore assommé de devoirs. Son sac de cour sur une épaule, il descendit les étages pour se retrouver dans la cour intérieur presque vide. Presque.
Une voix attira son attention.

Une jolie jeune fille rousse qu'il connaissait était en grande discution avec une petite, qui devait être en première ou deuxième année... Les mains dans les poches,à l'ombre des arcades, le jeune Serdaigle observa la scène de loin sans entendre tout ce qui se disait. Les long cheveux de Lynn flottaient légèrement dans son dos, elle se dirigeait vers l'entrée sud.
Xavier eut un instant d'hésitation,il jeta un regard à la petite fille brune à l'autre bout de la cour, puis il changea de direction et avança vers la jeune Irlandaise.
Arrivé à la hauteur de son dos,il entendit ses derniers mots, il se pencha sur son épaule à distance résonnable. Les yeux posés sur le creux de son coup, il retint un sourire.

"Tu cherches... un rat?"

Elle ne le voyait nulle part ce rat. De toutes les manières, il y avait peu de chance qu’elles le retrouvent ici. Il devait être caché dans un coin, bien décidé à mener sa petite vie de rat fraîchement libre. Seulement ça, elle ne pouvait décemment pas l’avouer à la gamine. Il lui faudrait maquiller la vérité, le temps que la première année se résigne et prenne toute seule la décision d’abandonner les recherches.

La Rousse sentit un souffle dans son cou – souffle qui n’était pas celui du vent – ainsi qu’une voix près de son oreille et son coeur bondit dans sa poitrine. Quel était l’imbécile qui… ? Très lentement, Lynn se retourna, ses yeux ambre lançant des couteaux, prête à traiter l’étudiant de tous les noms. Au lieu de ça, elle recula de quelques pas et fronça les sourcils.

« Xavier ! Ca t’arrive souvent d’arriver comme ça sans prévenir. Tu joue à Rogue ou quoi ? »

La première émotion passée et son cœur ayant retrouvé un rythme de battement normal, la jeune fille croisa les bras. Sourcils plissés, elle aurait pétrifié sur place le Serdaigle si seulement elle en avait eu le pouvoir. Hélas…

« Je cherche un rat oui. Gris, tout ce qu’il y a de plus commun. Il appartient à cette fillette, Roxane. Et au cas où tu ne l’aurais pas compris, son nom est Daisy. »

La première année leva le nez de dessous un banc et fixa les deux grands. La Préfète se sentant à peine observé, fit mine de fouiner derrière le mur.

« Tu fais quoi là ? Rien ? Tu m’aides ? » Demanda t-elle au blond, un sourire ironique au coin des lèvres.

Alors qu’elle perdait son temps à s’égratigner les mains dans le buisson épineux pour savoir si le rat ne s’y cachait pas, Xavier préféra la méthode simple. Bien qu’elle n’ait pas entendu le sortilège, la jeune fille le soupçonnait d’avoir utilisé la magie. Elle aurait pu elle-même lancer la formule Accio mais l’Irlandaise préférait n’utiliser la magie qu’en dernier recours, chose paradoxale dans un collège magique… Bref, la bonne nouvelle était que la première année s’était sauvée dès que l’animal avait été en sa possession. Sans aucun remerciement ._. Les gamins devenaient de moins en moins polis… ou alors elle devenait de moins en moins terrifiante. La question lui fit brièvement hausser les sourcils.

« Je vais t’appeler le joueur de flûte de Hameln, maintenant. »

Lynn leva la tête pour sonder du regard le Serdaigle. Il était revenu près d’elle et donnait l’impression d’attendre quelque chose. Des remerciements ? Pour ça il pouvait toujours courir ! Ils restèrent dans un silencieux face à face pendant plusieurs secondes avant que la Serpentard ne rompre le silence.

« T’es venu me demander une revanche aux échec ? Mécontent d’avoir perdu ? »

"Qu'est-ce que c'est encore que cette connerie?"

Bougon, son sac en bandoulière sur son épaule gauche et tenant sans ses mains le premier devoir de l'année qu'on lui avait rendu dans la dernière heure de la journée, Samuel longeait le couloir qui venait de la salle de métamorphose et qui menait aux salle d'études en traversant la cour intérieure. Ses yeux verts parcouraient les quelques lignes tracées de la main rageuse de Baker.

Citation :

D Vous commencez bien l'année avec une nouvelle preuve de votre médiocrité. J'ai honte pour ce pauvre parchemin qui se retrouve couvert d'imbécilités plus énormes les unes que les autres.Cela vaut à peine un D, un D comme Déprimant.

Sam avait bien consicence d'avoir beaucoup de difficultés en pratique de la métamorphose, mais il comptait bien sur l'écrit pour remonter sa moyenne à une note acceptable. Pour cela, il avait vraiment bien préparé ce contrôle. il connaissait tout sur le bout des doigts. Cette note était incompréhensible et là il avait besoin d'un autre avis. l'avis de quelqu'un qui s'y connaissait. En d'autres temps, il serait allé demander une entrevue à monsieur Kay, mais là... Le couetté doutait de se faire réellement entendre par le nouveau directeur qui sembalit porter les serpentards dans son coeur comme lui portait Baker. Il fallait qu'il voit quelqu'un d'autre, il avait bien une petite idée mais se demandait si elle était bonne.

Tout en réfléchissant à ça, le nez dans sa feuille et l'esprit quelque part très loin, il s'était engagé sous les arcades et ne vit pas venir deux gamins de première année qui fonçaient à sa rencontre en se courant apres. Ils le bousculèrent violemment et il se retrouva projeté sur le muret qui bordait le coté externe du couloir couvert. Avec un cri, Sam bascula de l'autre côté et se retrouva cul par dessus tête dans l'herbe, sa couette en vrac et le contenu de son sac repandu autour de et sous lui.

"BANDE DE P'TITS CONS! VOUS ALLEZ L'REGRETTER SI J VOUS R'TROUVE! ! saleté de gryffons à la con... "

Tout en ronchonnant, Samuel s'était relevé et avait remis ses affaires dans son sac. Il secoua son stupide devoir pour le debarrasser des brins d'herbe qui le maculaient et s'aperçut de la présence de deux personnes que l'incident avait fait se tourner vers lui. Il reconnut avec joie sa rousse serpy mais son regard s'assombrit quand il vit avec qui elle était installée.
Van Lawtten.
Van Lawtten le si parfait et intelligent serdaigle...
Van Lawtten qui savait toujours tout mieux que tout le monde...
Van Lawtten le dieu des echecs...
Van Lawtten qui faisait son numéro de beau ténébreux au regard intense...
Qu'est ce qu'il foutait avec Lynn?
Samuel s'avança vers eux tout en enlevant le ruban qui ne retenait deja presque plus ses cheveux.

"Tiens un serdaigle qu'est pas en études, trop intelligent pour ça Van Lawtten? Salut ma Lynn, j t ai pas vue aujourd'hui, ça va?"

Doucement, il lui deposa un leger baiser sur la joue, remettant ainsi les choses à leur place. Ce Xavier n'allait pas non plus croire qu'il était proche de Lynn parce qu'elle avait accepté une stupide partie avec lui. Restant pres de la jeune fille, il s'adressa de nouveau à Xavier.

"T'as pas vu Elian par hasard?"

Elle savait que Xavier avait toujours son jeu d’échec à porté de main mais tout de même, Lynn paru surprise que le Serdaigle accepte aussi rapidement une partie sans essayer de débattre de la chose. Etais-ce juste pour ça qu’il était venu lui parler ? Quoiqu’il en soit, la situation venait de lui échapper au profit du Jeune Homme. Retenant un soupir préoccupé, la Rousse alla s’assoit face à son adversaire, le soleil dans le dos.

Dès le début de la partie, elle réussit à dominer le terrain. Un peu trop facilement à son goût. Xavier donnait l’impression d’être ailleurs, quelque chose devait le déconcentrer. Mais elle n’allait pas s’en plaindre. Si elle arrivait à le battre une deuxième fois, son cœur s’en gonflerait d’orgueil. Quittant l’échiquier du regard, Lynn posa ses yeux ambre sur son rival. C’était à lui de jouer et il paraissait en difficulté. Discrètement, un sourire se dessina sur les lèvres de l’Irlandaise. Mais, elle s’était réjouie trop vite, d’un coup Van Lawtten venait de retourner le jeu à son avantage en détruisant son fou.

Toute à sa réflexion, la Rousse de Serpentard, cherchait du regard la meilleure manière de jouer. Elle devait éviter le fou noir et continuer de protéger son roi avec son cavalier qui, commençant à s’impatienter, piétinait la case de ses quatre sabots. Valait-il mieux le sacrifier et conserver son deuxième fou ou au contraire, perdre son fou, prendre le cavalier de Xavier mais laisser une ouverture ? … Lynn se mordit distraitement la lèvre et pianota des doigts sur la pierre. Merlin, elle ne devait pas perdre, il fallait qu’elle trouve la solution !

Toutefois un juron brisa sa concentration.

Reconnaissant la voix bien distincte de son Couetté, Lynn pivota vers lui. S’il s’était s’agit d’une autre personne, elle n’aurait même pas levé le sourcil, mais avec Samuel c’était différent. Lorsqu’il les rejoignit et déposa une bise sur sa joue, gardant une main possessive sur son épaule, la Préfète considéra son ami avec tendresse.

« Tu t’es pas fait mal toi ? … Moi ça va, même si être Préfète est beaucoup moins reposant que je ne l’imaginais. Shanaël devait avoir un secret…»

Mais l’étincelle d’affection qui luisait dans ses yeux s’évanouit au moment même où Samuel prononça le nom d’Elian.

« Pourquoi tu cherche Parker ? » Demanda t-elle en jouant son cavalier.

Sam répondit au tendre sourire de Lynn par un des siens. Il avait toujours eu pour la jolie rousse une tendresse toute particulière qu'il n'avait pour personne d'autre, même Mélusine avec qui pourtant il avait traversé toutes sortes de choses. Avec Lynn c'était différent. C'était plus doux, plus solide, plus profond...

Lorsqu'il ramena ses yeux sur Van Lawtten, ce fut pour constater que celui-ci avait détourné le regard, comme si la scène qu'il avait devant lui ne lui plaisait pas. Sam en ressentit une satisfaction bien personnelle. Il fut presque déçu de le voir rester là et même le regarder à nouveau quand il répondit à sa question.

"Dans le hall? Il sortait? Mais pour aller où? "

Qu'est-ce que c'était que cette embrouille? Pourquoi Elian serait-il sortit en plein après-midi alors que Baker ne devait lui laisser que peu de répit? Est-ce que par hasard... Oui c'était surement ça ! Van Lawtten était en train de lui monter un bateau proche du Titanic pour l'éloigner de la cour intérieure ! Il le prenait vraiment pour un imbécile mais le serpentard était rusé et ne tomberait sûrement pas dans un piège aussi gros.

Négligemment, Sam posa son sac près de Lynn et s'assit en tailleur à coté de l'échiquier entre elle et son galant. Ca pour sûr, il n'allait pas s'en aller ! Il reprit avec un ton détaché.

"Bah après tout il doit bien avoir quelque chose à faire à l'extérieur si tu l'as vu... Je le verrai plus tard..."

Remettant une mèche derrière son oreille, il se tourna vers Lynn pour répondre à sa question lorsqu'il constata la froideur de son regard. Toute la tendresse qui y était une minute avant semblait avoir fichu le camp, comme balayée par une tornade.

"Je voulais juste avoir son avis sur le devoir que m'a rendu Baker et qui, je pense, est sous noté. Tiens regarde ! "

il lui ficha le parchemin froissé et taché d'herbe sous le nez avant d'ajouter.

"Quoi? Qu'est ce qu'il y a? Tu voulais que je te laisse seule avec lui ? ¬¬ "

La Rousse attrapa le parchemin que Samuel agitait devant son visage – et qui la faisait loucher – ne posant qu’un bref coup d’œil sur l’annotation de Baker. Elle relu rapidement les réponses de son ami mais plus elle avançait dans son décryptage, plus les phrases se mélangeait devant ses yeux. Sentant le mal de tête imminent, elle rendit la copie à son propriétaire.

« Ecoutes… j’y comprend rien du tout. Je n’ai pas le niveau suffisant en Métamorphose. Mais je te crois sur parole, Baker est vraiment un sale type. Il n’aime personne de toute façon et encore moins les élèves qui ne se soumettent pas à son injonction. »

Il fallait être aveugle pour ne pas voir que Lynn ne portait pas le Professeur dans son cœur. Et réciproquement surtout depuis que l’Irlandaise avait claqué la porte de son cours l’année précédente. Depuis, il faisait preuve d’un esprit pervers pour la mettre en difficulté chaque fois que l’occasion se présentait.

Xavier semblait avoir abandonné l’idée de clôturer la partie d’échec. S’il déclarait forfait, elle aurait une fois de plus gagné. Croisant les bras – imitant Van Lawten sans s’en rendre compte – la Préfète posa son dos contre la colonne de pierre. Elle sentit son visage se rehausser de couleur sous l’allusion de Samuel. Elle ouvrit la bouche pour riposter avec fougue mais la referma aussitôt. Elle ne pouvait pas répondre n’importe quoi sans risquer de froisser le Serdaigle. Ses yeux ambre frappèrent le blond Serpent.

« Si tu as un quelconque problème avec Xavier, je te serais gré de me laisser hors de ça. Au passage, Lui, comme tu dis si bien, est plus disponible que certaines personnes de ma propre maison. Mais je ne vise personne. »

Lynn n’avait pas pour habitude de régler ses comptes devant témoin mais cette fois-ci le Septième année ne lui avait pas tellement laissé le choix. Et puis, de toute les manières, exceptionnelles étaient les occasions où ils pouvaient se retrouver en tête à tête.

Lynn avait pris son devoir et le parcourait des yeux. Les siens se posèrent sur l'insigne étoilé qui brillait sur la veste d'uniforme de la rousse. Il avait été étonné de la décision des directeurs car les préfets étaient d'habitude des gens plus en vue que sa rousse préférée, mais il fallait dire qu'elle occupait très bien son poste et Samuel était fier de son amie. Cela donnait à réfléchir aux mauvaises langues qui sifflaient sur le dos de la serpentard.

Elle lui rendit bientôt son devoir, d'un air d'ennui prononcé. Sam le récupéra, se sentant soudain très mal. Il n'avait pas l'habitude qu'elle le rabroue comme ça. Certes son discours laissait plutôt comprendre que c'était Baker qui l'agaçait, mais la façon dont elle lui avait rendu sa feuille lui mettait le doute. Ne sachant que faire de son parchemin, il le replia et le fourra dans sa poche.

Van Lawtten continuait à se taire. Le prix de l'amabilité et des efforts de courtoisie avait du sacrément augmenter pour qu'il en soit avare à ce point. Puisqu'il l'ignorait royalement, le couetté décida d'en faire autant à son égard et il allait ouvrir la bouche pour demander des nouvelles du remplacement directorial quand Lynn reprit la parole, lui coupant et son élan et le souffle. Les yeux d'émeraude s'agrandirent tandis qu'il la regardait, hésitant à en croire ses oreilles. Le regard d'ambre était frappant mais les mots l'etaient bien plus.

"Hein?... Qu'est-ce que tu veux dire ?.. Attends Lynn, une seconde. c'est moi que tu sous-entends être peu disponible? Moi? Je te signale ma belle que j'ai à peine réussi à te croiser depuis la rentrée! C'est à croire que tu m'évites! J'vais te dire une bonne chose!" Pour le dire apparemment, il avait eu besoin de se lever et dominait maintenant la situation, du moins verticalement. "On s'est pas parlé depuis la rentrée ! Jamais t'es venue voir comment j'allais, où j'en étais par rapport à... tu sais de quoi je parle..." - pas question de parler de ses problèmes de potions devant l'Autre- "T'en a plus rien à foutre de moi! Tu veux que je te dises? Depuis que tu portes cette putain d'étoile, j'existe plus! Ca pour jouer à des conneries avec le premier pauvre con venu, t'as le temps! Mais pour t'inquiéter de ce que je deviens c'est autre chose! C'est bon j'ai compris, j te ferai plus chier!"

Et en effet, Samuel quitta la cour intérieure avec une envie de hurler, de frapper, de casser quoi que ce soit. Meme Baker s'en serait pris plein la tête si il l'avait croisé à ce moment là. Heureusement, il ne croisa personne jusqu'à Serpentard.

[Serp - dortoir des gars]

La Rousse n’avait pas ouvert la bouche pour se défendre, la violence des mots de Samuel ne lui en avait pas laissé le temps. Coup après coup, phrases après phrases, elle sentait sa forteresse de pierre se détruire. Ses épaules s’affaissèrent et un nuage de brume recouvrit ses yeux dorés. Jamais personne ne lui avait crié dessus de cette façon. Il avait fallu que le premier imbécile à oser lui faire ouvertement des reproches soit celui qu’elle portait le plus dans son cœur.

Le Couetté quitta la cour intérieure sans se retourner, laissant la Préfète seule face à Xavier et elle eu l’impression qu’il venait de la rayer de sa vie.

« MERDE ! »

Sans prévenir, Lynn donna un violent coup de poing sur l’échiquier. Les pièces du jeu sursautèrent et attaquèrent la main offensive. Celles de l’extrême bord tombèrent par terre. La Serpentard ferma les yeux. Une douleur sourde remonta du bout de ses doigts jusqu’à son coude mais lorsque les mots s’étranglèrent dans sa gorge ce fut à cause d’un autre mal.

« Il m’énerve… »

Il n’y avait plus un bruit. Pas un seul. Comme si la cour intérieure venait d’être figée dans une espèce de dôme insonorisé. Et Lynn aurait donné n’importe quoi pour réentendre la première année se plaindre. Le silence la faisait se remettre en question, sans aucune échappatoire. Une fois de plus, Samuel venait de mettre ses nerfs à rude épreuve, ravivant une agressivité qu’elle pensait avoir maitrisée.

Depuis qu’elle portait son étoile de Préfète, on la sollicitait de tous les côtés. Les Directeurs attendaient d’elle un comportement irréprochable et une Maison disciplinée, les Professeurs se tenaient prêt à gronder si jamais une mauvaise note s’inscrivait sur son bulletin et quelques camarades de Serpentard guettaient le moindre de ses faux pas pour prendre le dessus. Sans parler des railleries des autres maisons…

Mais elle était une Hodges ! Fière Irlandaise au caractère bien trempé et à la langue affilée. On ne lui parlait pas n’importe comment à Elle ! Il fallait qu’elle se réveille, depuis trop longtemps déjà les gens faisaient preuve de beaucoup trop d’effronteries à son égard.

Elle se releva avec délicatesse, le visage fermé mais une lueur hautaine dans le regard. Ses yeux accrochèrent ceux du taciturne Xavier. Tourné vers elle, le Serdaigle n’avait pas manifesté la plus petite réaction. L’intensité du regard mordoré lui fit froncer les sourcils.

« Rendez-vous la semaine prochaine. Même heure, même endroit. Et si ton jeu est abimé, fait le moi savoir par hibou, je t’en rachèterais un identique. »

La Serpentard, inclina gracieusement la tête en guise d’au revoir et s’en alla vers les Cachots.


{Serpentard – Dortoir des Garçons - Les Points sur les I}

La Rousse fronça les sourcils et ne répondit pas à sa question silencieuse, au lieux de quoi, elle lui lança un autre défit. Xavier ne cilla pas. Après tout pourquoi pas, si son travail le lui permettait. Il avait enfin trouvé une joueuse douée.
La Serpentarde inclina la tête pour le saluer et le quitta sans autres cérémonie.

"Bonne soirée."

Le jeune homme observa l'Irlandaise s'éloigner. Il ramassa ses affaires et se dirigea vers la tour de Serdaigle. Il lui fallait finir son devoir de Botanique après le repas, il pensait aussi pouvoir terminer le livre que Vanyel lui avait prêté. Les couloirs étaient bondés, les élèves se bousculaient dans les deux sens, se dirigeant vers leurs maisons ou la grande salle pour le diner.