Les Prefets sont attendus...

"JE LE SAVAIS !"

La réaction de Liberty avait été immédiate. D'un bond, elle s'était levée et avait tourné le dos à la directrice pour pointer un index accusateur sur ses camarades Préfets qui l'avaient prise pour une folle. Mais elle avait eu raison ! Partagée entre une jouissive satisfaction et un profond sentiment d'injustice, elle s'enflamma, parlant bien plus fort qu'il n'était nécessaire.

"Alors, c'est toujours pas un complot ? Pourquoi les journaux n'en ont pas parlé ? J'ai lu toutes les parutions de la Gazette cet été, et pas une ligne sur le sujet ! Alors ! Pourquoi ?"

Pendant un instant, elle eut l'air d'une institutrice particulièrement sévère réprimandant ses élèves pour n'avoir pas fait leurs devoirs.
Pour les autres, cette annonce était peut-être une surprise. Pour Liberty, c'était simplement la confirmation de ce qu'elle avait soupçonné depuis qu'elle avait lu sans autorisation la convocation de William Kay à se présenter au bureau de Finchley. C'était la déclaration de la guerre à laquelle elle s'était psychologiquement préparée pendant les deux mois qui venaient de s'écouler.
Elle se retourna vers la directrice. Pourquoi était-elle toujours là, elle, alors que William Kay n'était pas plus responsable qu'elle des évènements regrettables qui s'étaient déroulés à Poudlard contre leur gré ?

"Et c'est qui l'usurpateur ?" demanda-t-elle d'un ton abrupt.

Oliver se contenta de sourire à la réaction de Liberty, décidément cette préfète était intenable et bien loin du Serdaigle stéréotypé mais elle avait effectivement vu juste : William avait bel et bien des problèmes.
L’annonce en elle-même ne fit ni chaud ni froid au préfet noir et argent, il n’avait après tout aucune tendresse particulière envers le directeur et la seule chose à laquelle il pensa alors fut au nouveau directeur : avait-il lui-même orchestré tout ceci ou avait-il juste profité de la situation? En somme, avait-il quelque chose à apprendre de sa part en termes de manipulation ou avait-il juste affaire à un opportuniste?

"Que les journaux n’aient rien laissé filtrer laisse seulement la place à deux explications : soit c’est une décision ministériel qui a pour but d’éviter tout mouvement de panique, voire contestataire…", il jeta un regard à la seule préfète debout, "soit c’est une décision de dernière minute, auquel cas j’ose espérer que nous n’avons pas le droit à n’importe quel pécore arriviste…"

La moue du préfet ne laissa aucun doute quant à son opinion personnelle sur la 2ème hypothèse, après tout quitte à changer de directeur autant que ce soit de *noble* manière.
Loin de s’inquiéter sur le sort de Willou, le grand brun haussa les épaules et s’adressa à la directrice d’un air narquois.

"J’imagine que vous n’avez pas convoqué tous les préfets de Poudlard pour organiser une insurrection ou une garden-party…"

Elle avait finalement eu raison la petite Serdaigle et n’avait pas attendu une seconde pour le faire savoir de vive voix. Lynn s’attendait à la voir repartir dans ses spéculations abracadabrantes mais la Préfète des Aigles fut assez sage pour y renoncer.

L’atmosphère du bureau devenait de plus en plus oppressante, chaque élève bouillonnait, à la fois impatient et inquiet de découvrir le remplaçant. S’imposer n’allait pas être une partie de plaisir pour le nouveau directeur. Nombreux étaient les élèves respectant et aimant monsieur Kay. Si l’on omettait son côté extravagant, c’était un très bon Directeur, Lynn n’avait pas honte de l’affirmer. L’Usurpateur, comme l’appelait Liberty – et ça allait probablement devenir son surnom – devrait user de tous ses charmes et faire preuve d’une grande finesse.

Dans tout ça, une question taraudait la Serpentard, une question qu’elle redoutait à poser parce qu’elle pouvait rajouter de l’huile sur le feu. Mais il fallait qu’elle sache. Attachant son regard à celui de la Directrice, Lynn s'exprima d'une voix feignant l'indifférence.

« C’est une mise à pied provisoire ou est-ce c’est… définitif ? »

Dès les premiers mots de la directrice, Gaëlys avait sentit une sorte de noeud dans son estomac. Comme ils l'avaient tous pressenti, cette réunion n'avait rien à voir avec la courtoisie de début d'année ou l'organisation du groupe des préfets. C'était bien en rapport avec le directeur.

*J'espère quand même qu'il n'a pas..*

Et bien si! Les paroles de mademoiselle Ombrelune tombèrent comme la lame d'une guillotine. Ils avaient vu les indices, mais n'avaient pas réussi à admettre l'évidence.

Renvoyé.
William Kay avait été "demis de ses fonctions". C'était une jolie façon de dire qu'il avait été viré. Dès l'annonce qu'un nouveau directeur avait été nommé, Gaëlys avait froncé les sourcils et secoué la tete avec une moue ennuyée. C'était un mauvais coup pour tout le monde. Le gardien sursauta au cri de Liberty et se retrouva avec un doigt accusateur pointé vers lui, vers eux tous. Mais déjà la préfète des aigles avait fait volte face.

"Usurpateur". Le mot était peut etre un peu fort. Pourtant, il lui sembla tout à fait approprié lorsque la directrice leur donna le nom de celui qui avait pris la place de Kay. Ce n'était pas n'importe quel pécore, mais c'était bien un arriviste. Les journaux n'avaient parlé que de ses accusations sur le directeur - l'ex-directeur - de Poudlard, à la fin de l'année scolaire précedente. Il avait réussi son coup.

Le noeud d'angoisse s'était changé en boule de colère dans l'estomac de Gaëlys.

"On va faire de notre mieux mademoiselle, mais je crains que cela ne suffise pas. Monsieur Kay était vraiment apprécié de tous - coup d'oeil à Oliver - ou presque. "

Déjà, il était debout et regardait les autres. C'est alors qu'il comprit une chose qui en éclaira beaucoup d'autres. Les préfets avaient été choisis durant l'été. Et le choix, aussi étonnant soit-il, n'etait en rien irréflechi. Zachary Cornwell, Liberty Green, Oliver De Burgess et lui, Gaëlys Keryann, les figures les plus populaires de chaque maison. Ceux que l'on suivrait facilement. Et d'un autre coté : Sylvaen Danselune, Elisabeth Weason, Lynn Hodges et Hiyo Sakumaru, des élèves d'une intelligence hors norme et d'un caractere calme et posé pour contrebalancer la fougue des autres. Tout devenait clair pour le Poufsouffle : la raison pour laquelle il avait été nommé préfet, ainsi que les plans que William Kay avait commencé de poser dès qu'il s'était senti menacé.

Un sourire se dessina sur les lèvres du blond.

"On aura le temps plus tard pour les explications et les questions mais là il faut redescendre vite. Pour ta question Lynn je crois que je suis de l'avis de mademoiselle Ombrelune. Allez."

[Grande salle]

Comment s'appelait-elle déjà ? Laura ? Lola ? Non, plutôt Lola. Elle avait une robe rouge. Ou peut-être mauve. Non, rouge. Entre les pans légers de laquelle on pouvait apercevoir, par intermittence, d'interminables jambes dorées par le soleil. Comme s'il y avait eu du soleil à Manchester ... C'était mal de tricher ... Il le disait toujours à ses nouveaux joueurs. Il en aurait certainement cette année. Peut-être que Benjamin voudrait jouer, mais en première année, ce n'était pas une bonne idée. Lui, on ne l'avait pas laissé avant la deuxième ... Il se demandait dans quelle maison allait être réparti son petit frère ... Et de toute façon, il fallait déjà qu'il découvre le plaisir du vol ... Les oiseaux volaient ... Pas comme les babouins.

A des millions d'années lumière du drame qui se jouait dans le bureau, et ce malgré les cris de Liberty qui ne l'avaient pas ramené à la réalité, Zachary restait immobile sur sa chaise, le regard perdu dans le vide. Un bref instant seulement, il s'était tourné lentement vers la fenêtre à côté de laquelle il était posé, jetant un bref regard aux sardines qui volaient dehors, sous les étoiles de la nuit complètement tombée à présent. Cela ne l'étonna même pas. Ce soir, rien ne pouvait l'étonner.

La jolie blondinette agitait ses bras et brassait beaucoup d'air, mais il n'écoutait pas ce qu'elle disait. D'ailleurs, il était censé la bouder. Rien n'aurait pu être plus révélateur de son état que le regard noir qu'il lui avait lancé dans le hall. Comme si, en temps normal, Zachary Cornwell aurait pu tenir rigueur de quoique ce soit à une jolie fille. Mais ce soir, il avait envoyé bouler tout le monde et avait suivi le groupe malgré les recommandations de certains. Il n'irait pas à l'infirmerie, qu'on se le dise. En plus, il n'avait pas vomi.

Lentement, son esprit se reconnectait à la réalité, et les discussions vives autour de lui l'informèrent de ce qui se tramait. Avec un long soupir, le jeune homme se passa une main sur la figure. Son mal de crâne et ses nausées n'allaient pas en s'arrangeant. Sa voisine restait calme et il se tourna vers elle. Si l'information avait traversé la mélasse qui lui servait de cerveau depuis le début d'après-midi, il n'en ressentait pour le moment aucune émotion.

"Je vais vomir." L'informa-t-il aimablement en s'aidant du dossier de sa chaise pour se relever, quittant la pièce avec toute la dignité qu'il pouvait à la suite de Gaelys, ne tanguant presque pas.

[Pas encore sûr qu'il atteigne la grande salle.]

A la réflexion c'était logique. Logique et cousu de fil blanc. Quoi qu'il se soit passé, tout le monde savait que William Kay n'avait a coeur que les affaires de l'école.

La brune pinça les lèvres. Pendant que Liberty se lançait dans une tirade parlant de complot et s'insurgeant sur le fait que les journeaux n'en avaient pas dit un mot de tout l'été - ce qui était la pure vérité, Sylvaen les ayant tout aussi bien lu que sa camarade - la Préfète des Lions fit rapidement le tour de la question, tournant et retournant les informations dans sa tête tout en écoutant ce qui se disait d'une oreille. Elle en arriva globalement à la même conclusion que Gaëlis. William n'avait rien fait au hasard, en pensant déjà à la répartition des Préfets pour cette nouvelle années. Et ce n'était sans doute pas la seule chose qu'il avait prévu, restait à voir comment les choses allaient avancer.

Pour le moment le plus important était effectivement de retourner dans la Grande Salle, avant que le banquet ne commence. Nul doute d'ailleurs que les langues devaient déjà aller bon train quant au retard qui avait été prit, et à l'absence des Directeurs.

La rouge et or se leva à son tour, prête a emboiter le pas au Poufsouffle... lorsque Zach annonça le plus paisiblement du monde qu'il allait vomir, juste avant de quitter le bureau. Levant les yeux au ciel Sylvaen se hata de le suivre apres un rapide :

"Comptez sur nous Mlle Ombrelune, nous ferons de notre mieux"

Il ne manquerait plus que le nouveau Prefet soit malade en pleine cérémonie de répartition... Les autres Prefets lui emboitèrent le pas.

[Grande Salle a moins que Zach meurt en route lol]